Au couché du soleil [PV: Brad / Jeni]

Brad sentit que la jeune fille venait s’asseoir à coté de lui. Un sourire énigmatique dans le coin de ses lèvres qu’elle ne pouvait voir se dessina. Il l’avait reconnu par son orat, tout en regardant l’horizon. Il s’agissait de Jenifer, enfin, Jeni, comme elle lui avait demandé de l’appeler. Elle n’avait dit un mot et lui non plus. Ils se contentèrent de regarder le coucher de soleil, dans un bruyant silence.

Enfin, Jeni se décida à parler. Sa question était évidement une question qui voulait entraîner un dialogue.

Brad se rendit compte que bien que Jeni soit en cinquième année, il ne la connaissait pas tant que ça. Il lui arrivait souvent de discuter avec elle, mais ce n’était que de brèves discutions dans un groupe d’élèves, lors de bal ou autres sorties. Jamais rien de bien important. Brad la croisait souvent, car elle fréquentait beaucoup Anna, et celle-ci venait toujours le saluer lorsqu’elle l’apercevait.

A part ça, il savait que la gryffondor avait des parents moldus et était sortie pendant environ un an avec Jack Portman, un autre gryffondor qu’il avait apprit à connaître. Brad avait déduis de par lui-même que Jeni n’était plus avec celui-ci, ayant flirté avec un premier année au bal de la saint valentin, et ayant des comportements envers les garçons de parfaite célibataire. Le serpentard était très observateur, peu de choses lui échappaient, il faisait attention à d’infimes détails.

Il regarda un instant Jeni. C’était la première fois, il en était persuadé, qu’il se trouvait seul avec elle. Il n’avait jamais fait très attention aux traits de son visage, qui pourtant n’était pas déplaisant. Il répondit à sa question, ses yeux perçants dirigés droit dans les siens, comme s’ils les transperçaient:

"Tout le temps."

Il lui fit un sourire paisible, puis regarda à nouveau le soleil couchant. Il inspira un grand coup à l’instant où un léger coup de vent vint souffler cette foi face à lui. Sa réponse avait été très franche et on ne peu plus précise. Brad passait effectivement une grande partie de son temps sur les toits. Il porta de nouveau son regard vers elle et lui dit l’air amusé:

"Ce qui n’est pas ton cas, j’me trompe ?"

Il avait bien vus le malaise que ressentait la jeune fille à la vue du vide. De plus, même si les toits étaient extrémismes vastes et variés, il ne l’avait jamais aperçu sur l’un d’eux.
Brad était bien plus aimable qu'il ne l'était nomalement avec les nouveaux. Cela était dut en partie par le fait que Jeni était l'une des meilleurs amies d'Anna, et par respect pour elle, il avait décidé de faire un effort. De plus, ce n'était pas comme si il voyait Jeni pour la première fois.

"Tout le temps"... A vrai dire, Jeni n'en était même pas étonnée. Brad semblait assez solitaire, pas comme elle, qui aimait chercher de la compagnie. Mais bon, un peu de solitude de temps en temps ne fait de mal à personne...

Elle avait bien senti le regard de Brad sur son visage, détaillant chacun de ses traits, et cela ne la gêna nullement. Par contre, elle vit son regard perçant, qui contrastait étonnament avec son sourire paisible. Tiens, d'ailleurs, elle ne l'avait jamais vu sourire non plus. Encore une découverte! Malgré tout, ce regard perçant, même sur un visage aussi séduisant, restait un regard perçant, mais elle ne fit pas bien attention, se contentant de soutenir son regard.

Alors, lorsqu'il évoqua la possibilité qu'elle ne puisse pas venir souvent sur les toits avec un sourire amusé, elle compris qu'il avait saisi qu'elle avait le vertige. Elle le regarda, toujours aussi amusé, et prépara une répartie, mais se dit que de toute façon elle n'avait qu'à assumer sa phobie - encore une parmis tant d'autres...

"Non, t'as raison." soupira-t-elle. Elle se demanda l'espace d'un instant comment elle avait bien pu faire pour jouer au Quidditch deux années de suite dans l'équipe de Gryff' alors qu'elle avait déjà le vertige... Peut-être l'adrénaline, ou la sensation de pouvoir voler.

Quoi qu'il en soit, Jeni reporta son attention sur Brad, qui avait détourné le regard. Elle repensa à son regard, il avait des yeux si perçants, mais le pire était que ce n'était pas la première fois qu'elle l'avait vu regarder les gens de cette façon. Etait-ce une expression naturelle? Une façon d'essayer de sonder les gens? Ou tout simplement un dégoût des autres? Jeni n'en savait rien, mais comptait bien le découvrir.

Alors, enroulant ses bras autour de ses genoux, Jeni observa le paysage au loin durant quelques instants, tout en se demandant s'il était aussi accomodant avec tout le monde ou juste parce qu'elle était une bonne amie d'Anna. La deuxième solution lui semblait la plus logique.

"Tu aimes être seul..."

Ce n'était pas vraiment une question mais plutôt une réflexion personnelle. Elle l'avait souvent aperçu seul, plongé dans ses pensées, semblant tellement absorbé que personne n'osait l'interpeller. Elle-même avait des périodes comme ça, mais ça ne durait jamais bien longtemps.

En quête de réponses, elle fixa son profil quelques instants.

"Pourquoi?"

Brad vit que Jeni était amusée par sa question. Il avait remarqué également qu’elle ne déviait pas son regard, ce qu’il appréciait, car cela laissait entendre une franchise de sa part, et une certaine assurance. Comme il vit que la gryffondor ne rajoutait rien, il se contenta de sourire, l’air serein, puis de reporter son attention sur le coucher de soleil. Déjà, les derniers rayons du soleil laissaient place à la lumière crépusculaire. On pouvait discerner encore de vives et chaudes couleurs, telles le rouge, l’orange et le jaune. Brad savait que la nuit n’allait pas tarder, le soleil se couchait rapidement en ce moment.

