La nuit (libre)

Naïssa avait passé une excellente journée malgré le froid et était allée se coucher tôt. Cependant, elle s'était réveillée en plein milieu de la nuit et, n'arrivant pas à se rendormir, elle avait ressenti le besoin de sortir. Elle avait donc mis des vêtements chauds, avait enfilé son manteau et attrapé son écharpe avant de quitter son dortoir le plus discrètement possible.

Elle avait erré quelques temps dans les couloirs, ne sachant pas vraiment où aller. Elle dut éviter Rusard à plusieurs reprises mais il ne semblait pas l'avoir vue ou entendue. Ses pas finirent par la mener sur les toits. Elle s'assit après avoir retiré un peu de neige pour ne pas être trempée et observa les alentours. Il avait beaucoup neigé mais ça s'était calmé depuis et le vent était retombé. Bien habillée comme elle l'était, elle n'avait pas froid du tout et pouvait profiter du calme de la nuit, calme accentué par la neige qui absorbait tous les bruits.

Elle jeta un rapide coup d'œil autour d'elle et ne vit personne. Elle n'avait d'ailleurs croisé aucun élève dans les couloirs. Rassurée, elle relâcha la pression qu'elle exerçait en permanence sur son pouvoir et sentit un flot d'émotions la submerger. Joie, peine, douleur, colère se mêlaient et elle n'arrivait plus à savoir lesquelles étaient à elle et lesquelles appartenaient aux autres.

Après un instant, des larmes aux yeux, elle arriva à contrôler un peu ce flot et s'intéressa à chacune de ces émotions de façon plus précise.
Totalement concentrée pour ne pas laisser son pouvoir lui échapper, elle ne remarqua pas que quelqu'un était arrivé.

Le Serpentard rabattit la capuche de sa longue cape d'une noir d'encre sur son visage. Il marchait d'un pas rapide mais silencieux dans les couloirs froids du château, se fondant dans l'obscurité. Rusard n'avait jamais réussi à le surprendre, et ce n'était pas près d'arriver. Aaron atteint enfin sa destination ; les toits. Là, il pouvait trouver du calme et de la solitude lorsqu'il en avait besoin. Même son dortoir, la nuit, voyait son silence troublé par les bruits de respiration de ses camarades Verts et Argent.

Le jeune homme émergea dans l'air glacial de la nuit. Le froid était vif, saisissant, mais pas suffisamment pour l'atteindre. Un manteau de neige enveloppait l'immensité du domaine, ainsi que les toits et tourelles de Poudlard. Le paysage en était transformé. Mais le poète qu'était Aaron avait un autre souci en tête. En effet, une silhouette se découpait dans la pénombre. La réaction du Serpentard ne se fit pas attendre ; il sortit sa baguette et la pointa sur son adversaire, sans un bruit. Furtif, il s'en approcha, et lança un Lumos qui vint briser les ténèbres.

Il reconnut le visage de Naïssa, et fut surpris de trouver ses yeux verts embués de larmes. Cependant, il la connaissait trop peu pour connaître l'existence de son don. Le jeune homme baissa légèrement sa baguette, éclairant la figure de la Poufsouffle tout en gardant son propre visage dans l'ombre, avant de dire.

"Bonsoir. Tu n'as pas froid ?"

La Poufsouffle ne pouvait voir son visage, toujours dissimulé par sa capuche, mais reconnaîtrait peut-être le son de sa voix. Il crut revoir Melody un bref instant, d'où sa question, incongrue en la circonstance. Pour une fois, il eut suffisamment de tact pour ne pas lui demander directement la raison de ses larmes.
Aaron parlait souvent peu, non pas par réserve, mais parce que trop de paroles lui semblait inutile. Le but de la parole était de communiquer, pas de combler les blancs. Il attendit donc sa réponse, faisant face à la jeune fille tout en la regardant dans les yeux.

hj : désolé pour la longueur de mon message, comme je te l'ai dit je suis en train d'en créer d'autres.

Les yeux fixés sur un point imaginaire, elle était attentive à tout ce qu’elle ressentait. Elle sursauta brusquement lorsqu’un lumos illumina les alentours et relâcha son attention. Grosse erreur, elle se retrouva de nouveau submergée par les émotions. Seulement à moitié consciente, elle enfouit rapidement sa tête dans ses bras pour cacher son visage, espérant que la personne qui venait d’arriver n’aurait pas eut le temps de le voir. Elle avait l’impression d’être déchirée de l’intérieur, tiraillée entre le rire et la souffrance. Après quelques instants elle se coupa totalement de ces émotions, essuya rapidement ses larmes et releva la tête.
Elle avait vaguement entendu la personne lui demander si elle avait froid et elle lui répondit en tentant d’afficher un air naturel et détendu.

Non ça va, je me suis bien couverte.

Elle s’étonna de cette question lorsqu’elle réalisa que c’était la voix d’Aaron. Pourquoi s’inquiétait-il de cela ? Elle se serait plutôt attendu à autre chose, sans savoir vraiment quoi. Elle ne le connaissait pas assez pour imaginer ses réactions.
Enfin coupée de son pouvoir, elle recommençait à se détendre. Il fallait absolument qu'elle recommence à s'entraîner pour ne plus perdre ainsi le contrôle. Elle détestait cela, surtout lorsque quelqu'un d'autre était présent. Ca ne lui était pourtant pas arrivé souvent mais elle gardait un mauvais souvenir de ces moments là.
Le visage d'Aaron était caché par sa capuche et elle se demandait quelle expression il affichait. Ne pas le voir la troublait car elle n'avait aucun moyen de savoir ce qu'il pensait. Alors qu'un léger silence s'installait, elle reprit la parole.

T'arrivais pas non plus à dormir ?

