Au coeur de la nuit [PV avec Brad Nelsen]

[hj : pour que je te connaisse enfin ! Toi qui es toujours devant moi ^^]

Naelia était éveillée. Depuis de longues heures. Ses insomnies étaient de plus en plus fréquentes, en accord avec l'augmentation du nombre de questions qui trottaient dans sa tête, jour et nuit. Ces longues heures passées à réfléchir intensément l'épuisaient, mais voilà : elle ne trouvait plus le sommeil. il lui arrivait de somnoler vaguement, de temps à autre, juste de quoi rester en vie, mais c'était tout.
La jeune fille passait donc le plus clair de son temps, la nuit, à se promener dans l'ombre des corridors. Elle savait que Rusard, Miss Teigne, et les Préfets, guettaient. Vêtue de sa longue cape noire, sa capuche rabattue sur la tête, laissant seulement quelques mèches de cheveux sombres ondulés encadrer son visage, elle se dirigeait vers son endroit favori. Celui duquel elle pouvait tout voir, tout admirer. Le seul dans lequel elle était quasiment sûre d'être seule.
La jeune Poufsouffle n'était en aucun cas claustrophobe, mais elle ressentait parfois un énorme besoin d'air. Respirer de l'air pur, froid, les longues nuits d'hiver, faisait son bonheur. Elle aimait l'air de la nuit, elle aimait la lumière des étoiles, le sourire de la lune, les ombres des arbres de la forêt interdite se détachant dans l'obscurité...Elle s'y sentait vivante.
Naelia arriva sur les toits. Elle grimpa sur une petite plateforme un peu plus haute, et resta debout, fixant le lointain. Elle ôta doucement sa capuche, laissant ses cheveux cascader jusqu'au milieu de son dos, et s'immobilisa, telle une statue, au coeur de la nuit. C'était son paradis à elle, son moment de solitude, son refuge secret. C'était le reflet de sa personnalité.
Le regard perdu dans le ciel, elle remarqua qu'il manquait quelque chose. Tout s'assombrissait. Les nuages s'amoncelaient, dissimulant les étoiles une à une, puis la lune. L'obscurité était quasi complète, et Naelia lança un Lumos très discret, juste une petite goutte de lumière perlant au bout de sa baguette.
Il allait pleuvoir. Ravie, Naelia ne put retenir un sourire. Elle avait toujours aimé la pluie. La pluie et la nuit, ses deux amies. Un sentiment de plénitude l'envahit, lorsqu'une première goutte glaciale s'écrasa sur son nez. Fermant les yeux, elle laissa la pluie lui caresser le visage.
Elle était trop perdue dans ses pensées pour remarquer le bruit de pas derrière elle.

[hj : je ne fais pas un message trop long au début

Ces bruits de pas étaient ceux de… Brad Nelsen (quelle surprise ! ^^). En effet, le jeune préfet avait une fois de plus fini d’effectuer sa ronde nocturne, qui était en réalité réservée à May Eva, l’autre préfet de sa maison, qui avait réussie à la convaincre de la faire à sa place. Celle-ci craignait d’avoir des cernes le lendemain si elle n’avait pas son minimum d’heures de sommeil. Brad savait très bien que ce n’était qu’un prétexte, il lui était déjà arrivé de discuter avec sa camarade de longues heures la nuit, et elle était toujours aussi ravissante le lendemain. Soit, elle disposait de part sa grande intelligence d’un sortilège de dissimulation effectué à la perfection, ou soit –et Brad croyait plutôt à cette hypothèse- May était tellement charmante qu’il était impensable que des cernes puissent apparaître sur son doux visage.

Brad, étant un grand insomniaque, allait souvent traîner sur les toits, qui étaient comme l’une de ses appartenances du château. Il n’était pas rare de l’apercevoir sauter, tel une ombre, de toits en toits, ni de la croiser dans ce même lieu. Il adorait ces toits, c’était son lieu préféré de poudlard, il pouvait à la fois faire un peu de sport le jour, respirer l’air frais, avoir une vue étendue sur tout le domaine de l’école, admirer de jolis couchers de soleil ou encore les étoiles… Brad aimait regarder l’infinie du ciel durant de longues heure, ce n’était pas vraiment un secret, mais les autres élèves dormant à ces heures, peu étaient au courrant.

Ce soir, cependant, n’atait pas un soir comme les autres. Brad avait senti dans l’air un lourd poid qui ne saurait tarder, et en effet, quelques minutes plus tard, les nuages vinrent couvrir la toile bleu marine, avec ses indénombrables étoiles scintillantes au loin. Une légère pluie s’ensuivie, Brad n’y porta guère attention, il avait l’habitude de rester indifférent au climat, comme si rien ne pouvait l’empêcher d’accomplir ses désirs. Alors qu’il observait ces changements climatiques, il sentit –car il ressentait énormément de sensations grâce aux arts marciaux- une présence se rapprochant de lui. Cela l’étonna un peu, c’était le milieu de la nuit. En général, les quelques uns qui arrivaient à escalader venaient voir le coucher du soleil, et repartait au couvre feu, car ils n’avaient pas l’autorisation de rester plus longtemps. De plus, peu pensait à cette idée un peu farfelue qu’était d’escalader les hauts toits du château, il ne fallait pas oublier que cela restait un endroit dangereux, encore plus par temps pluvieux.

Comme il savait que quelqu’un se trouvait non loin de lui, il se leva et vint très discrètement à son encore, ce qu’il savait faire à merveille. Il avait apprit à ne pas se faire entendre de l’autre, ni ‘sentir’. Il était d’ailleurs à contre vent, tel un chasseur. Une petite lumière qui semblait surgir d’une baguette lui apprit qu’il s’agissait d’une femme, faisant apparaître une chevelure d’un noire obscure, se fondant avec la cape. L’élève était de dos, et comme Brad l’avait prévus, elle ne sentait pas sa présence. Brad se demanda d’ailleurs si elle l’aurait sentit s’il était venu normalement vers elle, car elle avait la tête légèrement en arrière, se laissant mouiller et rafraîchir par les gouttes de pluie qui commençaient à être de plus en plus nombreuses. (Bon, j’avoue, là je ne suis pas devant…).

Brad, un léger sourire aux lèvres en voyant la réaction de cette fille face à la pluie le dissimula rapidement et se décida à aller à son encontre. Il savait déjà que dans un premier temps, elle se sentirait dévoilée par un préfet, et attendrait sûrement une sanction… Hors, Brad n’était pas ce genre de préfets là, au contraire, dès qu’il n’était plus dans ses heures, il s’efforçait à rester un élève semblable à tous les autres. Déjà qu’il avait une lourde réputation qu’il traînait derrière lui, malgré lui, il ne voulait pas en plus se démarquer d’avantage. Lorsqu’il fut arriver à une distance où il savait que la jeune fille pouvait l’entendre parler, il resta encore quelques secondes à l’observer savourer la nuit. Il n'était pas du genre à aller vers les autres, plutôt insociable et solitaire, sauf lorsque les autres en question étaient seuls, révélant bien plus leur personnalité.

De plus, il avait reconnut en la jeune fille une part de lui, semblant apprécier énormément le fait de rester sous la pluie, et étant sur les toits à cette heure dissuasive, ce qui était d'aileurs interdit. Bien que Brad soit préfet, il ne respectait pas pour autant le réglement, bien qu'il soit beaucoup moins stricte pour ceux-ci. En effet, il pouvait toujours prétexter qu'il effectuait une ronde de préfet si un professeur venait à l découvrir, et aucun autre élève n'avait le pouvoir de lui dire quoi que ce soit. C'était cette sorte de liberté et privilège qui avait séduit Brad pour accepter ce poste, et non pas pour sanctionner tous ceux qui croisaient son chemin, comme sa camarade préfet May Eva.
Il déclara d’un ton neutre :

"Apaisante comme sensation, n’est-ce pas ?"

Il savait qu’elle serait sûrement surprise. De dos, Brad ne l’avait pas reconnut, c’était donc qu’il ne l’avait encore jamais rencontré. En effet, dès qu’il connaissait quelqu’un, il était capable de le reconnaître de part son orat, ainsi que part les sensations de son esprit. Il avait remarqué l’atmosphère détendue de celui de la jeune femme. Brad avait déjà également fait le test, il savait que se laisser aller sous la pluie, et non pas vouloir qu’elle disparaisse, était une expérience énormément plaisante.

Bien qu’il ne la connaisse pas, il savait qu’elle, le connaîtrait. Il n’aimait d’ailleurs pas cette idée, voulant toujours savoir autant de l’autre que ce qu’il savait sur lui, mais cela n’allait pas durer… Ils étaient bien entendu invités tout deux à se présenter respectivement. Puis, en général, Brad écoutait plutôt que de se confier, ce qui créait un effet mystérieux à son égard. Les personne ne le connaissant pas le voyaient comme quelqu’un d’extrêmement froid, pas très sociable, mais dégageant un tel charisme et un telle assurance qu’il les attiraient d’une certaine façon. Il fallait aussi dire que son physique d’athlètes, grand, bronzé et musclé, avec des yeux très sombres accompagnés de son bandeau rouge énigmatique qui le différenciait des autres, allaient également dans ce sens.

Brad restait immobile, droit, telle une grande statue de marbre, impressionnant. Dans l’obscurité, seul son blason de serpentard ressortait de sa cape aussi obscure que ses yeux. Que la jeune fille ait une sorte de crainte face à lui aurait été très compréhensible.

Naelia sentait la pluie ruisseler sur son visage et dans ses cheveux. D'ordinaire, cette sensation l'apaisait considérablement. Et si, quelques secondes plus tôt, elle avait ressenti la même chose que les autres nuits, un fardeau commença ensuite à peser sur elle. Le poids des années, si lourd, oppressait son âme. Les souvenirs affluèrent dans son esprit sous forme de flash, et elle ouvrit les yeux brusquement. Frissonnant, elle se força à se calmer. Il y avait quelque chose...quelque chose dans l'air de la nuit, qui faisait qu'elle était...mélancolique. Plus que ça, sans doute. A la fois triste, angoissée...énervée aussi, contre elle-même, contre le monde qui l'entourait, contre eux...
Elle soupira silencieusement. Elle leva les yeux vers la lune, en quête d'un réconfort qui ne venait pas. Tant d'interrogations restant sans réponse, tant de mystère planant autour d'elle...
Mais elle ne devait pas y penser, pas maintenant. Elle sentait son cœur se serrer, la tête commencer à lui tourner. La pluie fouettait son visage, glaciale, et, pour la première fois, elle eut enfin le désir de s'abriter. Un désir violent, qui la prit par surprise.
Elle fit le vide dans son esprit, comme pour l'Occlumancie. Il fallait qu'elle retrouve cette sérénité qui ne la quittait pas. Ou, au moins, qu'elle retrouve son masque. Cette façade qu'elle avait façonnée des années durant.

La jeune fille fut tirée de ses sombres pensées par un bruit quasi imperceptible derrière elle. Puis le silence reprit, le silence de la pluie. Elle avait sans doute rêvé. A cette pensée, des émotions incontrôlées affluèrent. Rêver...depuis combien de temps n'avait-elle pas rêvé ? Les rares heures de sommeil qu'elle s'autorisait à avoir étaient emplies de cauchemars. Pourquoi n'était-elle pas comme tout le monde ? Pourquoi cette différence ?
Une larme roula lentement sur sa joue. Elle aimait la pluie, car la pluie dissimulait ses larmes.

Une voix grave retentit derrière elle. "Apaisante comme sensation, n’est-ce pas ?". Elle n'aurait su dire qui avait dit cela. Elle ne connaissait que peu cette voix. Elle resta immobile une seconde, puis se retourna, un demi-sourire esquissé sur ses lèvres.
Elle reconnut Brad Nelsen. Le "fameux" Brad.
Son insigne luisit faiblement à l'éclat de son Lumos. Préfet. Elle risquait gros. Mais sa première phrase l'avait mise en confiance. Elle avait été prononcée d'un ton neutre, et lui faisait sentir qu'il aimait la nuit, lui aussi. Ils n'étaient peut-être pas si différents que ça.
En d'autres circonstances, Naelia se serait peut-être dit qu'il disait cela pour la rassurer, afin de mieux l'écraser ensuite. Cette pensée n'effleura même pas son esprit, trop occupé par d'autres choses plus importantes.
Brad Nelsen. Sa réputation ne lui avait pas échappé, bien sûr. Réputation de tombeur, mais de tombeur froid et distant.
Naelia ne jugeait pas les autres sur leur réputation, car elle-même avait été victime de rumeurs qui l'avaient beaucoup déstabilisée, car elles étaient fausses. Elle souhaitait donc se faire sa propre opinion de lui. Elle aurait sûrement l'occasion, cette nuit. Elle leva les yeux vers lui et croisa son regard brun. Elle le fixa calmement. Étrangement, sa présence l'apaisa. Elle se sentait extrêmement seule cette nuit-là, un peu de compagnie était la bienvenue.