Il se demanda si Jeni venait simplement pour contempler cet instant, où si elle avait pour idée de rester plus longtemps en ce lieu. Peut-être même était-elle venu tout simplement parce qu’elle avait vu qu’il y avait quelqu’un. Il sentit que Jeni reportait son attention sur lui, en lui faisant une constatation, puis en lui en demandant la cause. Il sentait que les yeux de la jeune fille le regardaient, alors il les affronta de nouveau, l’air songeur. Il réfléchissait à cette question.

Il était solitaire de nature, et n’avait jamais vraiment pensé à chercher le pourquoi du comment. Il est vrai qu’en chine, il se consacrait entièrement aux arts martiaux et n’avait pas le temps pour les camaraderies. Une fois arrivé en angletterre, ca ne fit qu’empirer car il était prisonnier du manoir de son père. De plus, celui-ci étant connu comme un célèbre mangemort en fuite, son fils n’allait sûrement pas ramener du monde à la maison…

Il soupira, en contemplant le ciel, cherchant une réponse. Peut-être tout simplement que ces raisons n’étaient que des excuses en fin de compte. A poudlard, rien ne le retenait, il pouvait se faire autant d’amis qu’il le souhaitait. Or, il n’avait jamais été très sociable, ne sachant pas vraiment comment s’y prendre, n’étant pas habitué au contact. Et puis, au fond de lui, il avait bien trop peur de s’attacher à quelqu’un. Cela rendait vulnérable, créait un point faible… Il avait déjà perdu sa mère, puis sa grand-mère et avait longtemps souffert en silence de cette énorme perte. Il ne voulait surtout pas en revenir là.

Reportant son attention sur Jeni, il lui dit simplement, l’air mystérieux :

"Je ne sais pas vraiment… Disons… Une question d’habitude."

Il ravala sa salive, puis renchérit sur le sujet de départ, se livrant un peu plus à la jeune fille :

"Ces toits m’apaisent… J’aime l’altitude et la vue qu’ils m’apportent."

Il fallait dire que la vue de ce soir, face à ce coucher de soleil lumineux, était particulièrement captivante. Brad se perdait parfois de longues heures dans la contemplation du ciel, méditant à des choses et d’autres.
Brad, qui pourtant n’était pas de tempérament curieux, demanda à Jeni :

"Et toi, qu’est-ce qui t’amène ici ?"

Il voyait bien que la jeune fille n’était pas vraiment une habituée du coin, ce n’était de toute évidence pas son élément. Bizarrement, il était d’humeur à faire plus ample connaissance avec la gryffondor, peut-être était-ce dut à la douceur du crépuscule.

Alors que le crépuscule commençait, Jeni observa la magnifique palette de couleur qui s'étalait à l'horizon. Brad avait raison, la vue était admirable. Elle repensa au regard songeur que lui avait jeté celui-ci quelques instants plus tôt, et se dit qu'il était décidément très mystérieux à propos de lui. Il semblait être le genre de personne à ne pas aimer se confier souvent, à être assez renfermé, limite à ne faire confiance à personne. De plus, il semblait peser chacune de ses paroles, réfléchir au moindre sens de chaque mot, ce qui renforçait cette aura de mystère qui régnait autour de lui.

Alors, Jeni, admirant toujours la vue, réfléchit à la question qu'il lui avait posé. C'est vrai ça, qu'est-ce qu'elle faisait ici? Plongée dans ses réfléxions, elle tourna à nouveau la tête vers lui, simple réflexe lorsqu'elle parlait à un interlocuteur. Pourtant, pendant quelques secondes, elle appréhenda ce regard perçant qui lui avait fait se poser tellement de questions auparavant.

"A vrai dire, je ne sais pas. Je ne dirais pas que quelque chose m'a poussé ici, mais c'était comme une évidence. C'est assez bizarre, je dois dire, sachant que je ne viens jamais ici..." dit-elle, presque frustrée de ne pas connaître à la question elle-même.

A la dérobée, elle observa le profil de Brad et un petit sourire en coin naquit sur ses lèvres. Peut-être que sous le solitaire qu'il était se cachait quelqu'un de vraiment sympa... Mais elle savait bien qu'il lui faudrait de la patience pour le découvrir.

Elle passa alors sa main dans ses cheveux, peu fatiguée de sa journée. Elle n'avait pas eu beaucoup cours et ses devoirs étaient, une fois n'est pas coutume, finis. Alors, elle décida de prolonger son séjour sur ce toit, à discuter et essayer de percer le mystère Nelsen. Mais ça ne paraissait pas gagné, apparemment.

D'habitude, Jeni arrivait assez bien à cerner les gens, à savoir ce qu'ils pensent en sondant leur regard, parce qu'elle les connaissait bien, mais là, elle ne connaissait absolument pas Brad. Ce serait donc un peu plus dur...

La jeune fille laissa échapper quelques une de ses pensées sans réellement en prendre conscience.

"Tu es si mystérieux..."

Elle jaugea son regard durant quelques instants.

"A quoi penses-tu?"

Ce n'était pas dans ses habitudes d'être aussi peu directe avec les gens, de penser autant avant de parler, mais visiblement, auprès de Brad, n'importe qui aurait pu attrapper son réflexe.

Brad fut un peu étonné par la réponse de Jeni, car elle était inattendue. Celle-ci était venue ici sans un but précis, attirée comme par enchantement. Il trouvait cela assez curieux comme explication, car elle n’en n’était pas vraiment une. Mais après tout, l’instinct de Jeni l’avait guidé ici, et elle avait su l’écouter, elle était tout à fait libre d’aller au bout de ses pulsions. Elle ne devait d’ailleurs rien regretter, car le coucher du soleil était magnifique.