A vrai dire, la réponse importait peu, bien qu’elle s’y intéressa. Elle n’avait pourtant pas l’habitude de combler les blancs par des questions de ce genre mais il fallait qu’elle se donne le temps de se remettre totalement, et tant pis s’il la trouvait inintéressante, ce n’était pas son problème pour le moment.

Ne voyant pas les yeux d'Aaron, elle fixa son regard à l'endroit où ils devaient se trouver et attendit patiemment qu'il lui réponde tout en contrôlant discrètement sa respiration et en calmant son cœur.

Hj : t’inquiète , mon message n’était pas très long non plus.

Le sursaut de la Poufsouffle n'échappa pas à Aaron. Le Serpentard, sceptique, vit la jeune fille enfouir son visage dans son coude, avant d'essuyer ses larmes et de lever la tête vers lui. Mais que pouvait-il bien se passer ? La raison des larmes de la jeune fille, sans l'émouvoir, l'intriguèrent. Il ne dit rien à propos de cela, et regarda sa pathétique tentative de prendre un air naturel.
"Non ça va, je me suis bien couverte."
Il ne répondit pas, car cela n'avait aucun intérêt.

Le silence s'installa, pesant, avant d'être troublé par la Poufsouffle :
T'arrivais pas non plus à dormir ?

Le Serpentard répondit aussitôt :

"Je n'ai pas essayé. A quoi bon dormir, quand il y a tant de choses à faire ?"

Aaron ne supportait pas d'être inactif, de se sentir inutile. Selon lui, la vie devait être vécue à fond, ou pas du tout, aussi s'accordait-il un nombre très restreint d'heures de sommeil.

Il ajouta :

"Dis-moi ce qui ne va pas, je pourrai peut-être t'aider."

Le Serpentard était spontané ; lorsqu'il voulait dire quelque chose, il le disait, et ne s'encombrait pas de tact ou autre absurdité. Cela choquait souvent, mais il y était habitué, et ne s'en souciait guère.

La jeune fille serait libre de lui répondre ou pas. Beaucoup préféraient l'ignorer, ce qui révélait selon lui l'un des pires traits de caractère des hommes : la peur de la franchise, de la vérité. A croire que c'était un pêché impardonnable de dire ce que l'on pensait.

Oui, Aaron disait tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas, sans honte, sans peur. Il en assumait les conséquences.

La Poufsouffle se demandait toujours si Aaron avait vu ses larmes mais elle avait peu de doutes à ce sujet. Elle n'avait pas détourné le visage très rapidement. Il devait la trouver pathétique mais tant pis. De toute façon peu de personnes pouvaient comprendre ce qu'elle vivait. Elle scrutait toujours sa capuche, cherchant à voir son visage. Elle ne voulait pas lui demander de la retirer, après tout, si il voulait se la jouer mystérieux, tant mieux pour lui.

Il ne répondit pas à sa remarque, ce qui n'avait rien d'étonnant. Il n'avait pas l'air d'être du genre à parler énormément ou en tout cas pas pour ne rien dire et il n'y avait rien à répondre à cela.

"Je n'ai pas essayé. A quoi bon dormir, quand il y a tant de choses à faire ?"

Naïssa sourit en entendant cette remarque. Elle comprenait tout à fait qu'il puisse penser de cette façon. Après tout, les journées ne paraissaient jamais assez longues lorsqu'on était bien occupés. Et pourtant, Naïssa au contraire avait toujours apprécié ces moments d'inconscience où elle n'avait plus besoin de se préoccuper de son pouvoir ou de quoi que ce soit d'autre.

C'est une façon de voir les choses. Mais comment faire toutes ces choses si on n'est pas en forme ? Aussi bien physiquement que mentalement, le sommeil permet de se sentir mieux.

Elle se sentait à nouveau bien et souriait d'un air détendu qui n'était plus joué cette fois ci.

"Dis-moi ce qui ne va pas, je pourrai peut-être t'aider."

Elle ne s'attendait vraiment pas à cela de la part du serpentard et resta silencieuses quelques temps, se demandant ce qu'elle allait répondre. Naturellement, elle ne parlait pas de son pouvoir à tous ceux qu'elle rencontrait mais elle détestait mentir lorsqu'on lui posait une question directe.

Elle décida donc de répondre à sa question, elle verrait bien comment il réagirait.

Tu ne peux rien faire. J'ai juste du mal à contrôler mon pouvoir, rien de bien nouveau.

A lui de voir si il souhaitait en savoir plus ou pas. Elle ne voulait pas s'étendre plus que nécessaire. Il ne le lui avait pas demandé.

La Poufsouffle lui répondit « C'est une façon de voir les choses. Mais comment faire toutes ces choses si on n'est pas en forme ? Aussi bien physiquement que mentalement, le sommeil permet de se sentir mieux. ». Le Serpentard lui déclara immédiatement :

« Je préfère agir fatigué que rester inactif et me reposer. Le sommeil ne me permet pas de me sentir mieux, mais coupable. C'est une façon de voir les choses. »

L'air réellement détendu qu'affichait désormais son interlocutrice le perturba. Comment pouvait-elle passer d'un tel état à un autre ? Sa tristesse ou douleur précédente ne devait pas être si importante que cela.