Une deuxième chose était sûre : c'était un Serpentard. Préfet et Serpentard. Elle était sans doute tombée sur le gros lot. Mais, encore une fois, il ne semblait pas lui vouloir de mal. Elle décida de se fier à son instinct. Après tout, Serpentard ne signifiait pas forcément "Impitoyable et vil".
La jeune fille n'était pas très bavarde, mais elle savait que pour communiquer, la parole était malheureusement parfois importante. Elle sourit vaguement en disant :

"Sans doute..."

Elle allait lui demander ce qu'il faisait ici, mais se ravisa. Après tout, cela ne la regarderait pas. Et puis, elle ne tenait pas à lui dire elle-même.
Naelia se tut un bref instant, le fixant toujours de ses yeux gris perle, puis ajouta :

"Enchantée."

C'était une drôle de façon de se présenter, sans le moindre doute. Naelia était comme ça ; la nuit, une part de mystère l'enveloppait. elle voulait trouver un refuge être invisible aux yeux des autres. Elle ne lui dit pas son nom, car elle avait peur que des rumeurs l'aient précédée. Et, de toute façon, le nom avait bien peu d'importance à ses yeux.
Elle avait pas prononcé le prénom de son interlocuteur pour différentes raisons. La principale était qu'elle ne voulait pas qu'il croit qu'elle se fiait à sa réputation.
La jeune fille ne pouvait pas bien distinguer le visage de son interlocuteur, car le faible Lumos de sa baguette, dirigée vers le bas pour ne pas l'éblouir, ne suffisait pas. Elle ne l'accentua pas, l'obscurité était essentielle à ses yeux, au cœur de la nuit.

La pluie continuait de marteler les toits, et la jeune Poufsouffle se demanda vaguement comment elle ferait pour redescendre. Elle se fierait sans doute à son agilité, comme toujours.
Elle attendit la réponse du Serpentard. Allait-il se présenter ? Lui reprocher sa présence ici ? Lui demander ce qu'elle faisait là ? Ou bien, continuer sur le même ton qu'elle ? L'avenir n'allait pas tarder à le lui dire.
La situation était assez étrange, suffisamment pour qu'elle le remarque. Elle était seule avec le Préfet de Serpentard, au milieu de la nuit, sur les toits, sous la pluie. Il aurait déjà du l'envoyer dans son dortoir avec des points en moins, et un bon paquet. Mais non, il restait là, immobile, ne bronchant pas, et dégageant une aura calme et tranquille. C'était paradoxal. C'était la vie, sans doute. Naelia ne cillait pas. Elle tenait à lire dans son regard pour l'instant assez neutre. Elle voulait savoir ce qu'il pensait, deviner ses réactions, anticiper ses gestes. Le regard était pour elle quelque chose d'extrêmement précieux, et de tellement révélateur...

Elle attendit, patiemment, qu'il lui réponde. qu'il change légèrement son regard, qu'il lui donne des informations supplémentaires. Naelia était une jeune fille assez contradictoire ; elle s'enveloppait inconsciemment de mystère, mais aimait tout savoir des autres.

La jeune fille attendit quelques secondes puis se retourna et Brad put confirmer qu’il ne l’avait jamais rencontré. Un demi sourire aux lèvres, celle-ci avait, bien évidement vu les circonstances, le visage et les cheveux trempés. C’est alors seulement que Brad se rendit compte de l’étrangeté de la situation, il devait être lui aussi bien mouillé. Il vit que la jeune fille avait l’air d’avoir des yeux très clairs, mais dans l’obscurité, il n’arrivait pas à en discerner la couleur. Ceux-ci le regardaient, et Brad vit qu’ils s’étaient attardés, en une fraction de secondes, sur son insigne de préfet de serpentard.

Alors que la jeune femme le fixait calmement, Brad se demanda dans quelle maison elle pouvait bien être, ce n’était déjà pas serpentard, car il connaissait tous les élèves. Il n’avait pas eut vent des rumeurs au sujet d’elle, n’écoutant pas celles-ci. Après tout, il y avait déjà bien assez de rumeurs à son propre sujet pour qu’il s’attarde sur celles des autres. De plus, Brad avait remarqué que dans la plupart des cas, les rumeurs s’avéraient sans véritable fondement, et donc fausses. Brad entendit la douce voix de sa camarade, elle n’avait pas l’air de s’inquièter sur une quelconque sanction qu’il aurait pu lui infliger. Pourtant, en général, comme il était à serpentard, les autres élèves avaient tendance à le craindre. Il répondit calmement, la pluie toujours battante :

"De même."

En général, Brad exigeait, selon ses principes, qu’une personne qu’il ne connaissait pas commence par se présenter. C’était selon lui, la moindre des choses, et une marque indispensable de politesse. Cependant, il ne savait toujours pas à qui il avait à faire, bien que cette silhouette de marbre sous la pluie ait une longueur d’avance sur lui. Serpentard, Préfet, Brad Nelsen, et sans doute aussi, 7°année, chef d’équipe de quidditch, batteur. Elle avait déjà sûrement beaucoup trop de renseignements sur lui, alors qu’il n’en disposait d’aucun sur elle, à part le fait qu’elle n’était pas préfet. Cela lui créa un retournement de situation involontaire.

En temps normal, c’était lui qui était mystérieux, mais dans cette situation, non. Il fallait dire aussi qu’avec la célébrité, Brad ne pouvait plus jouer avec les autres sur qui il était comme lors de sa première année. A cette époque, il était surtout connu comme étant le descendant d’un célèbre mangemort, la gazette parlant beaucoup de celui-ci car il venait de s’échapper d’Azkaban. Brad adressait toujours un sourire énigmatiques aux élèves qui osaient lui parler de son père, car il leurs lançait un regard tellement sombre que personne n’avait encore osé lui demander s’il savait où celui-ci se cachait. Cela restait un mystère régnant sur lui.

Brad restait à la regarder en la fixant lui aussi. Comme il sortait souvent la nuit, il avait une bonne vue, mais ce n’était pas suffisant pour l’observer dans ses moindres détails. Brad se contentait de fixer la lumière qui émanait de ses yeux, le fixant aussi. Brad savait pertinemment que la jeune fille ne pourrait lire aucune émotion en lui, car il savait les canaliser et ne rien laisser paraître. Il savait également bloquer ses pensées, car les arts martiaux lui avaient appris à bloquer son esprit et à faire le vide en lui déjà très jeune.

Ce talent était très important pour lui, car il ne supporterait absolument pas qu’on lise en lui, qu’on découvre toutes ses moindres pensées, ses idées, son passé, ses secrets… C’était entre autre l’une des raisons pour laquelle il paraissait souvent froid et mystérieux de prime abord, car il ressemblait à un être vide de tout sentiments. Cependant, il lui arrivait d’en dévoiler quelques uns par la suite, s’il estimait son partenaire digne d’entrer un peu plus dans son intimité. La fixant toujours, sans ciller, il rajouta, après un bon moment :

"J’imagine que tu sais déjà qui je suis, il m’est donc inutile de me présenter."

En ces mots, il ne se ventait nullement de quoi que ce soit, il voulait juste signaler un fait. Comme il avait pour habitude de tester les réactions de ses nouvelles rencontres, il voulait voir si la jeune demoiselle aurait l’intelligence de comprendre qu’il attendait là qu’elle se présente. Brad n’était pas très bavard, il fallait souvent deviner des choses implicites avec lui, lire entre ses mots. Il estimait qu’il était inutile de parler pour ne rien dire, et chacun de ses mots avait son importance. Il ne bougeait pas, restant sur ses positions et attendant de voir la réaction de la jeune fille. Il gardait volontairement un comportement insaisissable, si bien qu’elle pouvait toujours douter de prendre une sanction de sa part et qu’il la renvoit dans son dortoire.

Naelia fixait toujours les yeux bruns du Serpentard. Il ne laissait paraître aucune émotion. Ce n'était pas la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un comme ça. Il finirait bien par se trahir à un moment ou à un autre. Se cachait-il à cause de son éducation de Serpentard ? Ou bien, à cause de son père ? Le mystère resterait sans doute intact, et cela avait bien peu d'importance.

Il lui répondit. "De même". Deux mots, seulement deux petits mots, un échange de bons procédés. Mais deux mots qui avaient une signification, en cette nuit pluvieuse. Il disait qu'il était "enchanté", lui aussi. Il avait sans doute dit ça comme ça, par politesse. Mais pour Naelia, ces mots étaient très importants. Par le passé, elle avait si souvent été exclue, rejetée, mise à l'écart, à cause de son caractère, de sa différence...Jamais on ne lui aurait dit "de même". Jamais. A Poudlard, tout avait changé, sa vie avait basculé. Elle s'était fait des amis, avait été intégrée. On lui avait posé des question sur elle, sur son passé. Pour elle, c'était comme un rêve tout éveillé. La longue léthargie de ses premières années s'était peu à peu muée en une vie. Pour la première fois, elle s'était sentie vivante.

Naelia cligna des yeux, et les souvenirs refluèrent. Elle ne devait pas se laisser influencer par son passé. Elle vivait dans le présent. La jeune Poufsouffle ne troubla pas le silence qui s'était installé. Le silence de la pluie. Ils continuaient de se fixer, yeux bruns, yeux gris, sous la pluie, sur les toits. Une drôle de situation, pour une drôle de vie. Rien n'aurait pu prédire qu'elle se trouverait un jour là, en face de lui. Lui, un Serpentard, fils d'un terrible Mangemort. Pourquoi n'avait-elle pas peur ? Elle aurait été incapable de le dire. S'il ne lui aurait sans doute pas fait de mal, car dans l'enceinte de Poudlard, il risquait des ennuis, il aurait très bien pu la renvoyer dans son dortoir immédiatement, et user de son autorité pour lui infliger une sévère punition.

Ils étaient là, et ils échangeaient quelques paroles polies. Étrange. Anormal. Magique.
Il reprit enfin la parole. Oui, elle savait qui il était. Il était sans aucun doute bien inutile de se présenter. Leur relation commençait vraiment sur des bases étranges. Elle avait plus d'informations sur lui que lui sur elle, elle possédait une sorte d'avantage. Quelque chose lui disait que ce n'était pas pour plaire à Brad. Elle ne pouvait toujours rien lire dans ses prunelles sombres.

Elle avait très bien compris le message subliminal de sa réponse. Il voulait sans doute savoir qui elle était. Elle allait le lui dire. Elle aurait aimé garder le silence là-dessus un peu plus longtemps, mais cela était inutile, et il valait mieux ne pas l'énerver. Après tout, il était en position de supériorité.
Elle répondit calmement à sa question sous-entendue :

"En effet, je sais qui tu es. Du moins, je connais ton nom. Je suis Naelia Thurindae."

Leur duel silencieux pouvait continuer longtemps. Aucun des deux ne semblait disposé à parler beaucoup. Tout cela était bien trop étrange. Mais l'étrange ne faisait pas peur à Naelia.
Elle avait volontairement dit "Du moins, je connais ton nom", afin de lui montrer qu'elle ne se fiait pas aux rumeurs, à sa réputation. Elle se fichait de son passé, de son père de sa maison. Elle voulait juste avoir l'opportunité de le connaître, pour enfin pouvoir le juger sur ce qu'il était. Et la jeune fille se doutait qu'il faudrait du temps avant de le connaître réellement. Il était très difficile à cerner, impénétrable, et quelque chose lui disait qu'elle était toujours à deux doigts de se faire envoyer dans son dortoir.

Il fallait qu'elle parle. Qu'elle dise quelque chose, qu'elle l'empêche de partir. Il l'intriguait, elle voulait savoir qui se cachait derrière cette carapace. Mais elle savait qu'à trop jouer avec le feu, on se brûle. Elle ne savait pas quoi dire. D'ailleurs, il valait peut-être mieux ne pas parler. Elle entre-ouvrit la bouche, comme pour parler, puis la referma.

Ce qu'elle dit ensuite l'étonna elle-même. Elle avait parlé spontanément, disant ce qu'elle avait sur le cœur. Elle faisait rarement cela avec un inconnu. Tant pis, elle assumerait les conséquences.