Brad avait la plupart du temps des buts précis dans sa vie, il ne faisait pas souvent quelque chose par hasard. Ces actes étaient pour la plupart réfléchis, voir même prémédités des jours à l’avance. Cependant, il n’était pas contre s’accorder un peu de répit de temps en temps, en faisant quelques rares exceptions.

Brad reporta son attention sur le ciel. Il sentit le regard de la gryffondor peser sur lui, et la vit passer sa main dans ses cheveux sans qu’il n’eut besoin de tourner la tête.

Quelques instants plus tard, Jeni reprit la parole, et il tourna donc son visage vers celle-ci. Elle le trouvait mystérieux. Une personne de plus. Brad était habitué à ce genre de réaction de la part des autres élèves. Il faut dire qu’il avait vraiment le don d’être énigmatique. Le fait qu’il sache bloquer son esprit, que peu de personne ne connaissent son histoire, et qu’il hère la plupart du temps en solitaire ne faisait vraiment pas de lui une personne facile à cerner. Il avait d’ailleurs des réactions parfois totalement inattendues. De plus, les rumeurs et les doutes planant à son sujet ne faisaient qu’accentuer le mystère. Qui pouvait, à part lui, séparer le faux du vrai ?

Cependant, cette remarque ne le blessait pas le moins du monde. Le serpentard avait conscience de l’effet qu’il pouvait faire aux autres, et si cela ne leur plaisait pas, tant pis pour eux, il n’allait pas défendre leurs causes. Agir ainsi lui était trop vital, c’était une sorte de protection, pour ne pas qu’on le blesse, mais aussi pour ne pas blesser les autres. De plus, cela lui permettait d’éviter de fréquenter trop de monde, les autres le laissant tranquille en créant une distance, et ainsi il ne s’attachait à personne.

Le fait que ce soit Jeni qui lui fasse cette constatation l’amusa un peu. Lui qui s’efforçait de se montrer amical et expressif avec elle. Qu’aurait-elle pu bien pensé s’il avait agit avec la gryffondor comme avec une parfaite inconnue, en ne laissant jaillir aucune émotion de sa personne et en la repoussant de façon pas vraiment agréable?

La question qui suivit le fit sourire. Jeni se demandait à quoi il pouvait bien penser. Comme si cela pouvait tenir en une seule et simple question. De plus, elle était très directe avec lui, elle avait de toute évidence formulée tout haut ce que beaucoup d’autres pensaient tout bas sans jamais oser le demander. Ce n’était pas une gryffondor pour rien. Brad aimait cette franchise, et cette spontanéité, mais il n’était pas du genre à poser de questions-suicides. Comme si elle pouvait espérer qu’il lui confie directement toutes ses pensées, aussi simplement, en posant tout bonnement la question.

Après l’avoir dévisagé un petit instant, toujours aussi amusé, il rajouta, cette fois volontairement mystérieusement, pour confirmer les propos de Jeni qui précédaient :

"A des choses et d’autres… Je ne pense pas que cela t’intéresse…"

Dire ainsi cela était presque une provocation, il savait très bien que la gryffondor avait posé sa question, car elle était curieuse de la réponse. Mais, il n’avait pas vraiment envie de lui communiquer toutes ses préoccupations. Pour faire diversion, il rajouta, un léger sourire aux lèvres :

"Mais si tu tiens vraiment à savoir…"

Il la laissa espérer quelques instant, puis, le suspense étant intenable, il rajouta :

"… là, je pense que tu es une petite curieuse !"

Brad resta impassible. Impossible de déterminer toute émotions souvenant en lui. La gryffondor n’avait pas tors, elle était encore une inconnue pour lui, tout comme il devait l’être à ses yeux. Les deux élèves s’étaient pourtant vues à de multiples reprises, mais ils se connaissaient sans se connaître. Pour beaucoup, le serpentard ne restait rien d’autre que tel. Chanceux étaient ceux à qui il s’ouvrait un peu, ou plutôt, estimés. Le fait que Jeni était curieuse ne le dérangeait nullement. A vrai dire, il appréciait les gens spontané, droit, francs. Il ne le prenait en rien comme un défaut, mais il fallait avouer qu’il n’aimait guère qu’on le questionne trop intimement sur sa vie privée ou ses pensées.

Jeni lui demanda ensuite si elle pouvait lui poser une question, malgré ce défaut. Brad remarqua qu’elle enchaîna aussitôt par ladite question, ce qui ne l’étonna point. Il se doutait que la gryffondor n’attendait pas tout de suite une réponse de sa part. De plus, il n’en n’avait tout bonnement pas à apporter, tout allait dépendre de cette question. Il choisirait ensuite lui-même s’il allait répondre ou non. A vrai dire, Jeni, en demandant si elle pouvait lui poser une question, le faisait à l’instant. Ce qui suivit donc était la deuxième question.

Brad ne put s’empêcher de remarquer que la question était bien choisie. En effet, Jeni avait dut remarquer qu’il était légèrement insociable et solitaire. Il attendit quelques instants, le visage de bougeant pas d’un trait, les yeux fixés droit sur la gryffondor, réfléchissant à une réponse. Il ne pouvait nier ce fait, il ne se liait pas aux autres. Le pourquoi ? Il avait ses propres raisons. Il savait que dans la vie, on ne pouvait compter que sur sois même. Ainsi, on n’était pas trahis, pas vulnérable en s’attachant à des gens qui pourraient être utilisés comme chantage, et donc représenter un point faible. Brad n’avait pas beaucoup de points faibles. De plus, il s’avait que plus il écarterait les élèves de lui, mieux ceux-ci se porteraient. Après tout, il ne fallait pas oublier que son père était un célèbre mangemort, prêt à tout pour que son unique héritier reprenne sa suite. Il n’aurait pas supporté qu’on s’en prenne à son entourage, l’écartant le plus possible de ses affaires. Il avait pour habitude de régler les choses seul, face à son adversaire qui était également dans l’histoire. En aucun cas il n’appréciait que des personnes extérieurs à la chose y soient mêlées, qu’il apprécie ces personnes ou non.