"Dis-moi ce qui ne va pas, je pourrai peut-être t'aider." Son conseil, plus sous forme d'ordre, fut suivi d'un silence. Pendant ce temps-là, le Serpentard s'assit sur une pente enneigée du toit, et attendit la réponse, sans cesser de fixer la jeune fille. Il ne faisait pas cela pour la mettre mal à l'aise, mais pour tenter de déchiffrer ses pensées. Scherzanuma finit par lui répondre : « Tu ne peux rien faire. J'ai juste du mal à contrôler mon pouvoir, rien de bien nouveau. »
Cela avait visiblement un lien avec la magie, et intrigua donc le Serpentard, même s'il ne le montra pas. Il resta songeur un instant. Son don était apparemment incontrôlable, pouvait la submerger ; elle ne l'utilisait donc pas nécessairement sciemment. Conséquemment, elle pouvait être Retrocognitionniste, Précognitionniste, Médium, Legilimens ou Empathe... Ceci dit, il ne croyait pas trop aux trois premiers, qui ne lui semblaient pas aussi brutaux. Oui, selon lui, elle devait soit lire les pensées de son entourage, soit discerner ses émotions. S'il ne se trompait pas, il pouvait comprendre que cela devienne parfois insupportable.
Le jeune homme décida de tenter sa chance.

« Télépathe ou empathe ? » demanda-t-il simplement.

Aaron resta pensif un bref instant avant d'ajouter :

« Tu me connais mal, Scherzanuma. Rien n'est impossible à un Serpentard. »

Les hommes ne savaient pas réfléchir. Ils regardaient les choses en face, sans songer à en faire le tour pour y trouver une faille. Il n'avait pas d'idée précise pour le moment, mais quelques bribes de solutions parvenaient à son esprit rusé, petit à petit.

La réponse du serpentard fut immédiate :

« Je préfère agir fatigué que rester inactif et me reposer. Le sommeil ne me permet pas de me sentir mieux, mais coupable. C'est une façon de voir les choses. ».

Intéressant. Pourquoi cette culpabilité à l'idée de ne rien faire. Cela avait-il un rapport avec son passé ? Avait-il raté une occasion en se reposant ?

Même si en étant fatigué tu perds l'occasion de faire les choses de façon efficace ?

Elle ne jugeait pas de ses capacités à faire les choses bien mais elle ne voyait pas comment, fatigué, on pouvait se donner à fond. On y perdait certainement.

Alors qu'elle réfléchissait à sa réponse, le serpentard s'assit à ses côtés, sans détacher son regard d'elle. Maintenant qu'il était plus près, elle voyait ses yeux sous sa capuche. Elle tint donc son regard sans hésitation. Elle voulait savoir ce qu'il pensait réellement et qu'il ne disait pas. Il avait l'air de s'interroger également. Il avait certainement été étonné par ses expressions si différentes. C'est pour cela qu'elle n'utilisait pas son pouvoir en présence d'autres personnes, ou en tout cas lorsqu'il y avait trop de monde.

Auparavant elle l'utilisait plus souvent lorsqu'elle était avec une ou deux personnes mais son pouvoir semblait s'être renforcé depuis quelques temps et elle n'était plus capable de focaliser celui-ci sur quelques personnes alors qu'elle n'avait pas tant de mal avant. Et Poudlard n'était pas l'endroit idéal pour s'entraîner mais elle pourrait toujours utiliser la salle sur demande pour cela.

Lorsqu'elle lui répondit, elle chercha dans son regard une quelconque réaction mais si il en avait eu une, il ne la lui montra pas. Il sembla réfléchir un moment à ce qu'elle avait dit. Peut-être voulait-il trouver lui même de quoi elle parlait. Elle attendit patiemment, l'observant. Il prit enfin la parole.

« Télépathe ou empathe ? »

Elle sourit en entendant cette simple question. Il avait apparemment des connaissances et avait un bon sens de la déduction. Il reprit la parole avant qu'elle lui ait répondu.

« Tu me connais mal, Scherzanuma. Rien n'est impossible à un Serpentard. »

Cette fois-ci, elle laissa échapper un petit rire. Il semblait sûr de lui. Il ne devait pas vraiment connaître son pouvoir finalement. Malgré tout, son assurance l'étonnait et elle se prit à espérer qu'il disait vrai et qu'il trouverait une solution. Elle se retint de secouer la tête pour se débarrasser de cet espoir vain. Elle répondit enfin à sa question.

Empathe. Mais je pense que même un serpentard ne peut trouver une solution. Il faudrait que je m'entraîne mais la tâche s'annonce difficile.

« Même si en étant fatigué tu perds l'occasion de faire les choses de façon efficace ? » le questionna la jeune fille. Aaron répondit instantanément :

« Oui. Au moins, je fais quelque chose. Et, de toute façon, j'ai besoin de très peu d'heures de sommeil. »

Il n'en revenait pas de parler de sommeil avec une quasi-inconnue. C'était absurde.
Elle rit lorsqu'il affirma qu'il saurait l'aider. Le Serpentard serra les mâchoires. Même elle, malgré son pouvoir, ne connaissait pas l'étendue des possibilités qu'offrait la magie. La Poufsouffle répondit : « Empathe. Mais je pense que même un serpentard ne peut trouver une solution. Il faudrait que je m'entraîne mais la tâche s'annonce difficile. » Empathe ? Au moins, il avait trouvé sa faille. Il saurait se défendre en cas de problème.

Le jeune homme dit avec une froideur non dissimulée :

« C'est bien ce que je disais, tu me connais mal. Je trouverai la solution à ton problème. Je ne dis pas ça par orgueil. Laisse-moi vérifier quelque chose, et je te prouverai que tu as tort. La magie a de multiples facettes. » finit-il en baissant la voix, presque pour lui-même.

Il sentait qu'il tenait la solution, une idée faisait lentement son chemin dans son esprit, se développait, prenait forme. Quelques recherches appuieraient sa théorie, il en était sûr. Il était vrai que le Serpentard avait rarement douté de ses capacités, et encore moins de celles de la magie. Depuis qu'il l'avait découverte, il était persuadé que la magie avait réponse à tout. Et, jusque-là, elle ne l'avait pas trahi.