"J'aimerais te connaître, Brad. J'aimerais vraiment."

Un cri du cœur, comme on dit. Elle avait appris à faire taire son âme, et, ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, elle n'avait pu se retenir. Elle voulait lui montrer qu'elle se fichait de ce qu'on pouvait dire sur lui. Elle désirait vraiment qu'il comprenne ses véritables intentions. Le connaître, vraiment, pas juste sa façade externe. Elle avait tout son temps, toute la nuit, et les suivantes, pour tenter de le comprendre. Tout dépendait de lui, maintenant.

Il devait sans doute se dire qu'elle était folle, bizarre, et ce n'était pas totalement faux. Elle était différente. Ses chances de parler avec lui étaient moindres, désormais. Il allait sans doute s'énerver. Naelia attendit les conséquences de ses paroles. Elle ne se laisserait pas faire, quoi qu'il arrive.

Brad apprécia le fait que la jeune fille se corrige. En effet, il y avait une grande nuance pour lui entre connaître le nom d’une personne et savoir qui il était. Brad avait l’habitude qu’on le compare à son père, qu’il n’appréciait pas vraiment, parce qu’ils avaient tout deux le même nom.
Or ce n’était pas pour autant qu’ils s’entendaient et avaient les mêmes points de vue, loin de là. Comme Brad ne parlait pas, il vit Naelia qui voulait faire une tentative, mais referma la bouche. Brad n’eut guère le temps de penser à ce qu’il allait rajouter ensuite, car elle se décida finalement à reprendre la parole.

Brad cacha son étonnement. La jeune fille voulait le connaître, soit. Il avait l’habitude de sa célébrité, et savait pertinemment que beaucoup de filles à poudlard voulaient le connaître et percer les mystères qui l’entouraient.
Cependant, Naelia avait employée un ton qui l’avait plutôt étonné, et le fait qu’elle accentue son désir avec le mot ‘vraiment’ montrait qu’il ne s’agissait pas forcément d’un intérêt juste curieux ou d’une folle passion amoureuse.
Brad avait perçu cela plus comme savoir qui il était vraiment, au de là de toutes les rumeurs qui l’entouraient et des préjugés dont se nourrissaient volontiers son fan club.

Ce qui l’avait étonné également, c’était la breveté et l’inattendu de la chose. Il venait à peine de la rencontrer, ne connaissait d’elle que son nom, et elle osait déjà lui en demander plus. Brad n’était vraiment pas du genre à se confier, surtout à parfaite inconnue. Qui pouvait se venter à poudlard de vraiment le connaître ?
Pas grand monde en tout cas.
May Eva devait être la personne du château qui avait réussie le plus à le faire se confier, et il en était de même pour Brad qui connaissait cette jeune fille plus que personne.
C’était justement cet échange réciproque qui l’avait incité à parler, car elle avait osé se révéler sous sa véritable nature face à lui, brisant son énorme carapace.
Cependant, elle l’avait fait avant lui, et il préférait faire les choses dans cet ordre là, de façon à être sur qu’il avait quelque chose en échange. Brad était comme ça, c’était toujours un équilibre à trouver, lorsque quelqu’un attendait quelque chose de lui, il devait en payer le prix.

Avec un air mystérieux, il s’avança vers elle et la devança pour regarder au loin, la pluie toujours battante. Il regardait le ciel, le visage sans expression, peut-être réfléchissait-il, qui sait ? Peut-être n’allait-il même pas répondre…
En général, il répondait aux questions indiscrètes par d’autres questions. L’obscurité de la nuit accentuait l’étrangeté de la situation. Peu de temps après, Brad se retourna vers elle et lui dit enfin :

"Que sais tu de moi ?"

En disant cela, il avait bien sur détourné la question pour lui en reposer une autre, comme à sa grande habitude. Cependant, cela ne voulait pas dire qu’il était entièrement fermé sur le sujet, Naelia ne pouvait pas le savoir.
Peut-être ne pourrait-il pas s’empêcher de corriger certains faits. Puis, il rajouta pour lui signaler son avance sur lui :

"Moi j’ignore tout de toi."

Il ne bougeait pas et la regardait toujours sans ciller. Naelia pouvait être à présent rassurer, il ne comptait apparemment pas la punir, et par on ne sait quel miracle, il avait eut la bonté de lui répondre sur un ton correct, qui engageait même une conversation.
Peut-être avait-il tout simplement jugé que cette personne, qu’il apprenait à connaître, méritait elle aussi quelques petites confessions de sa part, rien n’était moins sur.
Il ne connaissait rien de ses origines, son nom ne lui évoquait pas grand-chose, elle n’avait certainement pas de la famille mangemort, sinon il connaitrait celle-ci.
Cette remarque incitait aussi la jeune femme à se dévoiler à lui si elle espèrait qu'il en fasse de même.

Elle était foutue. Naelia en était sûre. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi avait-elle été aussi directe ? Depuis des années, elle tentait d'être moins spontanée. Elle réfléchissait bien avant de parler. D'ailleurs, elle ne parlait pas beaucoup. Mais là...là, elle s'était conduite comme une idiote.
Pourtant, elle ne regrettait pas. Après tout, quoi de mieux que la sincérité ? Il fallait qu'elle lui dise. elle lui avait dit. Rien de plus simple.

Après un silence, il s'avança un peu vers elle. Son expression était indéchiffrable. Sentant qu'elle n'allait pas tarder à regretter ses paroles, Allait-il lui répondre ? Ou la laisser en plan, comme ça ? Elle n'aurait su le dire. Elle ne pouvait toujours pas distinguer très clairement les traits de son visage, même s'il s'était rapproché.
Après un bref silence, il se tourna vers elle. Tentant de décrypter son regard sombre, elle écouta sa question. Moyen pratique d'éluder une question. Il gagnait du temps. Toutefois, sa question n'était pas idiote. Elle en savait sans doute beaucoup trop sur lui - trop peu peut-être. "Que sais tu de moi ?" Une question simple, à laquelle elle aurait pu apporter des milliers de réponses. Elle le fixa d'un air impassible, tout en réfléchissant très fort. Que pouvait-elle lui réponse ? Le but n'était pas de le blesser...Raconter son histoire serait inutile. Il ajouta : "Moi j’ignore tout de toi."

La jeune Poufsouffle soupira silencieusement. Qui donc la connaissait réellement ? Elle-même ne savait pas qui elle était. Elle sentit bien la question sous-entendue. Il voulait des renseignements.
Serpentard. Besoin d'en savoir plus sur les autres. Etait-ce une ruse ? Connaître les failles de l'adversaire... Allait-elle lui répondre ?

Il fallait qu'elle réponde à sa première question. Elle ne cacherait rien.

"J'en sais bien peu, en fait. Je connais bien sûr tes titres, l'histoire de ton père. de toi, je sais peu de choses. Que des rumeurs auxquelles je ne prête pas attention. "

Elle se tut un instant, puis ajouta :

"Tout ce que j'arrive à voir, c'est ta carapace. Même ton regard est indéchiffrable. Non, je ne sais rien de toi. Absolument rien."

Elle se tut de nouveau, et, pour la première fois, baissa les yeux. Elle sentait au fond d'elle qu'il la jugeait, qu'il tentait de savoir ce qu'elle pensait. Il avait engagé la conversation, il ne comptait sans doute pas la punir. De toute façon, cela n'avait guère d'importance. Mais son regard lui semblait trop perçant, elle avait l'impression qu'il lisait lui aussi dans ses yeux tout ce qu'elle ne pouvait cacher. Elle affronta de nouveau son regard, et ajouta :

"Sur moi, il n'y a pas grand chose à savoir. Je ne suis même pas sûre de pouvoir te renseigner. j'ignore moi-même qui je suis réellement. Toutefois..."

Elle tourna la tête et son regard se perdit dans le lointain.

"Toutefois, je suis prête à répondre à tes questions. Si tu en as, bien sûr. Cependant, je doute que ma vie t'intéresse beaucoup."

Il avait peut-être décelé un peu d'amertume à la fin de sa réplique. Elle ne demandait pas qu'il s'intéresse à elle. Mais dans sa vie, elle avait trop souffert de la solitude, et elle en souffrait encore aujourd'hui. Elle ne put porter encore son regard sur lui. Il risquait trop de comprendre ce qu'elle ressentait. Elle ne voulait pas.

Elle venait de dire quelque chose d'inédit. "Je suis prête à répondre à tes questions"...Elle ne l'avait jamais dit à personne. Elle n'osait se dévoiler trop, par peur de s'attirer les moqueries, le dégoût. La jeune fille tenait à avoir une réponse à ses questions. Pour cela, il fallait qu'elle fasse des efforts. Elle voulait savoir qui se cachait derrière ces yeux bruns. Et elle espérait bien le trouver.

Un violent frisson la tira de ses pensées. Elle s'aperçut qu'elle avait froid. Elle avait oublié qu'ils étaient sous la pluie battante, dans la nuit. Leur conversation l'avait tant préoccupée qu'elle avait fait abstraction de son environnement.
Elle n'avait bougé que la tête depuis tout à l'heure, et lorsqu'elle bougea légèrement, une masse d'eau tomba par terre. Les membres un peu ankylosés, elle attendit sa réponse.

Lorsqu’elle évoqua qu’elle savait ses titres, Brad entrouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais dès qu’elle parla de son père, il le referma aussitôt et serra les dents. Il se contrôla puis redevint calme, impassible.
Il fut satisfait qu’elle ne prête pas attention aux rumeurs qui courraient sur son sujet, cela la remontait un peu dans son estime. Mais de toute façon, il savait que personne ne pouvait jurer de la réalité de ces rumeurs et elles étaient donc pour beaucoup que de simples rumeurs.
Quant à l’histoire de son père, qui n’en n’avait jamais entendu parlé ? Il avait fait la une de plus d’une trentaine de Gazettes et était en plus recherché en ce moment. Ce célèbre mangemort, aussi rusé que sans pitié, avait déjà tué grand nombre de sorciers, et même certains moldus, et était à la tête d’une troupe de partisans à ses ordres. Le fait qu’elle sépare bien l’histoire de son père de la sienne lui était appréciable, on l’avait tellement comparé à lui…
Bien qu’elles soient quand même reliées, ces histoires étaient bien différentes, surtout au niveau du personnage principal.

Lorsqu’elle lui avoua qu’elle ne voyait que sa carapace et qu’il était indéchiffrable, Brad tourna son regard vers le lointain. On lui avait déjà fait à maintes reprises ce genre de remarque, qui était dut en partie au fait qu’il bloquait son esprit. Il en était de même pour May, peu la voyait vraiment telle qu’elle était et elle avait eut ce réflexe de bloquer en permanence son esprit…
Brad ne pouvait s’en empêcher, il ne pouvait pas se dévoiler, bloquer son esprit était une protection inuie, il n’aurait pas supporté qu’on s’insère dans son esprit, tel un légimence ou encore un télépathe. Cela était vital à ses yeux, il s’était donné bien trop de mal à faire le vide en lui et une fois cette performance atteinte, elle ne le quittait plus.
D’une certaine façon, c’était une partie de lui, ce grand mystère, qui faisait son charme. Il était comme ça, cela faisait partie de lui, et il l’assumait. Même s’il donnait l’impression de briser les cœurs de ses admiratrices sans aucune peine, Brad savait au fond de lui qu’il était un être doté de sentiments, c’était ce qui importait.
Les rumeurs et ce qu’on pouvait bien penser de lui, il s’en fichait, il continuait son chemin de son côté. Il avait souvent ce genre de réflexions égoïstes, mais c’était un solitaire dans l’âme.

Il reporta son attention sur Naelia. Finalement elle n’avait pas tout à fait tors, il est vrai qu’elle connaissait les rumeurs, mais que savait-elle vraiment de lui ? Rien.
Le fait que la jeune fille baisse les yeux était un signe de fuite qui l’interpella aussitôt. Après tout, contrairement à lui, elle ne pouvait cacher ses émotions.
Elle devait sûrement prendre très à cœur le fait de vouloir le connaître, il ne pouvait que voir son désarroi et cela le toucha, bien qu’il fût le seul à le savoir. Puis elle le regarda de nouveau, ce qui confirma ses soupçons car ses yeux lui disait ce qu’elle ressentait. Bien que Naelia déclara ne pas se connaître elle-même, Brad fut partagé. Dans un sens, elle avait tors car elle ne pouvait tirer un trait sur le passer qu’elle avait eut et qui faisait d’elle ce qu’elle était. Il y avait également sa famille, ses origines, son lieu de vie, certaines de ses qualités, ses défauts, ses joies, ses peines…
Tant de choses qu’il ignorait. Après tout, qui pouvait se connaître mieux qu’elle-même ? Mais d’un autre côté, Brad était souvent lui aussi face à ce genre de sentiment. Par exemple, il était incapable de faire des choix, de savoir ce qu’il voulait vraiment, bien qu’il soit très déterminé une fois qu’il le savait.