Il répondit, franchement, décidant de se dévoiler un peu à la gryffondor, qu’il appréciait à sa manière :

"J’ai toujours eut l’habitude de me débrouiller seul, le fait que je sois fils unique y est d’ailleurs sûrement pour quelque chose. Les arts martiaux m’ont rapidement enseigné des choses que d’autres de mon âge ne pouvaient comprendre, ni intégrer, ce qui m’a isolé. Et puis, dans mon entourage, les traîtres, ce n’est pas ce qui manque…"

Il s’interrompu quelques secondes. Il était très rare qu’il parle de son cadre de vie, de son père, ou d’autres mangemorts. Jeni avait l’air d’exercer sur lui une sorte de mise en confiance involontaire. Involontaire ? Il rajouta, voulant changer ces mots :

"Enfin… Disons que je n’accorde pas facilement ma confiance aux autres, pour éviter de le regretter."

Après un instant de répit, il reprit plus décontracté, voir amusé :

"Et puis, tu as dut remarquer que me confier aux autres, c’était pas vraiment mon truc !"

Il laissa entendre un léger rire. En effet, Brad avait toujours été seul durant son enfance, il avait apprit à tout garder pour lui. Ses problèmes, ses doutes, ses pensées. Sa grand-mère, qui l’avait élevé seule, avait déjà bien assez de soucis pour élever un enfant à son vieil âge. Brad était rapidement devenu indépendant, ne voulant pas la fatiguer, et lui étant redevable. Il était bien trop mature et réfléchis pour fréquenter d’autres chinois, car oui, Brad habitait alors en Chine. Il n’avait donc vraiment pas pour habitude de se livrer à qui que ce soit, et restait renfermé, bloquant son esprit comme une protection pour lui-même.

Brad fut ravit de constater que Jeni voyait ce qu’il voulait dire. Elle trouvait cela judicieux, lui aussi. Après, tout était une question de tempérament. Brad était un solitaire, parfois un peu égoiste, il n’avait en principe pas grande difficulté à ne pas s’attacher aux autres. Brad observa les yeux de la gryffondor qui le fixait à présent. Maintenant qu’il en avait un peu plus dit sur lui, elle pouvait le regarder ainsi, son malaise ayant sûrement diminué un peu. Cependant, Brad resterait toujours mystérieux, c’était dans sa nature. Il soutint son regard, et fut ravit de voir sa franchise dans celui-ci.

La gryffondor changea ensuite de sujet, ce qu’il approuva. Parler de sa vie n’était pas très apaisant pour lui, il devait sans cesse juger ce qu’il était bon de dévoiler et ce qui ne l’était pas. De plus, Jeni avait choisis un sujet qui le passionnait plus que tout : les arts martiaux. Il lui répondit :

"Oui. Depuis que j’ai six ans, donc autant dire que je suis né avec… "

Il lui adressa un grand sourire comme il était si rare de lui en trouver un sur son charmant visage. Il trouva inutile de préciser qu’il avait fait de nombreuses compétitions qu’il avait remporté, et qu’il était champion en plusieurs catégories. Brad n’aimait pas se mettre en valeur, il était fière de lui, voila tout, il n’éprouvait pas le besoin d’être admiré. Comme Jeni lui demanda quel genre d’arts martiaux il pratiquait, il demanda, un eu étonné :

"Tu t’y connais dans le domaine ?"

Il doutait fort que Jeni, avec sa silhouette et son tempérament, pratique un domaine martial. Peut-être était-elle intéressée par ce sport, ou connaissait-elle quelqu’un qui le pratiquait. Il répondit à sa question :

"J’ai exploré une bonne partie des sports de combats à mains nues, autant défensif qu’offensif. J’ai aussi appris à me battre avec des armes, allant d’un simple bo à des saïs ou nunchaku."

Evidement, Brad n’allait pas s’amuser à énumérer toutes les armes qu’il avait déjà eut entre ses mains, comme encore un wakizashi ou des chaînes. De plus, il n’était pas sur que Jeni le suive, avec ces termes techniques. Le bo, par exemple, n’était rien d’autre qu’un grand bâton de bois, mais au visage qu’arborait la gryffondor à son énumération, le serpentard doutait qu’elle sache de quoi il s’agit. Comme Brad avait vécu longtemps en chine, il connaissait tout cela par cœur, comme s’il s’était s’agit d’une évidence, mais il comprenait parfaitement qu’on ne puisse rien y connaître dans le domaine. Après tout, Jeni était une fille. De plus, même les garçons d’ici n’avaient pas ces notions acquises, les arts martiaux n’occupant pas une place aussi importante dans la plupart des autres pays. Comme Brad ne voulait pas ennuyer sa camarade, et qu’il avait déjà bien trop parlé de lui, il lui répondit à sa dernière question, afin de lui la retourner :

"Je n’ai pas de plus grande passion que les arts martiaux : c’est toute ma vie. Mais, comme je ne peux plus beaucoup en faire maintenant que je vis en angleterre, je m’occupe autrement…"

Après un instant nostalgique, il rajouta :

"Le quidditch par exemple."

Il ne fallait pas oublier que Brad était un bon batteur, et qu’il était également le capitaine de l’équipe de quidditch de sa maison. Brad aimait également dessiner, mais comme pour le quidditch, il considérait cela plus comme un loisir, plutôt qu’une passion. On voyait très bien dans sa façon de parler que les sports de combats n’étaient en rien comparables à de telles activités. Il demanda enfin à Jeni :

"Mais toi alors ? Tu n’étais pas capitaine de l’équipe de gryffondor fut un temps ?"