Aaron songea ensuite à la seconde phrase de Scherzanuma. « Il faudrait que je m'entraîne mais la tâche s'annonce difficile. »

« Justement, ça devrait te motiver, d'avoir un but, des progrès à faire. Désespérer ne servira à rien, dans la vie il faut se battre. Plus la tâche est difficile, plus l'on découvre une force en soi pour s'améliorer et aller de l'avant. Il faut que tu apprennes à voir cela, avant de te décourager. »

Certes, le Serpentard pouvait passer pour un moralisateur, mais les autres devaient réaliser que la vie n'est qu'une lutte pour la survie. On gagne ses droits, rien ne nous tombe dessus par hasard ou par chance. Il fallait que son interlocutrice trouve en elle la force de motivation qui lui permettrait de garder le contrôle sur son don, qui fascinait Aaron.

Encore une fois, Aaron répondit très vite.

« Oui. Au moins, je fais quelque chose. Et, de toute façon, j'ai besoin de très peu d'heures de sommeil. »

Elle sourit. Il avait son idée sur la question et elle avait la sienne même si elle comprenait très bien qu'on puisse penser comme le serpentard. Il ne servait à rien d'insister.

« Alors tu as de la chance. »

Elle même avait besoin de sommeil. Surtout depuis que son pouvoir prenait plus souvent le dessus, la laissant épuisée.
Lorsqu'elle rit à sa remarque, elle vit le jeune homme serrer les dents. Peut-être était-elle allée trop loin mais sa réaction avait été spontanée et elle n'avait pas pour habitude de se retenir pour faire plaisir aux autres.

Il ne laissa apparaître aucune réaction lorsqu'elle lui dit quel était son pouvoir. C'était bien l'une des rares personnes qui ne paraissait pas étonnée ou effrayée. Pour une fois c'était plutôt agréable. Il semblait au contraire vouloir l'aider, ce qu'elle ne comprenait pas vraiment. En quoi cela pouvait-il l'intéresser ? Peut-être était-ce le défi qu'elle avait implicitement lancé en mettant en doute ses capacités.

Toujours est-il que lorsqu'il reprit la parole, son ton était glacial. Il n'avait pas apprécié sa remarque.

« C'est bien ce que je disais, tu me connais mal. Je trouverai la solution à ton problème. Je ne dis pas ça par orgueil. Laisse-moi vérifier quelque chose, et je te prouverai que tu as tort. »

Elle sourit légèrement, essayant de calmer Aaron.

« Effectivement, je te connais mal. On peut même dire que je ne te connais pas. Peut-être crois-tu vraiment pouvoir m'aider et si tu y arrives je t'en serais reconnaissante. Mais pourquoi ferais-tu cela, puisqu'on ne se connait pas ? »

Cela la troublait étrangement qu'il veuille vraiment l'aider. Elle ne pouvait s'empêcher de se poser des questions. Les autres personnes avaient tendance à ne pas vouloir entendre parler de son pouvoir et les seules réactions qu'elle obtenait était généralement suivies d'un : n'utilise pas ton pouvoir sur moi.

«La magie a de multiples facettes. », avait-il rajouté. Elle n'en doutait pas du tout. Elle même détenait une facette de magie que peu de personnes détenaient. Il y avait peut-être un moyen détourné de retenir son pouvoir. Mais elle ne l'avait pas encore trouvé.

A la deuxième partie de sa phrase, il répondit de façon relativement moralisatrice.

« Justement, ça devrait te motiver, d'avoir un but, des progrès à faire. Désespérer ne servira à rien, dans la vie il faut se battre. Plus la tâche est difficile, plus l'on découvre une force en soi pour s'améliorer et aller de l'avant. Il faut que tu apprennes à voir cela, avant de te décourager. »

Ses paroles l'étonnèrent. Pensait-il vraiment qu'elle ne le savait pas ? Il trouvait qu'elle le jugeait trop vite mais lui, que faisait-il ? Elle reprit la parole de façon plus dure.

Si tu penses cela de moi, tu ne me connais pas non plus. Comment crois-tu que j'ai appris à contrôler mon pouvoir ? Jusqu'à l'année dernière, je le maitrisais presque parfaitement. Je m'étais entraînée sans relâche pour cela. Mais depuis quelques temps... j'arrive plus à le comprendre. C'est comme si mon pouvoir était devenu beaucoup plus fort, trop puissant pour que j'arrive à le maitriser. Le problème n'est pas la motivation mais les résultats.

Réalisant qu'elle s'énervait pour rien, elle reprit une voix plus douce.

Pour m'entraîner il faut que je sois dans la salle sur demande mais même ainsi, dès que je relâche mon pouvoir ne serait-ce qu'un peu, je suis submergée. Pour le moment je ne sais pas comment faire. Mais crois-moi, j'ai cherché.

« Alors tu as de la chance. » Par cette phrase, Naïssa s'occupa de clore le sujet. Quant à leur second sujet de conversation, en l'occurrence son pouvoir, la jeune fille répondit : « Effectivement, je te connais mal. On peut même dire que je ne te connais pas. Peut-être crois-tu vraiment pouvoir m'aider et si tu y arrives je t'en serais reconnaissante. Mais pourquoi ferais-tu cela, puisqu'on ne se connait pas ? »
Le Serpentard apprécia qu'elle dise qu'elle ne le connaissait pas. Elle n'avait apparemment pas trop de préjugés. Le "peut-être crois-tu vraiment pouvoir m'aider" l'agaça un peu, mais il ne releva, et s'attarda plus sur le "je t'en serais reconnaissante". Elle acceptait son aide, ce qui n'était pas évident, de la part d'une Poufsouffle. Car on pouvait bien dire que les Serpentards étaient arrogants, il n'empêchait que lorsqu'ils proposaient un service à une autre maison, il était toujours refusé, par fierté.