Brad avait toujours l’air indifférent. Naelia n’avait pas tors, pourquoi se serait-il intéressé à sa vie ? Il avait déjà du mal à comprendre pourquoi elle voulait mieux le connaître… Cependant, il avait remarqué la note d’amertume qui tintait sa voix, et cela l’incita un peu. Ce n’est pas non plus qu’il la prenait en pitié, mais cette jeune fille éveillait quand même chez lui un intérêt de part son attitude touchante. Brad ne manqua pas le frisson qui envahit Naelia, il soupira, embêté, et il se ravisa en disant sombrement :

"Je crois que tu ferais mieux de rentrer. Tu vas prendre froid."

Comme il se rendit compte qu’il avait peut-être employé un ton pas très approprié, il dit plus gentiment, ne voulant pas qu’elle le prenne trop mal :

"Nous aurons tout le temps de parler de ça un autre jour… "

A ces mots, il ne bougea pourtant pas. Si elle voulait rester ici, il n’allait pas se battre. C’était aussi une façon de tester sa détermination, tout comme sa patience. Brad n’était pas un lâche, il n’avait pas cherché une excuse pour ne pas avoir à répondre à des questions, cette raison s’était présentée à lui comme une évidence : la pluie ne s’arrêtait pas, tout deux était trempés, et ils n’y voyaient pas grand-chose. Il y aurait sûrement d’autres conditions plus favorables à ce genre de discutions avec lesquelles Brad n’était pas très à l’aise. Il n’avait marqué aucuns signes quant à savoir s’il allait rester ou non, il attendait la réaction de Naelia...

Pendant qu'elle parlait, Naelia avait put déceler, une fraction de seconde, de la colère chez le Serpentard. Lorsqu'elle avait évoqué son père. Elle comprenait sa réaction, et espéra qu'elle ne l'avait pas blessé. Elle n'établissait aucun lien entre son père et lui, et elle espéra qu'il avait compris.
Il tourna de nouveau son regard vers le fond de la nuit, et elle comprit ce qu'il ressentait à ce moment-là. Elle-même s'était forgée une façade au fil des années, dont elle n'arrivait pas à se séparer. Elle faisait des efforts pour paraître plus accessible, pour laisser transparaître ses émotions. Mais était-ce la bonne solution ? Elle n'en savait rien.

Une fois sa réplique terminée, elle frissonna donc. Bien entendu, il l'avait remarqué, malgré l'obscurité. La réponse qu'il lui apporta la glaça davantage. "Je crois que tu ferais mieux de rentrer. Tu vas prendre froid."
Il voulait qu'elle parte. Mauvaise excuse. Elle l'avait blessé, elle en était sûre. L'avait énervé, peut-être. Ennuyé, dans tous les cas. Elle se figea. Il souhaitait qu'elle s'en aille. Que devait-elle faire ? Le laisser tranquille, sans doute. Elle commençait tout juste à discerner les traits de sa personnalité que leur échange allait prendre fin.

Soudain, elle comprit.

Ce sentiment qu'elle ressentait si fortement, qui lui nouait l'estomac. Qui paralysait encore plus ses gestes. Elle avait peur.
Peur d'être de nouveau toute seule. Ces longues nuits d'insomnie la brûlaient à petit feu. De longues heures durant lesquelles elle ne pouvait que réfléchir. Tant de questions la tourmentaient...S'il s'en allait maintenant, ajoutant des dizaines de questions à sa liste, elle serait très perturbée. Elle détourna le regard. Elle aurait pu rester des heures, toute la nuit même, sous la pluie, les membres paralysés par le froid. Par pitié, qu'il ne lui dise pas qu'il fallait qu'elle rentre ! Qu'allait-elle faire ? Jusqu'au petit matin, il faudrait qu'elle rumine ses sombres pensées. Impossible. Besoin de compagnie. Même sans mots. Il pouvait s'énerver contre elle, la gifler s'il le voulait, il fallait qu'elle sente une présence à ses côtés. Elle était anormale, sans le moindre doute...

Pourquoi n'allait-elle pas se recoucher ? Se réchauffer, au moins ? Elle était idiote, mais elle ne pouvait pas.

C'est alors qu'il parla de nouveau. Elle reporta son regard gris sur lui, étonnée par le ton qu'il avait pris. "Nous aurons tout le temps de parler de ça un autre jour… " Le temps...pouvait-elle se fier au temps ? Combien d'espoirs avaient été détruits ainsi ?
Pour elle, cette phrase était comme une promesse. Elle ne pouvait croire les promesses. Trop de désillusions hantaient son passé. Elle ne voulait pas, ne pouvait pas bouger, pas maintenant. Pourquoi en parler plus tard ? Quel autre jour, quelle autre nuit serait plus appropriée ? Souhaitait-il juste l'éviter ?
Trop de questions, elle était déboussolée.

La jeune fille le fixa longuement, le dévisageant de ses yeux aciers brillant faiblement à la lueur de son Lumos, qui faiblissait d'ailleurs. Il ne bougeait pas, lui non plus. Elle comprit qu'il lui laissait le choix. Il n'avait pas répondu à sa question. Il ne lui avait rien dit sur lui, se contentant de dévier le sujet. Il n'allait pas s'en tirer à si bon compte. Naelia se rendit compte de l'égoïsme dont elle faisait preuve, mais elle s'en fichait, plus rien n'importait maintenant. Elle hésita. Il répondait aux questions par des questions. Bien, c'était son tour, maintenant.

Elle esquissa son habituel demi-sourire qui voulait dire tant de choses, et demanda :

"Puis-je te faire confiance, Brad ? Ma confiance ne se gagne pas facilement. Tu t'en moques sans doute, mais pas moi."

Elle le regarda encore un court instant, puis s'assit sur la pente du toit, sur les ardoises. Elle montrait ainsi qu'elle ne souhaitait pas partir. Elle sentait l'eau de la pluie se déverser dans son dos, mais elle s'en fichait. Il pensait qu'elle allait attraper froid ? Tant pis, si c'était le cas, Mme Pomfresh la soignerait en un rien de temps.
Et, pour la première fois de la soirée, elle lui adressa un sourire. Un vrai sourire. Chaleureux, presque. Un sourire qui incitait à la conversation. Le genre de sourires si rares et précieux de sa part.
Elle reprit :

"Laisse-moi juste de poser une question. Tu veux bien ?" demanda-t-elle doucement.

En fait, elle s'apprêtait à la formuler, lorsqu'elle se rendit compte qu'après tout, elle n'était pas seule à décider. Elle aviserait ensuite, pour l'instant, elle attendrait sa réponse. Si réponse il y avait.

Brad, malgré l’obscurité, avait remarqué que la jeune fille frissonnait. Il vit qu’elle le dévisageait, mais n’eut aucune réaction. Lorsqu’il était seul avec l’autre personne, cela ne le dérangeait pas. En public par contre, il avait du mal à supporter certains regards de ses admiratrices. Or, comme Brad dévisageait lui aussi la poufsouffle, il ne dit rien, se contentant de rester de marbre. S’il le faisait, il était normal que Naelia puisse le faire également. A la faible lumière du lumos de la jeune femme, il apercevait ses yeux gris, voulant percer les siens. Or, Brad était indécriptable. D’une part, il savait bloquer son esprit, ce qui donnait parfois l’impression qu’il n’avait pas de sentiment, d’autre part, ses yeux étaient si ténébreux qu’ils laissaient entendre une impossibilité de lire en eux, bien qu’on puisse y plonger.

Brad fut plutôt surprit par la réaction de la poufsouffle. Il pensait que la pluie allait l’inciter à retourner tranquillement dormir dans son dortoir. Cette fille devait être perturbée pour agir ainsi. Cependant, ce sentiment de surprise était invisible aux yeux des autres, inexistants. Brad avait toujours un air calme, serein, reposé… Ce qui était qu’une apparence à côté des sentiments de haine qu’il repoussait sans cesse et la colère qui cherchait à l’envahir. Sans l’apprentissage des arts martiaux qui avaient changés sa vie, Brad aurait sans doute été impulsif, mais toujours aussi dur à cerner, mystérieux, et imprévisible.

Il regarda attentivement la jeune fille pendant un instant, puis celle-ci alla s’asseoir sur la pente d’un toit. Il vit le sourire qu’elle lui adressait. Chaleureux, accueillant, amical. Il resta neutre.
Il ne comprenait pas l’intérêt que lui portait la jeune fille. Etait-elle finalement elle aussi une admiratrice secrète qui ne s’intéressait à lui que pour son physique avantageux ? Il en doutait, et comme il avait l’habitude d’être très franc, il lui demanda, se rapprochant d’elle, debout, répondant toujours par des questions :

"Pourquoi veux tu me faire confiance ?"

Après tout, il était un serpentard. Qui pouvait vraiment se confier à lui sereinement sans songer qu’il utiliserait ces informations à son profit ? Pouvait-on avoir confiance en lui ? Inspirait-il la confiance ? Pas vraiment… Il est vrai que son côté calme laissait volontiers croire qu’il renfermait de nombreux secrets, et qu’il pouvait encore en avoir d’avantage.
Il renchérit :

"Pourquoi veux tu me connaître ?"

Il ne comprenait vraiment pas l’intérêt qu’on lui portait. Comme il était plutôt solitaire, il n’avait pas l’habitude de se confier, se dévoiler aux autres. Il savait bien que beaucoup de filles s’intéressaient à lui, mais il expliquait tout simplement cela de part son physique. Qui voulait le connaître vraiment, lui ? Qui le connaissait vraiment ? May peut-être…
De plus, si la confiance de Naelia était dure à gagner, pourquoi lui offrait-elle ainsi, à lui, qui n’était rien pour elle ? Qu’elle ne connaissait même pas. D’un ton plein de regrets, il lui avoua :

"Je n’ai rien à t’offrir."

Comme il savait que beaucoup d’élèves –il connaissait surtout des serpentards- agissaient pour leur propre intérêt, pour une raison précise, il voulait connaître celle de Naelia. Il était très modeste et avait fait cet aveu, parlant de lui en mal. Il y avait tant de choses qu’il avait fait dans son passé… Même s’il n’en n’avait pas l’air à poudlard, car il était entouré d’amis, une fois seul avec son père et son groupe de mangemort, Brad était différent. Il n’était pas quelqu’un de bien, il le savait. Si tel en avait été le cas, il aurait vendu son père au détraqueurs. Si tel en avait été le cas, il ne serrait donc pas responsable de tous les meurtres commis par celui-ci. Et enfin si tel en avait été le cas, il aurait choisi son camp depuis bien longtemps...

Brad se rapprocha un peu d'elle, et Naelia put mieux discerner les traits de son visage, ainsi que ses yeux, toujours aussi impénétrables. "Pourquoi veux tu me faire confiance ?" Cette question la prit au dépourvu. C'est vrai, elle n'avait aucune raison de vouloir lui faire confiance. Mais voilà, elle lui faisait confiance, sans vraiment savoir pourquoi. Elle ne voulait pas, pourtant. Ne dépendre de personne, et ne jamais laisser quelqu'un dépendre d'elle. Elle avait suivi cette règle à la lettre durant de longues années. Trop de désillusions, elle ne pouvait se permettre d'accorder ainsi sa confiance au premier venu. "Pourquoi". Ce mot qui revenait si souvent, et auquel aucune réponse n'était jamais complète. Il reprit : "Pourquoi veux tu me connaître ?". Parce que trop de mystère l'enveloppait, et qu'elle cherchait toujours à connaître les gens autour d'elle, surtout ceux qui étaient si différents d'elle, qu'elle n'aurait pas du approcher. Il termina avec une sorte d'amertume mêlée de regrets dans la voix que Naelia ne comprit pas bien : "Je n’ai rien à t’offrir."

Naelia lâcha un rire léger, puis sourit en le regardant. C'était sans doute la première fois qu'on lui disait quelque chose de la sorte. Tout simplement parce qu'avant, les gens se fichaient complètement de ce qu'elle pouvait penser et vouloir. Naelia répondit :

"Tant mieux, car je n'attends rien de toi. Je ne te demanderai rien.
Je ne veux pas te faire confiance, je te fais confiance. Et si je veux te connaître, c'est justement parce que je ne comprends pas pourquoi je t'offre ainsi ma confiance. Je n'ai rien à te demander, Brad, je veux simplement comprendre."