C’était bien entendu la façon qu’avait Brad de lui demander ses passions. Avec lui, il fallait un véritable décodeur.

Brad ne put s’empêcher d’adresser un mince sourire à Jeni, comme s’il l’excusait. En effet, comme il l’avait présentis, elle ne connaissait pas grand-chose dans le domaine, mais au moins, elle s’y intéressait, ce qui prouvait une grande ouverture d’esprit. Brad sourit un peu plus face à l’étonnement de Jeni qui ne savait pas qu’il n’avait pas toujours vécu en Angleterre. Evidement, cela ne se voyait pas sur son visage, tant il ressemblait à son père, qui était un anglais. Il n’avait pas non plus d’accent, ayant vécu en Angleterre jusque cinq ans, et ayant toujours continué à parler de temps en temps anglais avec sa grand-mère, qui ne voulait pas qu’il l’oublis par la suite. Brad se demandait bien quel genre de préjugés la jeune fille pouvait avoir sur lui. Il y avait tant de rumeurs qui courraient à son sujet. Comme peu de gens le connaissaient, il était dur de départager le faux du vrai. Amusé, il déclara :

"Il ne faut pas croire tout ce qu’on dit…"

Il comprenait néanmoins ces préjugés. Il était rare d’être totalement neutre face à quelqu’un, on avait forcément des apprioris, que Brad s’efforçait de chasser le plus souvent. Il poursuivit, se livrant d’avantage à la gryffondor, avouant un peu ses origines :

"J’ai vécu en Chine pendant 10 ans. Ca ne fait que 2 ans que je suis revenu en angleterre, mais je peux t’assurer que si l’on m’avait laissé le choix…"

Il laissa sa phrase en suspense. La suite était bien trop évidente, face au ton de sa voix, un peu en colère. Brad avait été obligé d’aller vivre avec son père dans son manoir. Celui-ci était d’ailleurs en fuite à ce moment, s’étant évadé de la prison depuis déjà 2 ans. Aujourd’hui, cela faisait donc 4 ans que les détraqueurs et les aurors étaient à sa recherche. Comme il sentait sa colère monter, Brad essaya de vider son esprit, bloquer ses pensées. Ce talent qu’il avait appris. Il tomba alors sur le souvenir de sa mère : à vrai dire, il ne l’avait vu que sur des photos, on ne pouvait pas parler vraiment d’un souvenir. Cela l’apaisa, et il retrouva intérieurement son calme, sans que la gryffondor ne puisse se méfier de quoi que ce soit. Comme il pensait à sa mère, il rajouta, hésitant :

"Ma… mère… était chinoise."

Il était rare que Brad parle de sa mère, car il en éprouvait toujours des difficultés. Cet acharnement vain contre un injuste destin. Puis, pour éviter tout quiproquo, il rajouta :

"Mais, ce n’est pas elle qui m’a élevé. "

Comme il avait commencé dans cette voix, il était forcé d’ajouter plus de détails à Jeni, qui ne devait pas forcément tout comprendre.

"Elle est morte en me donnant la vie. C’est sa mère qui m’a élevé en Chine."

*Bloc : quand j’avais 5 ans :Debloc*

Cet infime détail qu’il ne précisa pas n’était pas à prendre à la légère. Jeni pouvait le retrouver par le calcule : Brad avait 17 ans, il vivait en angleterre depuis 2 ans et avait véccu 10 ans en Chine. Cela faisait 12 ans… 5 années ne seraient pas mentionnées.

"Jusqu’à ce qu’elle parte à son tour."

Brad soupira alors un instant, puis regarda plus attentivement Jeni.

"Tu sais, je n’sais pas pourquoi je te raconte tout ça…"

Brad, qui était capitaine de son équipe de quidditch comprenait mieux que quiconque que ce poste avait de grande responsabilités, et prenait énormément de temps. Il fallait fixer les plannings d’entraînement, réserver le terrain, sélectionner et entraîner la meilleure équipe… C’était justement pour cette raison que Brad le faisait : occuper son temps. Bien qu’il paraisse très clame, Brad avait toujours besoin de se défouler dans le sport ou dans une activité telle qu’elle soit. Brad aimait également nager, mais il ne l’avait pas précisé, tout simplement car il n’y avait pas pensé. En fait, il aimait pratiquement tous les sports. Comme Brad l’avait déjà remarqué, Jeni était du genre à toucher à tout, ce qui prouvait bien qu’elle était ouverte. Il apprécia cette qualité chez la jeune fille.

Contrairement à ce que la demoiselle pouvait penser, Brad était profondément touché, triste et ce sujet le rendait également mal à l’aise, mais il était normal qu’il lui paraisse neutre, car celui-ci bloquait son esprit, ne voulant pas se laisser envahir par ces émotions. La jeune fille était désolée. C’était en général ce qu’on disait pour ce genre de chose, mais elle semblait tout de même sincère. De toute façon, aussi désolé qu’elle pouvait être à son sujet, c’était bel et bien lui qui souffrait le plus, mais en aucun cas il ne voulait qu’on le prenne en pitié. C’était également pour cela qu’il ne se livrait pas beaucoup, son histoire n’étant vraiment pas joyeuse. Brad fut heureux qu’elle change de sujet, alors il saisit l’occasion, les yeux brillants, autant de par sa tristesse que par l’admiration qu’il portait à la chine, il répondit :

"C’est magnifique… Enfin… La Chine est très polluée et il y a beaucoup de pauvres, mais là où je vivais, c’était le plus bel endroit du monde. Rien à voir avec ici. Enfin, dans le manoir à Londres."