Pourquoi ferait-il cela ? Aaron demeura silencieux un bref instant, avant de répondre :

"Tout ce qui concerne la magie m'intéresse. Le contrôle de ton pouvoir m'intrigue. J'ai besoin d'en savoir plus."

La passion du Serpentard pour la magie était sans limites. Et il ne s'en cachait pas.

Le jeune homme esquissa un sourire en coin lorsque son interlocutrice s'énerva.

"Si tu penses cela de moi, tu ne me connais pas non plus. Comment crois-tu que j'ai appris à contrôler mon pouvoir ? Jusqu'à l'année dernière, je le maitrisais presque parfaitement. Je m'étais entraînée sans relâche pour cela. Mais depuis quelques temps... j'arrive plus à le comprendre. C'est comme si mon pouvoir était devenu beaucoup plus fort, trop puissant pour que j'arrive à le maitriser. Le problème n'est pas la motivation mais les résultats." Il répondit aussitôt, d'un ton inexpressif :

"Je ne crois pas avoir dit que tu t'étais toujours découragée. Je te demande juste de te battre. C'est justement maintenant que ton pouvoir te pose problème que tu dois aller de l'avant, faire des recherches, des expériences. Je ne te fais pas de reproche."

En attendant, la récente fluctuation du pouvoir de Scherzanuma intriguait Aaron. Pourquoi ce changement ? Il poursuivit :

"Si tu veux mon avis, le problème n'est pas le résultat, mais la façon de procéder. Lorsque tu veux te protéger d'une émotion, ne pas la ressentir, que fais-tu ? "

"Pour m'entraîner il faut que je sois dans la salle sur demande mais même ainsi, dès que je relâche mon pouvoir ne serait-ce qu'un peu, je suis submergée. Pour le moment je ne sais pas comment faire. Mais crois-moi, j'ai cherché." ajouta-t-elle. Le jeune homme réfléchit une seconde, avant de l'interroger :

"Tu n'as jamais essayé de t'entraîner....avec quelqu'un ? De faire des expériences, en quelque sorte ?"

Décidément, toute cette histoire intéressait le Vert et Argent. Certes, l'idée de tester son pouvoir sur des gens pouvait choquer la Poufsouffle. Elle n'apprécierait sans doute pas d'utiliser des gens comme cobayes. Mais si elle souhaitait maîtriser son don, le Serpentard savait qu'elle devrait passer par cette étape.

Le serpentard avait apparemment compris qu’elle souhaitait clore le sujet du sommeil puisque celui-ci ne menait à rien. Elle cherchait toujours à le comprendre et attendit avec impatience sa réponse à propos de l’aide qu’il voulait lui apporter. Elle gardait donc ses yeux fixés dans les siens, à l’affut. Ne pouvant utiliser son pouvoir pour savoir ce qu’il ressentait, elle devait se contenter de ses capacités d’observation.

Malheureusement pour elle, il semblait doué pour masquer ses émotions au commun des mortels. Elle crut cependant voir qu’il appréciait qu’elle accepte son aide. Avec tous ces préjugés ancrés dans l’histoire de Poudlard, en tant que Serpentard, son aide devait souvent se trouver rejetée mais heureusement, ces préjugés tendaient à disparaître. Elle-même n’avait jamais été vraiment intéressée par ces préjugés. Grâce à son pouvoir elle s’était très vite rendu compte que ceux-ci étaient dépassés. En tout cas, même si certains Serpentards gardaient cette attitude qu’on leur prêtait, on ne pouvait plus en faire une généralité. Et elle doutait qu’on ait jamais pu le faire.

Il resta un moment silencieux puis il reprit la parole.

"Tout ce qui concerne la magie m'intéresse. Le contrôle de ton pouvoir m'intrigue. J'ai besoin d'en savoir plus."

C’est bien ce qui lui avait semblé. Le Serpentard était visiblement en quête de connaissances concernant la magie, ce qui expliquait qu’il avait pu déterminer à peu près quel était son pouvoir. Au moins, sa soif de connaissances lui serviraient-elles. En tout cas, elle l’espérait. Son intérêt pour la magie lui semblait tout à fait normal. Elle s’était d’ailleurs toujours demandé comment son pouvoir marchait et pourquoi elle le possédait.

Cependant, elle ne s’était jamais vraiment attardée sur le sujet car il y avait peu de livres là-dessus et que la pratique était plus urgente à maîtriser que la théorie.

Elle remarque le sourire d’Aaron lorsqu’elle s’énerva. Ca l’amusait ? Tant mieux pour lui. Elle n’était pas sûre de s’en amuser autant. Il garda un ton totalement plat en lui répondant. Non seulement il ne montrait pas ses émotions dans son regard mais en plus il commençait à parler de façon inexpressive. Elle allait vite en avoir marre. Elle avait tellement l’habitude de tout savoir des gens que cela l’énervait de ne rien déceler chez Aaron.

"Je ne crois pas avoir dit que tu t'étais toujours découragée. Je te demande juste de te battre. C'est justement maintenant que ton pouvoir te pose problème que tu dois aller de l'avant, faire des recherches, des expériences. Je ne te fais pas de reproche."

Il ne l’avait peut-être pas dit mais en lui faisant ainsi la remarque il l’avait sous-entendu. Sinon il n’aurait pas pris la peine de le lui dire. En tout cas c’est comme cela qu’elle voyait les choses. Mais si il disait ne pas lui faire de reproche, vu son caractère franc, ce devait être la vérité. Peut-être s’était-elle trop vite emportée. C’était un sujet un peu sensible pour elle.

«Alors accepte mes excuses. Bien sûr, je compte faire des expériences mais je ne sais pas lesquelles, comment, avec qui. C’est compliqué.»