Peut-être aussi qu'elle ne pouvait s'empêcher de voir en lui une opportunité... On lui avait déjà évoqué l'existence d'un grand frère, qu'elle n'avait jamais rencontré. Elle ne savait rien de lui, absolument rien. Elle savait que ses recherches seraient vaines. Alors, si elle arrivait à comprendre Brad, peut-être comprendrait-elle aussi ce frère, et aurait-elle une idée d'où il avait bien pu aller...C'était une hypothèse très improbable, mais pourquoi ne pas tenter ?

Naelia sortit dans ses pensées lorsque la pluie commença à ralentir, à se faire moins violente, moins cruelle. Elle réalisa qu'elle était restée silencieuse un long moment, le regard dans le vague.
La jeune fille reporta son regard sur Brad, toujours aussi immobile. Il avait refusé de répondre à sa question. Elle ne la lui imposerait pas. La pluie était très faible maintenant, et un nuage s'écarta progressivement de la lune. Naelia put mieux distinguer le visage de son interlocuteur, impassible. Qu'espérait-elle ? Rien, en fait. Elle n'attendait rien. Elle ne savait même pas vraiment ce qui la retenait ici. A part ce désir de comprendre, enfin.

Soupirant, Naelia murmura, plus pour elle que pour lui :

"Finalement, même la pluie m'aura abandonnée..."

Consciente de l'absurdité de ce qu'elle venait de dire, Naelia esquissa un demi-sourire pas très convainquant. Sa façon de dire "peu importe, au point où j'en suis...".
Ne sachant pas très bien pourquoi elle avait dit ça, la jeune fille passa une main dans ses cheveux trempés, et dit :

"Tu dois me trouver tellement étrange...Je comprends, bien sûr, je le pense moi-même...Qu'est-ce qui te retient ici ?"

Une évidence, et une question comme une autre. Pas tellement de curiosité de sa part, simplement le besoin de combler ce silence.

Brad, qui prenait tout cela très au sérieux, fut surprit d’entendre le rire de sa camarade. Cela dit, il se contenta de la regarder attentivement, cherchant une explication, toujours les traits énigmatiques. Naelia sourit. Il attendit plus de détails. ‘Je n'attends rien de toi. Je ne te demanderai rien.’
C’était bien la première fois qu’il entendait quelqu’un lui dire ça.

Bien sur, il ne disait pas à qui veut l’entendre ce qu’il avait dit à Naelia, mais tout de même. Brad était sans arrêt persécuté par ce qu’on exigeait de lui, ce qu’on son père lui demandait avec de nombreux chantages et stratagèmes longtemps étudiés, le rôle qu’il devait jouer en tant que son descendant.
Tant de choses qu’il devait accomplir, qu’on exigeait de lui, et auxquelles il ne faisait que douter.

Naelia poursuivit : ‘Je te fais confiance’. Il resta sans voix. La pluie ralentit, il restait immobile. Tant de choses se passaient dans sa tête alors qu’il donnait une impression de calme profond. Brad n’entendit à peine les paroles de Naelia qui suivèrent, qui, il s’en doutait, devait être autant pour lui que pour elle. Surement une réflexion sur le temps, qui enfin s’était calmé.
C’était comme si, en même temps que son hésitation à s’ouvrir plus à cette élève, le temps l’incitait à rester ici, avec elle.

Brad se décida enfin à parler, autant pour réfléchir lui-même que pour attendre une réponse de Naelia :

"Comment peux tu me faire confiance ?"

Et il rajouta plus sombrement, presque en chuchotant:

"Tu n'me connais même pas."

Bien sur, c’était plu une constatation qu’une question, car il avait très bien comprit que Naelia ne se l’expliquait pas elle-même. Cela paraissait complètement absurde au serpentard. Il avait déjà du mal à faire confiance aux élèves qu’il connaissait le mieux, alors à un parfais inconnu.
De plus, un fils de mangemort, et un élève de serpentard. Il n’avait vraiment rien pour inspirer la confiance.

Puis, à la question de Naelia, il répondit machinalement, comme à une réponse prévue depuis longtemps :

"Insomnie."

Depuis les sept années qu’il était à poudlard, il allait souvent sur les toits les soirs, ayant toujours été insomniaque. Lorsque cela lui arrivait de croiser des élèves, cette question était de celles qui revenait le plus souvent et à laquelle Brad ne répondait que par un seul mot. Un mot qui voulait à la fois tout dire, mais qui cachait tant de choses…
Des cauchemars, des doutes, des songes.
Un passé trop douloureux à porter, et un avenir avec un tel fardeau.

De plus, Brad n’avait pas réfléchit plus à cette question, mais ce soir, il y avait également cette élève qui le retenait. Bien sur, il serait quand même resté s’il ne l’avait pas croisée, elle ne changeait en rien ses décisions, mais elle était là.
Brad lui adressa alors un regard interrogateur, qui l’incitait à lui dévoiler elle aussi ce qui la retenait là. Brad aimait savoir autant de choses ou plus que ce qu’on savait de lui.
En aucun cas il appréciait qu’on le connaisse sans qu’il ne sache à qui il avait à faire. Il retournait donc souvent les questions.

Puis, avec un air un peu las et agacé, il lui dit, montrant qu’il était prêt à se plier à l’une de ses volontés :

"Que veux tu savoir ?"

Il parlait de la question qu’elle voulait lui poser quelques temps avant. Il avait enfin prit sa décision : il y répondrait. Tout dépendait bien sur du niveau d’intimité de cette question. Après tout, il ne connaissait à peine Naelia.
Bien entendu, s’il avait fait le choix d’y répondre, c’était qu’il trouvait en cela un certain profit pour lui. En l’occurrence, il voulait savoir pourquoi la jeune femme lui faisait confiance.
Cela permettrait peut-être à celle-ci de l’éclairer sur le sujet. Il ne faisait rarement quelque chose sans un avantage pour lui. Lorsqu’on lui demandait un service, il lui fallait quelque chose en échange, tout comme il savait qu’il aurait une dette envers quelqu’un qui lui serait utile.

"Comment peux tu me faire confiance ?" C'était la question qu'elle se posait elle-même. Non, elle ne le connaissait pas. Alors, pourquoi ? Peut-être tout simplement parce qu'il restait là, immobile, à l'écouter, ou à faire semblant de l'écouter, mais en tout cas, il était là. Il aurait pu la chasser depuis longtemps, user de son rôle de Préfet, et de son caractère de Serpentard. Mais non, il l'avait laissée là. Pour ça, elle lui était en quelque sorte redevable. Il n'attendait visiblement pas de réponse, car Naelia ne pourrait lui en apporter qu'une fois qu'elle le connaîtrait mieux, sans doute.

Se demandant ce qu'il pouvait bien penser en ce moment, Naelia posa son autre question. La réponse fusa. Insomnie. C'était visiblement devenu un automatisme pour lui. Alors, lui aussi était insomniaque ? Il avait de la chance d'être Préfet, il avait une excuse pour traîner dans les couloirs, la nuit. La jeune fille devait sans cesse se cacher, pour échapper au concierge et aux Préfets. Naelia vit qu'il attendait une explication de sa part, et elle dit simplement :

Idem.

L'air las, il lui demanda ce qu'elle voulait savoir. Il accepterait sans doute de répondre à sa question. Naelia le dévisagea un instant, choisissant une question parmi celles, trop nombreuses, qui se bousculaient dans sa tête. Curieusement, elle n'eut pas envie de lui poser une question sur lui. Après tout, que pouvait-elle lui demander ? Lui demander ce qu'il pensait ou ce qu'il ressentait serait exagéré et sûrement vain, il y aurait peu de chance qu'il réponde. Quand à son passé, il ne l'intéressait pas vraiment. Une nouvelle question s'imposa à elle, et elle la formula aussitôt :

"Je sais que tu ne me connais pas, mais j'aimerais savoir...Si tu devais me décrire en un mot, qu'est-ce que ce serait ? Sois honnête, s'il te plaît."

Cette fameuse question. Une fois, elle l'avait posée à son père, étant petite. "Solitude" avait été sa réponse. Son propre père lui avait dit cela. Et, étrangement, c'était ce jour qu'elle s'était justement plongée dans la solitude et le silence.
Une autre fois, elle avait posé cette question à une fille qu'elle croyait être son amie. Elle lui avait dit "laideur", puis elle lui avait expliqué qu'en plus d'être moche, et elle laide à l'intérieur, malhonnête et méchante.

Naelia voulait savoir comment avaient évolué les choses. Elle s'attendait plus ou moins à une réponse d'une même genre, principalement "solitude". Les gens croyaient qu'elle voulait être seule, tout le temps. Ils se trompaient, mais elle n'arrivait pas à changer cet image. Elle se plongeait souvent dans le silence ou dans ses pensées, pour nuancer ses émotions. Ne dépendre de personne, et ne jamais laisser personne dépendre d'elle. Trop de désillusions dans son passé. Lorsqu'elle s'isolait, c'était pour pouvoir réfléchir, et faire le point sur sa vie. Mais elle ne comptait pas finir sa vie en ermite, et ça, personne ne semblait le comprendre.

Solitude, ou mensonge, peut-être. Mensonge serait peut-être sa réponse. Souvent, les gens intérprétaient son silence comme une sorte de mahonnêteté, comme un mensonge par omission. Mais Naelia s'était toujours promis de rester sincère avec les autres, et sincère avec elle-même. Et elle avait tenu cette promesse.

La jeune fille s'aperçut qu'elle était crispée, et se força à se détendre. Depuis combien de temps étaient-ils là, sur le toit, sur cette plateforme trempée ? Quelques minutes, des heures ? Elle n'aurait su le dire. Elle était différente, la nuit, sa notion du temps en était changée. Elle n'était pas comme en pleine journée. Sinon, elle ne lui aurait jamais posé cette question. Peut-être même qu'elle ne lui aurait pas adressé la parole.
Lui adressant un demi-sourire interrogateur, elle attendit sa réponse.

Idem. C’était un mot que Brad appréciait tout particulièrement. Bien que peu de gens ne lui ressemblent et qu’il ne l’entende pas si souvent qu’il le voudrait, ce mot lui faisait comprendre qu’il n’était pas si différent que cela, ou du moins qu’il n’était pas le seul à l’être. Ainsi Naelia était insomniaque. Intéressant. La jeune femme avait dut user de nombreux stratagèmes pour que Brad, préfet, ne la coince pas lorsqu’elle en avait assez de rester dans sa chambre. C’était un souci qu’il n’avait pas à se faire. Etre préfet s’avérait bien plus utile qu’il n’y paraissait.

Brad fut presque choqué par la question qu’il entendit. Comme Naelia avait réfléchis un petit moment, il pensait qu’elle allait lui demander quelque chose d’intime sur lui. Après tout, de nombreuses possibilités s’offraient à elle pour formuler une question le concernant, tant il était mystérieux. Il ne put s’empêcher de laisser entendre un rire, d’un coté soulagé :

"C’est donc ça qui te tracasse ?"

Il ne pleuvait à présent plus en cette douce nuit qui s’éclairait petit à petit. Il était rare que Brad se laisse volontairement rire lors d’une première rencontre avec quelqu’un. Mais là, c’était différent, elle avait été si imprévisible. Jamais il ne se serrait attendu à cela. Puis, toujours aussi amusé, il rajouta :

"Honnêtement…"

Et il réfléchit quelques instants, l’air plus sérieux. C’était bien une question de fille ça. Mais qui était-il pour la juger ? Il ne la connaissait même pas. Il était bien dure de décrire quelqu’un, et encore plus avec qu’un seul mot, lorsqu’on ne l’avait vu qu’une foi.

" Inconnue. "

Dit-il simplement, toujours aussi amusé. Cette question était si absurde qu’il ne pouvait garder plus longtemps son calme et sa sérénité apparents. La réponse, qu’elle satisfasse la jeune femme ou non, était pour le coup des plus honnête. Mais ne dit-on pas : question stupide, réponse stupide? Peut-être pas si stupide que cela après tout. En tout cas, ‘inconnue’ n’était ni péjoratif, ni mélioratif. De plus, Brad trouvait que cela lui correspondait plutôt bien. Il rajouta :

"Je ne vois pas pourquoi mon avis sur le sujet t’importe !"

Cette remarque était bien sur une question. Il était tout aussi honnête et spontané en demandant cela. C’est vrai, qu’est-ce que cela pouvait lui faire ? Brad ne s’intéressait pas au regards des autres, il vivait au jour le jour, comme il l’entendait et s’occupait seul de se qui le regardait.