Brad ne précisait pas « le manoire de mon père » ou encore « chez moi » car il n’avait jamais considéré ce lieu comme chez lui. La chine, était sa véritable demeure. Quant à son père, il s’efforçait sans cesse d’éviter le sujet. D’une part car c’était un mangemort recherché, il n’était pas censé savoir où il était –du moins, personne n’osait lui demander- et d’autre part, parce qu’évoquer son père aurait sûrement entraîné un tas de questions toutes aussi dérangeantes les unes que les autres. Brad ne parlait jamais de cet être qu’il avait d’abord tant détesté, à un point vraiment inimaginable. Brad avait toujours voulu se venger et le tuer, mais les arts martiaux lui avait enseigné un raisonnement bien plus sage, et c’est ainsi qu’il pouvait vivre sous son toits, même si cela lui était très pénible.

"Pour ce qui est de poudlard, ça va. Je me sens bien ici, même si c’est différent. "

Puis, regardant plus attentivement la demoiselle, au teint plutôt pâle et à l’allure très british, il devina :

"Et toi ? Tu es anglaise, non ?"

Il affichait un petit sourire d’affection (?) envers elle. Les anglais n’avaient pas beaucoup de kilomètres à faire pour venir au château, ils ne se sentaient pas tant dépaysés. La fait que Brad aille à poudlard avant d’habiter en Angleterre avait d’abord été un choc culturel, puis, cela lui avait permit d’être plus fort pour aller habiter à Londres, enfin, dans les coins de Londres, car le manoir étant le repère de son père, il était extrêmement difficile de le situer, ayant subit de nombreux sortilèges. Au moins, ils étaient débarrassés des moldus. Dans tous les cas, Brad remerciait sa grand-mère de lui avoir toujours parlé le chinois, mais aussi l’anglais. Ainsi, en tant que parfait bilingue, il n’avait jamais été confronté au problème de la langue. Il n’avait d’ailleurs aucun accent. Ses origines chinoises étaient donc difficilement décelables.

"Oui, c'est sûr que si on compare la Chine avec Londres... Quoique, le climat ne doit pas trop changer!" dit-elle avec un grand sourire.

Peu gênée ou mal à l'aise désormais, Jeni observait toujours Brad sans aucune retenue. Cela aurait pu paraître gênant, mais le serpentard n'avait pas l'air de trouver quelque chose à y redire. Alors, Jeni vit que ses yeux brillaient, et elle su alors qu'il éprouvait effectivemment de la tristesse. Ses yeux étaient la seule partie de son corps qui le trahissait. Ce garçon, dont elle avait longtemps cru qu'il était froid par nature, éprouvait effectivemment des sentiments, mais il faisait tout pour les cacher. Elle cru se voir dans un miroir. Jeni n'était pas une fille qui étalait ses émotions en public, ce qui, pour certains, la rendait hautaine, pour d'autres, carrément froide, et elle savait bien ce que c'était. Ce n'était en aucun cas la faute de la personne concernée, mais de son histoire qui avait des répercussions sur sa façon d'être.

Elle entendit vaguement Brad lui retourner la question et releva les yeux vers lui.

"Oui oui, je vis à Londres. On ne peut pas dire que ce soit très judicieux, sachant que je déteste la pluie, mais bon, pas le choix..."

Si on avait laissé le choix à Jeni, elle serait partie vivre en Italie, le pays dont elle était tombée profondément amoureuse lors de sa première visite. Là-bas, il faisait si chaud et beau toute l'année! Mais ses parents aimaient Londres, tout comme sa soeur, alors Jeni était restée. Cela ne l'aurait en aucun cas gênée de partir seule, étant très indépendante et n'étant affectivemment pas très liée à ses géniteurs, mais elle savait que cela les aurait malgré tout rendu triste, alors elle s'était sacrifiée...

Jeni jeta un coup d'oeil autour d'elle et se rendit compte que la nuit était désormais tombée. Malgré le vent qui fouettait son visage et ses cheveux, la chair de poule sur ses bras, le noir environnant, Jeni était décidée à rester sur le toit, ne serait-ce que pour apprendre à connaître Brad un peu plus, à le cerner, enfin.

Brad rendit son sourire à Jeni. Il est vrai qu’elle n’avait pas tors : pour l’Angleterre comme pour la Chine, le climat n’était pas idéal… Brad aimait bien lorsqu’il faisait chaud et sec, même s’il n’avait rien contre la pluie, il préférait, c’est tout. Le fait que Jeni l’observait à présent sans se gêner n’interpella même pas le serpentard. A vrai dire, comme il agissait ainsi à chaque personne à qui il parlait, il ne voyait rien d’étonnant à ce qu’on fasse pareil que lui. Au contraire, il trouvait cela normal, et au moins, il pouvait avoir une relation franche et directe, même si Brad avait l’avantage de déceler les émotions de la jeune fille, alors que celle-ci se trouvait face à un bloqueur d’esprit et d’émotions.

Jeni avait été extrêmement vive pour apercevoir la lueur de tristesse, maintenant éteinte, dans les yeux du serpentard, car même un empathe ne pouvait ressentir ses émotions. Mais il fallait dire que ce sujet était un sujet qui le touchait particulièrement, et auquel il avait toujours eut certaines difficultés à contrôler.

Brad adressa un maigre sourire à la gryffondor. Il avait vu juste : elle vivait bel et bien à Londres. Comme la plupart de ses pronostics, celui-ci s’était avéré juste. Cependant, Brad sentait que Jeni n’avait pas l’air d’apprécier cette ville. ‘Pas le choix’, avait-elle dit pour simple explication. Brad comprenait parfaitement cela et ne lui posa pas plus de questions, ce sujet ne concernant que la gryffondor et elle seule, qu’il ne voulait surtout pas blesser. De plus, il ne voulait pas être mal à l’aise si le sujet s’avérait délicat.