Il poursuivit ensuite.

"Si tu veux mon avis, le problème n'est pas le résultat, mais la façon de procéder. Lorsque tu veux te protéger d'une émotion, ne pas la ressentir, que fais-tu ? "

Elle réfléchit un moment à la question.

« Pour me protéger d’une émotion ? Tout dépend. Si tu parles des miennes, j’essaye de les affronter et de les extérioriser plutôt que de m’en protéger. Sinon, je me concentre sur une autre émotion . C’est la façon la plus simple de faire que j’aie trouvée. »

Après avoir réfléchi, il lui proposa une solution.

"Tu n'as jamais essayé de t'entraîner....avec quelqu'un ? De faire des expériences, en quelque sorte ?"

Elle soupira avant de lui répondre.

« C’est ce que je faisais quand j’étais petite. Je m’entrainais avec mon frère. Mais maintenant je ne peux plus le faire et je ne vois pas qui serait prêt à se laisser utiliser comme cobaye. Peu de personnes sont au courant et ces personnes là détestent l’idée que j’aie accès à leurs émotions alors elles ne seraient pas volontaires pour m’aider. »

«Alors accepte mes excuses. Bien sûr, je compte faire des expériences mais je ne sais pas lesquelles, comment, avec qui. C’est compliqué.» Le Serpentard n'attendait pas d'excuses de sa part, mais les accepta, bien sûr. Même si, d'après lui, les excuses n'étaient que des mots de plus.
La jeune fille semblait accepter son aide, ou, du moins, accepter de lui répondre. Elle lui répondit : « Pour me protéger d’une émotion ? Tout dépend. Si tu parles des miennes, j’essaye de les affronter et de les extérioriser plutôt que de m’en protéger. Sinon, je me concentre sur une autre émotion . C’est la façon la plus simple de faire que j’aie trouvée. »

Aaron resta pensif un long moment. Il noterait tout cela dans un carnet le soir même, et entamerait des recherches. Oui, cela valait vraiment le coup...

Quand il lui évoqua ses expériences, elle répondit : « C’est ce que je faisais quand j’étais petite. Je m’entrainais avec mon frère. Mais maintenant je ne peux plus le faire et je ne vois pas qui serait prêt à se laisser utiliser comme cobaye. Peu de personnes sont au courant et ces personnes là détestent l’idée que j’aie accès à leurs émotions alors elles ne seraient pas volontaires pour m’aider. »
Il esquissa un demi-sourire, dissimulé par l'ombre de sa capuche. Bien. Des cobayes, il en trouverait, pas de problèmes. Il aurait même été prêt à se proposer, le problème étant simplement que le Serpentard était relativement insensible. Il ressentait rarement des émotions fortes, intenses. Peut-être n'en avait-il juste pas l'occasion.

"Je vois... Je peux t'aider. Si tu le souhaites, j'accepte même de te servir de "cobaye", de temps en temps. Mais si tu acceptes mon aide, il faudra que tu répondes à mes questions. Est-ce que ça te convient ?"

Un marché plutôt raisonnable, de la part d'un Serpentard. La jeune fille aurait pu s'attendre à pire. A bien pire... Mais la soif de connaissances d'Aaron n'avait pas de limites.

hj : désolé, post ultra-court...

Aaron accepta ses excuses, mais elle ne s'était de toute façon pas spécialement attendue à autre chose. Elle avait tout naturellement répondu à ses réponses et se prit à penser que c'était peut-être une mauvaise idée. Après tout, comme il l'avait dit plus tôt, elle ne le connaissait pas et il pouvait très bien préparer un mauvais coup ou recueillir des informations uniquement pour pouvoir la blesser plus facilement. Il faudrait qu'elle soit prudente.

Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de lui accorder plus ou moins sa confiance. Il était la seule personne à lui avoir proposé de l'aide et il semblait s'y connaître en magie. Elle pensait qu'il y avait une chance qu'il arrive à l'aider et elle ne voulait pas laisser passer cette chance. Elle décida donc de continuer à donner des réponses. De toute façon, elle n'aimait pas mentir de façon trop directe. Mentir par omission ne la dérangeait pas mais, trop habituée à connaître les moindres émotions des autres, elle se refusait de leur mentir. Ne serait-ce que pour rétablir un minimum l'équilibre.

Aaron parut assimiler les informations qu'elle lui donnait. Il resta silencieux un moment, concentré sur ce qu'elle lui avait dit. Il devait chercher une solution... ou monter un plan contre elle. Elle se retint de se donner une baffe. Elle ne voulait pas tomber dans la paranoïa.

Il finit par lui répondre.

"Je vois... Je peux t'aider. Si tu le souhaites, j'accepte même de te servir de "cobaye", de temps en temps. Mais si tu acceptes mon aide, il faudra que tu répondes à mes questions. Est-ce que ça te convient ?"

Elle fut surprise par sa réponse. Il proposait de servir de cobaye ? Personne n'avait jamais fait cela avant. Pourquoi aurait-il envie d'être un cobaye ? Qu'il veuille l'aider, passe encore, sa soif de connaissances pouvait expliquer cela mais devenir cobaye ne lui apporterait rien, au contraire. Elle aurait accès à tous ses sentiments, même les plus profonds.

Lorsqu'elle entendit la deuxième partie de la phrase, sa méfiance revint tout naturellement. C'était une sorte de marché. Il faudrait qu'elle réponde à ses questions. Pourquoi pas après tout, c'était ce qu'elle était en train de faire depuis quelques temps déjà. Mais à quel point lui serait-elle redevable ? Il lui rendrait un énorme service et quelques simples réponses paraissaient une bien piètre récompense.