Il ne s'était jamais interessé à ce qu'on pouvait penser de lui et il se fichait de plaire. Lorsqu'il avait su que beaucoup de filles étaient amoureuses de lui, cela l'avait embêté, certe, mais il était rapidement passé outre, comme lorsque tout le monde ne le voyait qu'à travers son père, les premières années. II s'était vite fait sa propre personalité, et cette réputation s'était rapidement éteinte.

Naelia se détendit lorsqu'il rit. Lui. Brad Nelsen, préfet de Serpentard, avait ri. Soit il était soulagé, soit il se moquait carrément d'elle. Dans tous les cas, Naelia trouva que l'ambiance était un peu plus détendue, et sa pression retomba. Il ne voulait visiblement pas qu'elle lui pose une question trop personnelle, enfin, c'est ce qu'elle déduisit de cet air amusé qu'il affichait désormais.
"C’est donc ça qui te tracasse ?" Et bien, oui, c'était ça.
Les premières années de sa vie, Naelia avait fait des efforts considérables pour se créer un masque qui plairait à son père. Puis il était décédé, et elle avait décidé d'enfin montrer sa véritable personnalité. Mais voilà, cela ne l'avait pas aidée, car tous ses camarades d'école la critiquaient ouvertement. Elle était perdue, ne sachant plus quelle attitude adopter. Alors oui, l'image qu'elle renvoyait commençait à l'inquiéter. Car juste avant son entrée à Poudlard, elle s'était reforgé ce masque qui lui ressemblait si peu. Masque qu'elle avait recommencé à faire tomber, petit à petit, car elle avait trouvé de vrais amis qui l'acceptaient telle qu'elle était. Ici, elle était enfin elle-même, elle avait trouvé sa place. Mais elle se posait de nouveau des questions, elle ne pouvait s'empêcher de re-songer au passé. Les gens l'appréciaient-ils vraiment ? Et quelle était la première impression qu'elle donnait ?

Comme elle ne connaissait pas Brad, elle avait posé cette fameuse question. Tant pis, elle était passée pour une idiote, enfin, elle commençait à être habituée.

Voyant que Brad prenait un air sérieux, elle se dit qu'il réfléchissait à sa réponse, et attendit. Inconnue. Bien, il ne la jugeait visiblement pas sur l'image qu'elle renvoyait, il ne la connaissait pas. Sa question lui parut soudain absurde, et pourtant, elle savait combien sa réponse lui importait. Un peu soulagée, Naelia sourit. Pourquoi cela lui importait-il ? Elle répondit très simplement :

"Tu as sans doute raison, ma question est stupide. Tu ne me connais pas. Ceci dit, certaines personnes jugent aussi sur leur première impression. Tu n'es pas le premier à qui je pose cette question, et les autres ont tous été plus...radicaux."

Se replongeant un bref instant dans ses pensées, Naelia ajouta :

"Mais...c'est...c'est un peu plus compliqué...Je..."

Ah, non, elle n'allait pas se mettre à bégayer non plus ! Naelia ferma les yeux pour trouver les mots justes, et comme elle ne trouvait pas, elle rouvrit les yeux, et dit :

"Laisse tomber, ça a peu d'importance..."

Le ciel commençait à s'éclaircir, insensiblement. Cela commençait à ressembler un peu plus à une discussion. Question, réponse, l'ordre normal, plutôt que question - question, à n'en plus finir.

Naelia dit ensuite :

"En tout cas, merci de m'avoir répondu. Tu peux penser ce que tu veux, mais il était important que je connaisse ton "mot". Justement, parce que tu ne me connais pas, ton avis était d'autant plus important."

Lui adressant son fameux demi-sourire, Naelia se dit qu'elle passait encore plus pour une folle que d'ordinaire. Enfin, peu importait.

Brad remarqua rapidement que la poufsouffle se détendait. En effet, elle lui avait parut un peu tendue depuis qu’elle avait osé lui poser cette question. Naelia déclara ‘tu as sans doute raison, ma question est stupide’, elle considérait donc qu’il avait rit après elle, ce qui n’était pas le cas. Bien que cette question lui paraisse absurde, il ne se moquait pas de Naelia, elle avait le droit de lui demander ce que bon lui semblait, il lui avait donné son accord, tant que ce n’était pas trop privé. Son rire était plutôt un rire de soulagement, mais il ne releva pas, préférant l’écouter jusqu’au bout.

Il vit que Naelia fermait les yeux. Elle avait de toute évidence quelques difficultés à trouver ses mots, si du moins elle se sentait apte à les dires. Si elle ne voulait pas le dire, il n’allait pas insister, ce n’était pas son genre du tout de trop s’intégrer dans la vie des gens. Ce qu’elle avait dit juste avant le laissait songeur. Elle avait posée cette question à d’autres personnes avant lui, il s’agissait donc d’une sorte de test, ou de sondage et non son propre avis qui lui importait. Cela le rassura un peu, il ne voulait pas qu’elle le considère trop haut dans son affection. De plus, il n’avait pas toujours les bonnes réponses aux questions, ce n’était pas la voix du sage, bien que toutes ses paroles soient longuement pré-méditées.

Cependant, Brad avait, une fois de plus, été différent des autres. Apparemment, ceux-ci étaient plus directs, ce qu’il ne comprit pas. En effet, s’il s’agissait d’inconnus comme lui, comment pouvaient-ils prétendre connaître la jeune femme ? Brad ne se fiait jamais aux apparences, tout comme il savait pertinemment qu’on ne pouvait se fier à la sienne. Les gens avaient de nombreuses facettes, et leur physique ne correspondait pas toujours à ce qu’ils étaient. Brad, par exemple, aurait pu donner l’impression d’un tombeur ou encore d’un robot, sans sentiments. Tout ce qu’il n’était pas. Il pensa également à May. Il était bien dommage pour la jeune fille que les gens attendent bien souvent une gentillesse et une pureté semblable à son physique d’ange. C’était d’ailleurs sûrement cette désillusion qui les poussait à détester May, bien qu’ils ne la connaissent pas.

Il répondit simplement et mystérieusement à Naelia, une explication qui sans doute était plus vrai qu’il n’y paraissait :

"Et bien… Peut-être tout simplement que je ne suis pas un des autres."

Bien entendu, Brad restait humble en toute circonstance. Il avait dit cela, autant comme s’il s’était s’agit d’une qualité et d’un défaut. Il n’avait jamais voulut ressembler à qui que ce soit, n’aimant en général pas les autres. Certains ignoraient trop de choses, ne pouvaient le comprendre, tout comme il ne pouvait les comprendre.
Ceux à qui la vie avait toujours tout donné, qui baignaient dans le bonheur sans avoir à se battre au quotidien. Ceux qui avaient tendance à faire d’un détail la plus grande catastrophe, n’ayant jamais connut la mort. Ceux qui jugeait sans connaître, que par un physique ou une impression de premier abord. Ceux qui idéalisaient les gens, accordaient leur confiance au premier venu, proposait leur aide sans rien en retour.
Tant de choses que Brad ne pouvait comprendre.
Il observa attentivement le ciel qui s’éclaircissait. La matinée ne devrait bientôt plus tarder mintenant.

Il ne comprit pas ce que Naelia lui dit ensuite. Ce n’est pas qu’il n’avait pas comprit ce qu’elle voulait dire, loin de là, mais il ne comprenait pas son point de vue. L’avis d’un inconnu lui importait. Pour Brad au contraire, seul lui importait l’avis de ceux qui pouvaient prétendre le connaître, car c’étaient les seuls qui pouvaient avoir raison, puisqu’ils le connaissaient. Ce que les inconnus pouvaient penser n’était bien souvent que des aprioris, des préjugés, des mensonges. Brad n’aimaient pas ceux-ci et s’efforçait du mieux qu’il pouvait de juger les gens qu’il connaissait par leurs actes, et non leur semblants, leur maison, leur famille, leurs origines. Et pour ce qui était des gens qu’il ne connaissait pas, il ne les jugeait pas tant que ce n’était pas le cas, et les laissait tranquillement faire leur vie de leur côté sans y prêter la moindre attention, comme il aurait voulus que l’on procède ainsi pour lui. Or, peut de sorciers ne semblaient comprendre cela.

Brad esquissa un sourire. Naelia lui avait dit qu’il pouvait penser ce qu’il voulait. Encore heureux. Mais de toute façon, qui pouvait vraiment savoir le fond de ses pensées ? Il lui répondit simplement :

"Ne me remercie pas pour si peu."

Répondre à une simple question n’avait jamais été pour lui un acte qui méritait une telle importance. Brad avait eut l’habitude de ne remercier les autres que lorsque ceux-ci le méritaient vraiment. Peut-être que Naelia estimait qu’il le mérite, mais lui ne voyait vraiment pas l’utilité et la valeur de la réponse qu’il lui avait accordé.
De plus, si Naelia continuait ainsi, elle allait finir par le rendre mal à l’aise. Il n’aimait pas qu’on lui fasse de compliments ou qu’on lui soit reconnaissant. D’une manière général, il n’aimait pas qu’on s’intéresse à lui, car il ne le comprenait pas.

"Et bien… Peut-être tout simplement que je ne suis pas un des autres." Ce n'était sans doute pas faux. Si Naelia avait toujours l'impression d'être hors de la norme, différente, elle s'apercevait maintenant qu'après tout, Brad avait aussi une personnalité peu banale. Elle avait encore un peu de mal à le cerner, même si durant cette soirée, elle avait réussi à le comprendre un peu mieux. Elle se rendit compte qu'elle avait été très directe en lui disant qu'elle désirait le connaître, un moment plus tôt. La nuit avait un drôle d'effet sur elle, elle laissait parler son cœur avant sa tête. En disant "j'aimerais te connaître", elle voulait dire en quelque sorte "je n'arrive pas à comprendre qui tu es, dis-m'en un peu plus sur toi". Paradoxale, la jeune fille restait mystérieuse sur ses pensées sentiments et origines, mais tentait toujours de percer le mystère qui enveloppait son entourage, et le Serpentard était particulièrement énigmatique.

"Ne me remercie pas pour si peu." Il n'avait sans doute pas compris à quel point sa réponse avait été importante. En fait, elle n'en était pas bien sûre elle-même. Mais cela avait peu d'importance. Elle esquissa un demi-sourire, et décida de ne pas insister.

Un court silence s'installa, durant lequel elle laissa son regard se perdre dans le ciel. Puis elle reprit la parole :

"Je n'aurais jamais cru être là un jour...Je veux dire, à Poudlard. Je crois qu'entrer à Poudlard est d'ailleurs la chose la plus insensée que j'ai faite."

La chose la plus folle et insensée. Elle n'aurait pas du être là cette nuit. Chaque jour, elle regrettait un peu plus d'être ici, et pourtant, elle sentait que c'était sa vraie maison, qu'elle appartenait à ce lieu empli de magie. Elle leva ensuite les yeux vers le Préfet, gardant un regard indéchiffrable. Il lui semblait un peu trop perspicace à son goût, elle avait le sentiment qu'il analysait chaque mot qu'elle disait.

[hj : désolée pour la longueur du message :/ pas trop d'inspiration today...]

Brad fut ravit de voir le demi-sourire de la jeune fille. Il voyait qu’elle était plus à l’aise, et il la préférait ainsi. Il aimait voir les gens tels qu’ils étaient réellement, pas dissimule sous un masque ou une carapace -ce qu’il avait tendance à faire pour lui-même. En même temps, il trouvait cela compréhensible d’être assez timide lors d’une première rencontre, et il faut dire qu’il avait tendance à intimider les autres.

Il regarda à son tour le ciel dégagé. Les nuages étaient repartis, et le jour n’allait plus tarder maintenant. Alors qu’il n’avait plus vraiment la notion du temps qui s’écoula sans qu’ils ne se disent un mot, Naelia prit la parole, ce qui le tira aussitôt de sa contemplation. Il l’écouta lui faire l’aveux comme quoi aller à poudlard était une chose folle est insensée. Brad ne partageait pas du tout son point de vue, et il lui dit sur le même ton, la regardant attentivement :

"Vraiment ? Etre allé à poudlard doit être pour moi l’une des seules choses sensées que j’ai fais…"

Il ne cacha pas son amusement. Apparemment, il avait plusieurs points non communs avec Naelia, mais en même temps plusieurs ressemblances. Poudlard était pour Brad l’une des choses qui comptait le plus à ses yeux, ce château lui permettait d’être libre, d’échapper à son père, de faire plus ou moins ce qu’il voulait. Se faire une place. Il avait beaucoup évolué depuis sa première année, et avait appris plus ou moins à être un peu moins solitaire et à écouter les autres. Du moins, ceux qu’il estimait.