Le serpentard déclara, le ton un peu froid :

"Dans ce cas, cela nous fait un point commun…"

Les deux sorciers vivaient tout deux dans un lieu qu’ils n’appréciaient pas, et il s’agissait d’ailleurs du même lieu : Londres. Un peu amusé, mais toujours le ton froid, il rajouta :

"Comme quoi les gryffondors ne sont parfois pas si différents des serpentards…"

Et entendre cela de la bouche d’un serpentard était un véritable choc ! Brad n’avait jamais jugé les gens de par leur maison, et encore moins leur famille, car il ne voulait pas qu’on le juge ainsi. La maison, cela ne lui faisait rien, le choixpeau devait avoir ses raisons, et Brad se sentait bien à serpentard. Mais en aucun cas il n’appréciait qu’on le compare à son père. Il avait rapidement chassé cette image lors de sa première année, en s’imposant tel qu’il était. Au départ, chacun à poudlard le voyait à travers le mangemort qui lui servait de géniteur.

Brad sentait le vent derrière son dos, et remarqua que Jenifer frissonnait. Elle avait même la chair de poule. Depuis combien de temps ? Et à quel instant le coucher du soleil avait-il laissé place à la nuit ? Brad n’avait de toute évidence pas eut la notion du temps qui passait. Sans doute à cause des sujets de conversation évoqués. Hésitant un peu, car il n’avait jamais été très à l’aise avec la gente féminine, et encore moins avec tout signe d’affection, n’en n’ayant jamais trop reçus, il retira sa veste et la posa sur les épaule glacés de Jeni, sans mot dire. Il la regarda un instant, puis, comme si de rien n’était, tourna ses yeux vers le ciel sombre.

Brad voulut répondre ‘de rien’ à son remerciement, mais aucun son ne sortit. En fait, il ne voulait pas trop s’attarder sur l’élan de bonne intention qu’il avait eut envers la jeune fille, afin de passer rapidement à autre chose. Il fut heureux de voir que la gryffondor ne s’attarda pas sur son geste, et entama un sujet de conversation, qu’ils avaient déjà vaguement évoqué.

Brad regretta néanmoins qu’elle choisisse précisément de poser cette question. Que pouvait-il bien lui répondre après tout ? Qu’il avait été forcé de vivre avec son père mangemort –qui était sûrement le sorcier le plus recherché du moment- parce que celui-ci était le dernier membre de sa famille restant et que comme il n’avait pas la majorité il n’avait pas le choix ? Devait-il également préciser que cette même personne l’avait battu jusqu’à l’âge de ses cinq ans et qu’il voulait à présent que son héritier reprenne ses plans diaboliques ? Brad ne pouvait évoquer tous ces sujets douloureux, et encore moins à Jeni, qu’il apprenait seulement à mieux connaître, même si curieusement, celle-ci le mettait en confiance.

Qui était-elle au juste ? Que savait-il vraiment de la jeune fille ? Sûrement moins qu’elle ne le savait maintenant sur lui. Brad, qui respectait toujours ce principe du donnant donnant retourna la question :

"Non, toi, qu’est-ce qui te retiens ici ?"

Il avait le regard perçant, voulant d’abord qu’elle réponde à cette même question. Après tout, elle aussi était dans le même cas que lui, même si la raison devait être tout autre. Cela n’était pas rare chez le serpentard de le voir répondre à une question par une autre, bien au contraire, cela lui était courant. Le fait que la demoiselle ait posé cette question à Brad le laissait supposé qu’elle était prête à y répondre, malheureusement.

Mais cela allait lui donner un peu de temps pour pouvoir formuler une réponse potable, même si incomplète. Brad avait un caractère bien trempé, s’il ne voulait pas répondre, il ne le ferait pas, mais avec cette jeune fille, c’était différent. Elle était tellement franche et spontanée avec lui, un peu comme Anna, dans un autre genre. Cela lui donnait l’envie de ne pas tricher, même s’il savait qu’il ne pouvait s’ouvrir complètement du jour au lendemain.

Lorsque Jeni commença son histoire en disant que c’était compliqué, Brad s’installa plus confortablement, prêt à l’écouter la raconter, aussi longtemps que la jeune fille le ferait. Apparemment, les parents de la jeune fille se tuaient au travail et n’avaient pas le temps pour leurs filles. Certes, mais pour qui travaillaient-ils au fond, si ce n’est pour faire vivre leur famille ? La réflexion de Jeni était un peu égoïste, mais Brad pouvait la comprendre, car il était lui-même un peu égoïste… Enfin, au moins, elle avait ses deux parents, même étrangers… Et ceux-ci étaient des moldus, bien inconscient des forces maléfiques et de tous les mangemorts qui rodent. Pour la jeune fille, il était trop tard, et contrairement à ses parents, elle ne voulait pas rattraper le temps perdu, c’est qu’au fond d’elle, elle s’était fait une raison et se fichait de ses parents. Elle ne voulait pas les connaître, et ne les aimait déjà pas…

Brad avait du mal à tout comprendre. Il aurait tout donné pour avoir le plaisir de connaître sa mère, de la voir, au moins une fois. Ses anniversaires auraient étés plus joyeux s’ils n’avaient pas correspondu à la mort de cette sorcière… Pour ce qui est de son père, par contre, Brad ne voulait pas rattraper le temps perdu, loin de là, mais il avait pour cela d’excellentes raisons. Le mangemort avait l’air de l’amadouer, de lui autoriser certaines choses, pour mieux l’attirer dans son camp. Même si Brad était conscient de cela, la situation était particulièrement délicate, il ne pouvait renier certains faits. Il avait accès à des privilèges, grâce à son père. Celui-ci savait comment le tenter.