Même avec tous ces doutes, l'offre était trop tentante pour qu'elle ne la considère pas sérieusement. De toute façon, c'était peut-être et même certainement le seul moyen de s'entraîner et travailler à deux permettrait sûrement d'avancer plus vite qu'elle ne le faisait toute seule. Elle resterait sur ses gardes, au moins au début, se promit-elle.

Elle n'avait bien sûr pas aperçu son demi sourire qui avait été caché par sa capuche, sinon elle aurait peut-être hésité plus longtemps. Elle essaya de sonder son regard une dernière fois, mais ne trouvant rien, elle décida de se lancer. Elle n'avait pas grand chose à perdre.

"D'accord, ça me convient. Je répondrai à tes questions et tu m'aideras à m'entraîner."

C'était un marché, pas de doutes, c'est pourquoi elle lui tendit la main.

D'accord, ça me convient. Je répondrai à tes questions et tu m'aideras à m'entraîner." Ca y est, la machine était en route. La Poufsouffle tendit la main au Serpentard. Il la saisit en rapprochant brusquement la jeune fille de lui. Son visage, toujours en partie dissimulé par sa capuche, était désormais proche de celui de Scherzanuma. Il étudia son regard un instant. Elle semblait sincère ; elle tenterait l'aventure. Un rictus étira lentement les lèvres d'Aaron. Tout était trop facile. Une deuxième idée, plus machiavélique, lui vint à l'esprit. Il saurait retourner cette situation à son avantage lorsqu'il en aurait besoin.

Il lui lâcha enfin la main, et prit la parole :

"Bien. Maintenant, réponds à ces questions. Depuis quand possèdes-tu ce pouvoir ? Comment ressens-tu les différentes émotions ? Peux-tu ressentir également leur intensité ? As-tu déjà essayé de ne pas du tout bloquer ton pouvoir, et de tout ressentir à son maximum ? Peux-tu savoir à qui appartient un sentiment particulier ? "

Ce n'était qu'un début, et pourtant, une foule de nouvelles questions emplissait déjà l'esprit du Serpentard.
Il devait tout d'abord parvenir à cerner la façon doit le pouvoir de la jeune fille se comportait, puis la façon dont elle pouvait le maîtriser. Cela lui donnerait une première piste. L'idée première était d'exploiter la façon dont elle le contrôlait et de créer une potion, un objet magique, bref quelque chose de l'extérieur qui aurait le même effet. Ou quelqu'un.
Le chemin vers la solution s'annonçait relativement compliqué, mais le jeune homme savait déjà qu'il y travaillerait des heures pour que sa durée soit moindre. Et ensuite, il passerait à la seconde phase de son plan...

Aaron laissa Scherzanuma répondre à ses interrogations, puis reprit :

"Tu as dit que tu extériorisais tes propres émotions. Que fais-tu exactement ? Et, lorsque tu t'entraînais avec ton frère, sentait-il que tu utilisais ton don sur lui ?"

Pour l'instant, il tentait de ne pas trop l'assommer de questions. Il devait à tout prix tout mémoriser. Ce pouvoir à lui seul emplirait un de ses petits carnets qu'il remplissait sur la magie. Le jeune homme sentait qu'il touchait déjà du doigt quelque chose de fascinant, une découverte grandiose. Quelque chose de puissant. Quelque chose de dangereux.

Son instinct de Serpentard lui souffla de ne pas montrer trop d'empressement et d'intérêt dans la question, pour que la Poufsouffle ne s'inquiète pas outre mesure. S'il souhaitait que son plan marche entièrement, il ne devait pas éveiller ses soupçons. Mais, quoi qu'il advienne, il mènerait ses projets à terme. Par tous les moyens. Même si l'objet de son intérêt devait en subir des conséquences pour le moins...indésirables. Pour l'instant, le jeune homme n'était sûr de rien, mais les réponses aux questions qu'il posait à la jeune fille permettraient, il le savait, de trouver une solution.

Il ne la laisserait pas revenir en arrière. Elle devrait répondre à toutes ses questions, sans exception, même les plus personnelles. Elle devrait de même obéir à ses ordres lorsqu'ils feraient des expériences, même si cela ne faisait pas concrètement partie des conditions du pacte.

Le serpentard attrapa sa main et sans comprendre ce qu'il se passait, elle se retrouva à quelques centimètres de son visage. Le rictus qui apparut sur les lèvres d'Aaron ne présageait rien de bon mais elle avait fait un marché et elle ne romprait pas celui-ci. Il avait visiblement un plan qui bien sûr lui rapporterait quelque chose mais peut-être, sans réellement vouloir l'aider, lui apporterait il quelque chose. En tout cas elle essaierait que ce soit le cas. Elle maintint son regard. Maintenant qu'elle avait la confirmation qu'il voulait tirer un avantage de ce marché, elle se débrouillerait pour limiter les dégâts et lui tiendrait tête dès qu'elle le pourrait, c'est à dire dès qu'elle contrôlerait mieux son pouvoir.

Lorsqu'il lui lâcha enfin la main, elle se remit bien droite et écouta la série de questions qu'il venait de lui poser.

"Depuis quand possèdes-tu ce pouvoir ? Comment ressens-tu les différentes émotions ? Peux-tu ressentir également leur intensité ? As-tu déjà essayé de ne pas du tout bloquer ton pouvoir, et de tout ressentir à son maximum ? Peux-tu savoir à qui appartient un sentiment particulier ? "

Pour le moment, elle ne savait pas ce qu'il voulait obtenir. Elle répondrait donc à ces questions, elle ne pouvait pas l'affronter sans raison. Elle réfléchit donc à ce qu'il lui avait demandé, les yeux dans le vague pour mettre des mots sur ce qu'elle vivait, ce qu'elle ressentait et qu'il n'était pas facile de décrire.