Brad avait fait tellement de choses qu’il ne savait expliquer dans sa vie. Dès qu’il était à poudlard, il avait l’impression d’être maître de ses actes, alors que dans le manoir de son père, tout était si… différent. Comment pouvait-il expliquer qu’il assiste aux réunions de mangemorts, à tous leurs plans, leurs crimes sans vouloir qu’ils aillent à Azkaban ? Pourquoi, maintenant qu’il était plus grand, ne fuyait-il pas son père ? Lorsqu’il était à poudlard, il avait plus l’impression d’être un élève parmi tant d’autres, et pouvait passer plus facilement inaperçu, et passer du bon temps. Or, il avait tant de responsabilités, un tel poids reposait sur ses épaules. Etre un héritier d’un puissant mangemort de sang pur qui comptait bien assurer sa relève n’était pas une chose facile.

Ne comprenant pas vraiment son point de vue, il lui demanda :

"Pourquoi dis tu cela ? Ne te plais tu pas ici ?"

Poudlard était le seul lieu où Brad se sentait vraiment chez lui, loin de tout.

Cette fois-ci, Naelia ne sourit pas. Brad affichait un air amusé, mais plus elle pensait à ce qu'elle venait de dire, plus son moral descendait. Comme la plupart des élèves, aller à Poudlard avait été pour le Serpentard une des meilleures choses de sa vie. Ça l'était pour elle aussi, d'une certaine façon, mais d'une autre, c'était la pire chose qu'elle avait pu faire. Puis il lui posa une question, commençant par le fameux "pourquoi", ce pourquoi qu'elle détestait car elle ne savait y répondre complètement et précisément... Pour ma première fois, il lui posait une question un peu personnelle, sur elle, et elle comptait bien y répondre. Elle le regarda un bref instant, cherchant ses mots, immobile, puis prit la parole, à mi-voix :

"J'appartiens à Poudlard. C'est ma maison, là où je suis libre là où j'ai trouvé une famille. Mais voilà, j'ai une autre famille, qui habite en Angleterre, et cette famille a besoin de moi."

Elle avait l'impression d'être prétentieuse en disant cela, mais elle savait malheureusement que c'était la réalité. Comme elle savait que sa réponse était incomplète, et qu'elle ne répondait qu'à moitié à la question du préfet, elle poursuivit d'une voix indéchiffrable, le visage impassible :

"Ma mère est gravement malade. Quand j'étais chez moi, je pouvais travailler et rapporter de l'argent pour payer son traitement. Je me disais qu'une fois dans le monde sorcier, je pourrais la sauver. Mais cela fait six ans que je suis partie de chez moi, Cela s'éternise, et j'ai peur que sa maladie ne l'emporte. Mon frère n'arrive plus à subvenir à leurs besoins, il travaille très dur et utilise tout cet argent pour notre mère. Mais lui n'a plus rien. Ici, je suis logée et nourrie gratuitement, je ne me sens pas à ma place. J'ai été tellement égoïste de venir ici...C'était une réaction complètement puérile, et je regrette terriblement. Mais le pire, c'est que je n'ai pas le courage de tout abandonner maintenant, de quitter le château et de retourner chez moi."

Le cœur lourd, Naelia fit ce qu'elle put pour cacher ses émotions. Tous les jours, son sentiment de culpabilité augmentait, et pourtant, elle s'était énormément attachée à ce lieu, ce château qui l'avait accueillie durant six longues années.

C'était la première fois qu'elle racontait ainsi une partie de son présent, et même si elle avait évité de trop expliquer ses sentiments, ils apparaissaient clairement dans son récit. Naelia fit un sourire triste. Elle savait qu'elle n'était pas la plus à plaindre, qu'elle avait encore une famille sur qui compter, mais sa famille devait aussi pouvoir compter sur elle. Une pensée lui traversa l'esprit, et la formula aussitôt :

"Tout est de nouveau une question d'argent..."

Elle détestait dépendre ainsi de l'argent. Pour elle, la richesse ne faisait pas le bonheur, et pourtant, elle manquait terriblement d'argent ce jour-là. Elle haïssait l'argent, et elle se haïssait encore plus d'en dépendre.

Lorsque Naelia lui expliqua la raison pour laquelle elle n’aimait pas poudlard, en l’occurrence parce que quelque chose la retenait à l’extérieur, il baissa la tête, l’air sombre, comprenant instantanément où était leur différence. Brad se plaisait à poudlard, car c’était son seul lieu d’attachement. Il n’avait plus de famille… Enfin, il avait encore son père, mais c’était très compliqué. Plus il était loin de lui et mieux il se portait. Le manoir du père de Brad était également en Angleterre.

Il ne dit rien et se contenta de l’écouter se livrer un peu plus à lui sur son passé. Qu’elle lui dise tout cela en une seule soirée paraissait très étrange venant d’elle, qui semblait si renfermée en temps normal. La nuit devait avoir sur elle des effets de confiance. A moins que ce ne soit tout simplement sa présence ? Brad tressaillit lorsque Naelia lui parla de sa mère. Lui n’avait plus la sienne. Il ne l’avait jamais connut, étant morte en le mettant au monde. Dans un certain sens, il était en partie responsable.

Il se demanda quel était le pire, entre n’avoir jamais connut quelqu’un qui importait énormément pour soi, ou de le voir mourrant durant de longues années sans pouvoir faire quoi que ce soit. Sûrement la deuxième solution, sans aucun doute. Au moins, Brad n’avait pas pu s’attacher à sa mère, il n’avait jamais vraiment eut de peine de la perdre, bien que cela soit en lui un vide énorme. On ne pouvait malheureusement pas tout changer avec la magie, il l’avait comprit très vite.

Naelia avait cru pouvoir sauver sa mère avec la magie, sa déception devait avoir été considérable. La jeune poufsouffle lui avoua qu’elle était égoïste. Il ne disait toujours rien, attendant qu’elle finisse. Pouvait-on parler d’égoïsme en allant étudier la magie à poudlard ? Brad avait tendance à avoir un comportement naturellement égoïste, ce qui était du à son caractère de solitaire, mais aussi au fait qu’il ne s’attachait qu’à très peu de personnes et faisait sa vie pour lui, son chemin seul. Il ne pouvait donc pas vraiment comprendre son sentiments, ses regrets.

Brad vit qu’apparemment, Naelia était touché par ce qu’elle lui avouait, et essayait tant bien que mal de rester forte. Son mince sourire était d’ailleurs traître de sa souffrance.
Il lui dit, satisfait qu’elle ait répondu à sa question, malgré le fait qu’il s’agisse de renseignement sur sa vie privée :

"C’était donc ça…"

Il avait un air moins froid que d’habitude, face à la mélancolie de sa camarade.
Il rajouta :

"Je ne pense pas que tu dois te rendre coupable. Ta… mère… voudrait sûrement voir sa fille réussir ses études, plutôt que de la voir se priver pour elle."

Il ne disait pas cela exprès pour la consoler, mais parce qu’il le pensait. Même s’il n’avait jamais eut de mère, il avait été éduqué par sa grand-mère et savait que celle-ci n’aurait jamais supporté d’être un ralentisseur à son épanouissement.

Brad attendit quelques instants avant de réagir à ce que Naelia rajouta sur l’argent. Il n’avait jamais manqué d’argent, étant issu d’une famille noble de sang pur, mais il savait très bien que cela ne faisait pas le bonheur, bien que ça puisse y contribuer. La preuve vivante en était May Eva, à qui la vie avait été anéantie par trop d’argent. Heureux étaient ceux qui vivaient simplement. Néanmoins, si Naelia était si pauvre qu’elle le prétendait, il est vrai qu’un peu d’argent pourrait aider à soigner sa mère, enfin, tout dépendait bien sur de sa maladie.

"L’argent est comme la magie. Il ne faut pas croire qu’il résoud tout."

Si la maladie était incurrable, tout l'argent du monde n'y changerait rien. Il fallait parfois se plier aux dures règles du destin.

Si parfois se confier faisait du bien, cette fois-ci, Naelia se sentit encore plus mal. Brad avait pris la peine de paraître un peu moins froid, ayant percé ses sentiments à jour. Il lui dit qu'elle ne devrait pas se sentir coupable. Mais elle ne pouvait s'en empêcher. Et si sa mère avait toujours voulu son bonheur, Naelia la savait trop attachée à la vie pour accepter de partir si tôt. La jeune fille ne renoncerait pas. Mais les sacrifices qu'elle devrait réaliser seraient douloureux, elle n'en égtait que trop consciente.

"L’argent est comme la magie. Il ne faut pas croire qu’il résoud tout." Naelia se rendait compte une fois de plus de l'absurdité de son départ à Poudlard, lorsqu'elle avait 11 ans. Elle s'était dit qu'avec un travail dans le monde des sorciers, elle s'en sortirait, et que sa mère pourrait peut-être aller à Sainte Mangouste. Mais sa maladie cardiaque empiétait peu à peu sur son état et sur ses pensées. Parfois, Naelia se demandait si sa mère la reconnaissait.

Naelia cligna des yeux pour se ressaisir. Elle en avait déjà dit trop, et elle commençait vraiment à angoisser. Il ne fallait pas qu'elle se laisse submerger par ses émotions, ça ne lui ressemblait pas. Naelia, un peu gênée d'avoir ainsi dévoilé une partie de sa vie qu'elle avait toujours gardée pour elle ne voulut pas que ce silence dure et s'alourdisse. Si elle aimait le silence, c'était parce qu'il lui permettait de réfléchir. Or, là, ses pensées étaient devenues ses ennemies. Elle rompit donc le silence en cette fin de nuit :

"Je pense que tu en as découvert bien plus sur moi que quiconque auparavant. Je ne suis pas sûre pour autant que tu sois chanceux."

Elle lui adressa un sourire sincère, mettant ses soucis de côté, encore une fois. Naelia savait qu'il déduisait beaucoup de choses de ce qu'elle disait et de ses gestes. Si elle avait dit qu'il n'était pas chanceux pour autant, c'était tout simplement parce que plus les gens la connaissaient, plus ils la détestaient, en général. Et ceux qui la haïssaient s'attaquaient à sa famille dans des joutes verbales, et si elle ne faisait pas recours à la violence, elle savait blesser. Mais sa patience était proverbiale, heureusement, et elle ne souhaitait pas blesser les autres, même si elles les détestait.

Elle regarda les étoiles qui brillaient encore faiblement, et se replongea dans ses souvenirs un instant. Avec un sourire à la fois rêveur, amusé et mélancolique, elle dit à mi-voix :

"Quand j'étais petite, je croyais que les gens qui s'en vont pour ne jamais revenir vivaient sur les étoiles. Alors je me disais que ce devait être le plus bel endroit du monde, si lumineux, et que, la nuit, ils étaient heureux quand les étoiles brillaient, et nous contemplaient, nous autres mortels."

Un cimetière bien gai, un paradis qui s'était forgé dans ses rêves d'enfant. Elle avait connu la mort très tôt, trop tôt, et avait utilisé ses rêves pour s'en extirper.
Elle reporta son regard sur le Serpentard, et murmura, la voix un peu cassée :

"Je voulais les rejoindre..."

Mourir, et être heureuse avec ceux qu'elle aimait. Un rêve bien triste pour une enfant. Elle était si jeune à l'époque, mais sa jeunesse lui avait été volée...

Brad écouta les paroles de Naelia. De toute évidence, elle luttait pour ne pas se sentir submerger par l’émotion. C’était dans ce genre de contexte que Brad était heureux de pouvoir bloquer son esprit et le vider de tous sentiments. Cependant, ici, il ne voulait pas paraître trop froid face à la souffrance de Naelia, pour l’aider dans sa lutte. Il n’aurait pas du tout sut comment la consoler si jamais elle craquait, n’était pas du genre à serrer les personnes qu’il ne connaissait à peine dans ses bras.

Certes, la jeune fille s’était livrée à lui -sans qu’il n’eut besoin de faire un quelconque effort pour cela- et il commençait à la connaître, au du moins, son histoire. Brad pensait qu’on ne commençait vraiment à connaître les gens qu’une fois qu’on les avait fréquenté à de multiples reprises. D’une certaine façon, le fait que Naelia lui raconte tout cela l’étonnait, car si peu de personne savaient son histoire, pourquoi avait-elle choisit de le lui dire à lui ? Ce n’est pas comme s’il le lui avait demandé et tiré les vers du nez…

Naelia ne pouvait pas savoir combien le fait qu’il ne soit pas chanceux de connaître une partie de son histoire pouvait être vrai.