"J'ai découvert mon pouvoir à 5 ans.
Quand je capte une émotion, au départ, c'est comme si j'entendais une musique. Je la perçois mais je ne la ressens pas vraiment et ensuite, elle me tombe dessus. C'est comme une attaque, je la ressens particulièrement fort, elle se mêle à mes émotions et c'est uniquement grâce à l'habitude que j'arrive à savoir quelles sont mes émotions et quelles sont celles que je capte. Une fois cette émotion assimilée, elle reprend sa vraie valeur, elle est moins forte.
Bien sûr, je ressens l'intensité des émotions des gens. Je ne ressentirais pas pareil une petite peine qu'une véritable souffrance. Mais à chaque fois, au début, quand je la capte, elle m'apparait comme de fois plus intense.
A chaque fois que je relâche mon pouvoir en ce moment, je le relâche totalement. Je ressens tout au maximum.
Avant, je pouvais me focaliser sur une personne donc oui, je peux savoir à qui appartiennent les sentiments que je ressens. Maintenant j'ai plus de mal à le faire et il faut que j'attende que les émotions s'estompent avant de le pouvoir."

Elle réfléchit une seconde. Oui, elle avait répondu à toutes les questions. Elle reprit son souffle en attendant la deuxième série de questions qui ne tarderait sûrement pas à venir. Il avait visiblement rapidement réfléchi à ce qu'il voulait savoir. Ses questions étaient précises. Mais que cherchait-il à savoir ainsi ?

Comme elle s'y attendait, les questions reprirent.

"Tu as dit que tu extériorisais tes propres émotions. Que fais-tu exactement ? Et, lorsque tu t'entraînais avec ton frère, sentait-il que tu utilisais ton don sur lui ?"

A nouveau, elle prit un temps de réflexion avant de se lancer.

"Tout dépend de ce que je ressens, ça peut être avec le piano, le sport, ou juste en pleurant un bon coup, un peu comme tout le monde quoi.
Selon comment je m'y prenais, il le sentait ou pas. On a fait des tests. Quand j'y allais doucement, ou que je m'intéressais aux émotions plus superficielles, il ne se rendait pas compte que j'utilisais mon pouvoir. Par contre, j'ai essayé une fois d'y aller en force, de gratter au maximum pour obtenir ses émotions les plus profondes et là, il l'a sentit."

Elle préféra éviter de dire que cela avait été douloureux pour son frère. Bien sûr lorsqu'elle s'en était rendu compte elle avait immédiatement arrêté. Mais ne sachant pas ce qu'Aaron voulait, elle préférait ne pas parler de la douleur. C'était un serpentard et il l'avait prouvé à plusieurs reprises.

Il avait pour le moment arrêté les questions. Elle mourait d'envie d'utiliser son pouvoir comme avant, pour sonder Aaron mais si elle essayait il se rendrait compte qu'elle le faisait car elle savait ne pas pouvoir le faire sans dommages. Il risquait de s'énerver. Elle attendrait de le maitriser de nouveau pour sonder le serpentard discrètement.

Elle attendit patiemment, cachant précautionneusement tout ce qu'elle pensait, bien droite, son regard fixé dans celui du jeune homme, qu'il se décide à lui dire autre chose.

Le Serpentard assimilait les informations au fur et à mesure que Scherzanuma parlait. C'était...fascinant... Les pièces du puzzle se rassemblaient lentement, et une merveilleuse image se constituait sous ses yeux ébahis.

La jeune fille paraissait légèrement anxieuse. Elle venait de passer un pacte avec le Diable, et cela, elle l'ignorait...

Aaron demeura silencieux un long moment. Un plan machiavélique se préparait déjà dans son esprit. Tout coïncidait. Il ne lui resterait qu'à faire quelques recherches, passer quelques accords avec différentes personnes, et il pourrait enfin toucher du doigt un pouvoir aussi puissant que mystérieux...

Le jeune homme murmura, plus pour lui-même que pour Naïssa :

"Oui...nous y sommes..."

Il leva ensuite ses yeux noirs vers ceux de la Poufsouffle, et, avec un sourire effrayant, lui dit :

"Tout va bien se passer... Rendez-vous demain, même heure, dans la Salle sur Demande. Passe une bonne nuit..."

Sur ce, déjà impatient d'entamer ses recherches, le Serpentard partit. De longues heures d'études étaient devant lui, il n'avait pas de temps à perdre.

Naïssa remarqua que le jeune serpentard était très intéressé par tout ce qu'elle lui expliquait. Elle pouvait presque voir son cerveau tourner à toute allure, analysant et assimilant toutes les informations, les intégrant petit à petit à un plan dont elle n'avait pas encore connaissance.

Après un silence pendant lequel elle attendit patiemment, Aaron murmura quelque chose :

"Oui...nous y sommes..."

D'après son intonation et son regard pensif, Naïssa comprit qu'il ne lui parlait pas. Il avait visiblement trouvé une solution, pour l'aider ou pour parvenir à ses fins, elle n'en savait rien. Elle espérait que c'était un peu des deux.

Lorsqu'il la regarda à nouveau, elle fut frappée par la noirceur de ses yeux. Le sourire qui apparut sur ses lèvres s'accordait tout à fait à ceux-ci et le faisaient paraître effrayant.

"Tout va bien se passer... Rendez-vous demain, même heure, dans la Salle sur Demande. Passe une bonne nuit..."

Pourquoi avait-il prit la peine de lui dire : tout va bien se passer ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Pas grand chose de bon elle en avait peur. Malgré tout, elle serait au rendez-vous.

Sans attendre de réponse, il se leva et partit, certainement pour travailler. De son côté, elle resta là où elle était, réfléchissant à ce qui avait eu lieu. Elle ne retourna dans sa chambre que tard. Sa nuit serait courte, tant pis.

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