Dans un sens, il appréciait cela, car il aimait connaître les gens en profondeur, les voir sous leur véritable jour, en connaissant leur passé, leurs souffrances, leurs doutes… Ce qui, bien souvent, expliquait leur présent.
Mais d’un autre côté, connaître ainsi ce genre de détails faisait qu’il avait tendance à s’attacher à la personne, ce qu’il s’efforçait en général d’éviter. Or, à poudlard, il y avait tout de même certains rares élèves auxquels Brad, qu’il le veille ou non, s’était lié.

Le fait qu’il ne soit pas chanceux de connaître son histoire n’était en rien lié au fait qu’il allait à présent la détester, mais bel et bien le contraire.

Brad avait tendance à apprécier les élèves ayant souffert dans leur passé, tout comme lui. Il les comprenait mieux que personne. Il n’appréciait pas les élèves trop heureux, n’ayant jamais connu de malheurs et ayant toujours eut ce qu’ils désiraient.

Il vit que Naelia lui faisait un sourire sincère, puis regarda les étoiles. Brad en fit de même. Il fut tiré de sa contemplation par une autre confidence de la jeune poufsouffle, sur les étoiles. Il baissa les yeux un instant sur cette révélation, assez surprit et à la fois amusé, puis la regarda et lui avoua, d’un ton plutôt bas :

"Je le croyais aussi…"

Si Naelia disait cela, c’était qu’elle avait du perdre quelqu’un lorsqu’elle était petite. Brad n’avait pu s’empêcher de lui répondre. Ce paradis dans les étoiles lui avait été enseigné par sa grand-mère, pour qu’il accepte le départ de sa mère et ne se rende pas responsable, lorsqu’il était petit. Il avait alors songé à maintes reprises à aller la rejoindre, mais cette idée avait disparue avec les arts martiaux, qui le rendirent bien plus fort et lui permirent de bloquer son esprit. Il ne le dit cependant pas à Naelia, pensant qu’ils avaient déjà bien assez de points communs comme ça pour les mettre en évidence.

Il était rassuré de voir que cette pensée de vouloir mourir était également éteinte –ou du moins, le paraissait- pour la jeune fille, auquel il commençait déjà à s’attacher.
Il lui demanda, poussé par un élan de communication soudain, dut à se rapprochement :

"Qui as-tu perdu ? "

Cette nuit était vraiment la plus étrange de sa vie. Elle, d'ordinaire si renfermée, qui avait toujours garder pensées et sentiments pour elle - comme Brad - commençait à en avoir assez de se fardeau, à vouloir se délester de ces doutes et ces peines qui l'étouffaient peu à peu. Est-ce que quelqu'un lui en voudrait vraiment ?

Ne pouvant toujours pas deviner ce qu'il pensait, et cessant de se le demander, Naelia fut un peu étonnée lorsqu'il baissa les yeux. Mais lorsqu'il releva la tête, c'était avec une expression tout aussi étonnée, et un peu amusée également. Elle éteignit son Lumos qui avait fortement faibli, et était devenu inutile car la lune et le ciêl pâli apportaient une lumière suffisante désormais. "Je le croyais aussi…" Etait-ce seulement possible, que quelqu'un partage ses rêves de petite fille, que quelqu'un la comprenne ? N'était-elle pas justement en plein rêve ? Naelia ne sut pas très bien quelle attitude adopter. Un mélange de stupéfaction, d'amusement et de bonheur l'envahissait. Elle avait enfin laissé une part de sa mélancolie de côté, comme avant. Avant, quand elle avait compris le prix de la vie, et ne songeait qu'au bonheur des autres. Avant que ses cauchemars ne fassent ressurgir ces souvenirs qu'elle s'était efforcée d'oublier, en partie du moins.

Elle ne s'était jamais vraiment confiée auparavant. Le jour de la rentrée, elle avait conté une partie de son histoire à Naïssa, mais en avait caché l'essentiel. Elle venait d'en raconter une partie à Brad, la plus profonde sans doute, mais elle demeurait incomplète. C'est sans doute pour cette raison qu'il lui demanda qui elle avait perdu. Il n'était pas idiot, il avait très bien compris que cette fascination pour le monde d'en-haut était du à une perte. Elle se dit qu'au point où elle en était, elle pouvait bien lui dire cela. Et puis, elle lui faisait confiance, elle savait qu'il ne divulguerait pas ces informations aux autres. Et elle osait croire qu'il ne la jugerait pas.

Elle dit, sans une once d'émotion dans la voix :

"Mon...père. Et, en quelque sorte, mon grand frère."

Elle prit la peine d'expliquer sa phrase un peu étrange.

"Vers la fin de sa vie, mon père est devenu un être cruel et impitoyable. Froid, violent, personne ne l'aimait. On m'a dit qu'il s'était étouffé à son travail, et que personne ne l'avait aidé. Mais...je crois qu'il avait été étranglé, et qu'on a caché cela.
Quant à mon grand frère..."

Un doute la submergea. Devait-elle en parler ? Elle avait caché cette partie de sa vie pendant tant d'années, elle l'avait gardée secrète, juste pour elle. Pouvait-elle se trahir maintenant ? Effaçant cette peur intérieure de ses yeux gris, elle poursuivit :

"Je ne l'ai pas connu."

Elle éludait un peu, mais apportait quand même une précision importante. Elle hésita un bref instant à lui retourner la question. Elle lui en avait dit beaucoup sur elle, et lui ne s'était pas dévoilé, ou très peu. Pouvait-elle lui demander cela ?
Considérant que pour avoir un échange, il fallait que chacun y mette du sien, elle retourna donc la question :

"Et toi ?"

Bien sûr, elle ne voulait pas le forcer, mais après tout, s'il lui posait cette question, il pouvait s'attendre à ce qu'elle le lui demande aussi. Mais quelque chose lui disait qu'il lui répondrait, d'une façon ou d'une autre.

Brad remarqua que la jeune poufsouffle désactiva son lumos, fait qu’il approuvait, à la vue de la clarté de cette fin de nuit. Il était inutile de laisser sa baguette ainsi pour son simple plaisir. Brad était du genre à utiliser le moins possible la magie, voulant se débrouiller lui-même de façon indépendante. Ainsi, il savait s’y prendre au cas où on lui retirait sa baguette, chose qui était si simple de nos jours...

Naelia avait raison de penser que Brad n’allait pas s’amuser à divulguer ses secrets, ce n’était vraiment pas dans son tempérament. Il gardait énormément de choses pour lui, ainsi que ce que autrui pouvait bien lui confier, tant qu’il ne voyait pas une raison valable de les partager avec quelqu’un d’autre. De plus, il était assez dur en affaire, le convaincre n’était pas chose facile. Le serpentard n’allait pas non plus la juger, du moins, il ne lui ferait aucun commentaire. Chacun était libre de mener sa vie comme bon lui semble, tant qu’il n’empiétait pas sur la sienne.

Brad écouta les confidences de la jeune fille.

Ainsi donc, elle avait perdu son père et doutait que celui-ci ait été assassiné. Brad n’arrivait pas bien à percevoir si cette mort l’avait beaucoup atteinte ou non, mais le fait était là, il ne préféra pas entrer dans des détails, pour éviter qu’elle ne se remémore de douloureux souvenirs, si tel en était le cas. De plus, il ne savait pas si ces faits étaient récents ou non, la plaie n’était peut-être pas refermée.

Il n’était donc pas le seul à avoir un père violent ? Il douta fortement que ce ne soit au même niveau. Cela dit, Brad n’aurait pas aimé rester dans le doute quant à la véritable cause de sa mort. Il aurait fait de nombreuses recherches pour connaître le fin mot de l’histoire, et serait sûrement allé demander l’avis de May, qui connaissait toujours trop de choses au sujet des autres. Il y avait également la directrice qui pouvait avoir la véritable version de l’histoire, mais celle-ci était si débordée… Brad n’aimait pas déranger les autres, et essayait de se débrouiller toujours de par lui-même.

Naelia lui parla ensuite de son frère. Brad ne manqua pas de voir qu’elle hésitait à en dire trop à son sujet. Elle lui avoua simplement qu’elle ne l’avait pas connu. Il sentait bien que ces propos étaient incomplets, ce qui éveilla une sorte de curiosité en lui.

Cela voulait-il forcément dire que son grand frère était mort ? Ou avait-il été isolé à cause d’une maladie ou autre ou encore envoyé à Azkaban? Se pouvait-il qu’il vive sans qu’elle ne sache de qui il s’agit ? Ou qu’il ait décidé de partir, par exemple, pour rejoindre les forces du mal, avant qu’elle ne puisse le rencontrer? L’expression ‘perdre quelqu’un’ pouvait contenir énormément de sens, Brad le savait.

Il se dit que Naelia n’avait de toute évidence pas envie de parler de ça ce soir, alors il n’allait pas l’y inciter le moins du monde. Elle se livrerait à lui toute seule, si telle en était son intention. Elle lui posa ensuite une question à laquelle il s’était fortement attendu. Brad n’aurait jamais demandé une question pareille à Naelia s’il n’avait pas voulu lui répondre par la suite. De plus, comme celle-ci avait fait l’effort de se livrer, il pouvait bien lui accorder quelques détails sur sa vie, du moins, le minimum, ce qu’elle demanderait ne dépassant pas la limite de sa vie trop privée.

Brad ne pouvait regarder la poufsouffle pour répondre à ce genre de question. Déjà qu’il n’avait pas tendance à raconter sa vie, si en plus il regardait la personne, il se rendait seulement compte de la bêtise qu’il faisait. Son regard pourtant inexpressif, il regarda donc le ciel, et articula calmement, comme si chacun de ses mots était un poignard :

"Ma mère a perdu la vie en me l’offrant."

Il était vraiment rare que Brad ne regarde pas les gens droit dans les yeux lorsqu’il leur parlait. Mais certains sujets de conversation, comme celui-ci était particulièrement éprouvant pour lui. Il devait garder son sang froid et toute sa concentration pour rester impassible et ne pas réveiller ses sentiments de tristesse et de souffrance.

Comme Naelia l’avait fait auparavant, il développa un peu plus, mais en oubliant volontairement certains détails trop important pour être révélés :

"J’ai été élevé par sa mère, en chine, durant une dizaine d’années. "

Brad parlait de la période de ses 5 ans, jusqu’à ses 15 ans. Il n’avait pas parlé de la garde de son père précédant celle de sa grand-mère. Celui-ci avait été envoyé à Azkaban durant 8 ans, ce qui, pour le serpentard, correspondait à la période de ses 5 à 13 ans, avant que le mangemort ne s’évade. A sa façon de parler de la chine et de sa grand-mère, on pouvait maintenant discerner très clairement une certaine nostalgie de ce passé révolu, ainsi qu’une certaine admiration. Brad aimait profondément la Chine ainsi que sa grand-mère, ce qui était dut en partie à…

"J’y ai appris les arts martiaux et tout autres sports de combats. Ma grand-mère repoussait sans cesse mes limites."

Cela était peut-être étrange dit comme cela, mais la grand-mère de Brad, bien qu’étant en âge, était une femme battante avec un très fort caractère, très exigeante et à cheval sur toute sorte de principes. Elle avait fait de Brad ce qu’il était aujourd’hui, un homme fort, avec beaucoup de règles de vie, capable de contrôler son esprit et agir intelligemment, en réfléchissant aux conséquences de ses actes. Brad avait été champion très tôt dans plusieurs catégories de combat, il se donnait à fond dans ce domaine, ayant beaucoup de sentiments à extérioriser avant d’arriver à atteindre un vide complet dans son esprit.
Il rajouta :

"Je l’ai trouvé inerte dans son lit, un beau matin. Il y a 2 ans de cela."

Il avala sa salive, puis regarda cette fois Naelia.

"Depuis, je vis en angleterre."

Brad, aussi curieux que cela puisse paraître ne parlait jamais de son père, comme s’il s’était s’agit d’un tabou, et personne, en principe, n’osait lui demander quoi que ce soit à ce sujet. Celui-ci s’étant évadé d’Azakaban depuis deux ans était allé à l’enterrement de sa belle mère, et avait retrouvé son fils. Comme Brad n’avait alors que 15 ans, il avait été forcé d’aller vivre avec lui dans un de ses repères, en angleterre. Heureusement, il était à cet âge prêt à calmer son désir de vengeance…