Pour ce qui est de la gryffondor, Brad ne pouvait la juger, tout simplement parce qu’il n’était pas à sa place. Il ne pouvait pas savoir comment se passaient les choses, chez elle. Il ne pouvait comprendre sa souffrance. Il avait déjà bien assez de problèmes pour aller en chercher d’autres.

Pour ce que Jeni rajouta après, cependant, Brad eut l’impression de se reconnaître en elle. Il avait toujours voulu partir et habiter loin de son père. Pourtant, tout comme la gryffondor, il ne pouvait partir, autant parce que son père le retenait, que parce qu’une partie de lui ne pouvait pas. Le père de Brad utilisait également des raisons très convaincantes pour le garder avec lui. Ces paroles résonnaient dans sa tête :‘depuis des années, mon seul souhait est de partir de chez moi, et je leur ai clairement fait comprendre que rien chez eux ne m'intéressait, que je n'aurais aucun regret à les abandonner. Si ça ne tenait qu'à moi, je serais déjà loin... Mais ils me connaissent mieux que je ne le croyais, et ils utilisent mes points faibles pour me retenir près d'eux. Ils ne mesurent pas à quel point je leur en veux pour ce qu'ils m'ont fait enduré pendant toutes ces années, pour m'avoir fait devenir comme ça... je ne peux pas m'empêcher de les... haïr.’

C’était exactement ça. La jeune fille ne pouvait pas se rendre compte en cet instant combien elle lui ressemblait. Elle avait décrit ce que lui aussi avait vécu. Ce qu’il était devenu, c’était à cause de son père, qu’il haïssait mais dont il ne pouvait pas se débarrasser. Curieusement, même si les deux filles n’avaient rien en commun, Brad ne pouvait s’empêcher de faire un rapprochement avec May, à qui sa vie aurait été tout autre si elle n’avait pas eut de tels parents.

Alors que la gryffondor regardait au loin, Brad n’en revenait toujours pas de la découverte qu’il venait de faire. Jamais il n’aurait soupçonné avoir autant de points communs avec Jeni, qu’il avait toujours fréquenté sans chercher à la connaître d’avantage, ce qu’il regrettait à présent. Il laissa échapper :

"Si tu savais comme tes paroles me parlent… Tu n’imagines pas à quel point. "

On voyait à son expression qu’il en restait béas. Il accordait à présent à la demoiselle des sentiments qui le rendaient plus humains. Elle l’avait mit en confiance, il ne cherchait plus à bloquer son esprit et rester de marbre. Il attendait que Jeni lui redemande sa dernière question, ou qu’elle change de sujet, mais en aucun cas il n’allait se livrer spontanément de lui-même.

Aussitôt ces paroles prononcées, Brad sentit se braquer violement sur lui le regard de la gryffondor, ce qui le surpris. Il fut un peu amusé lorsqu’il comprit que Jeni avait agit ainsi car elle était également surprise. Brad remarque que la gryffondor n’allait pas mettre longtemps avant de reposer une question, et en effet, elle ne se fit point prier –ce que Brad n’aurait, dans tous les cas, pas fait… Comme Brad s’y attendait, Jeni voulait qu’il en raconte d’avantage, qu’elle comprenne à quel point ils pouvaient être pareil, car en cet instant, seul Brad avait conscience de cette frappante similitude. Il voyait que la jeune fille l’entrainait à parler, l’encourageant, et paradoxalement, il avait sentit dans le ton de sa voix son exigence, comme si elle lui donnait un ordre. S’il y avait bien une chose que Brad ne supportait pas, c’était qu’on lui donne des ordres, il était trop libre et indépendant pour obéir à quelqu’un d’autre que lui-même. Cependant, dan ce contexte, c’était différent. Il mettait ce ton sur le compte de l’impatiente, ou encore l’excitation ou l’incompréhension, ce qu’il comprenait parfaitement. La jeune fille ignorait tant de lui, alors qu’elle venait de se livrer et qu’il la connaissait ainsi sûrement mieux qu’elle ne le connaissait.

Brad la dévisagea un instant, aussi méfiant qu’hésitant, puis il serra un peu les dents et avala sa salive, comme s’il avait eut la gorge en feu.

"Ecoute, je…"

Il ne savait pas vraiment par où commencer. Jeni savait déjà sa mère morte, elle devait bien se douter que s’ils se ressemblaient à ce point, le père de Brad y était forcément pour quelque chose. Or, le serpentard ne pouvait lui expliquer. Comment aurait-il pu faire cela, sans trahir son père ? Le mangemort en fuite était introuvable depuis bien longtemps maintenant. Personne n’était censé savoir qu’il habitait avec son fils. Et si Jeni laissait échapper malencontreusement cette information à quiconque, il risquait sa place à poudlard. Bien qu’il soit maintenant en dernière année d’étude, il comptait bien passer ses ASPIC comme le communs des sorciers. Pouvait-il faire entièrement confiance à cette jeune fille ? Jusqu’à quel point ?

Brad regarda alors le ciel quelques instants. Après tout, tant que la gryffondor ne savait pas où était le repère dans Londres, ce n’était pas vraiment une trahison, il ne risquait rien… Tant de pour et de contre s’opposaient dans son esprit. Brad avait toujours eut ce défaut pesant qui était l’incertitude. Il avait particulièrement de mal à prendre des décisions importantes, malgré son caractère affirmé. Voulant échapper à ce dilemme, le serpentard se lança, regardant de nouveau Jeni :

"Je n’sais pas vraiment par où commencer… Il y a certaines choses que tu ne dois pas savoir, et qu’il est mieux pour toi que tu ne saches pas. Mais je peux t’assurer que cette haine que tu as pour tes parents, je la connais et je la ressens tous les jours, à chaque minute de ma vie, comme un poids pesant de plus en plus lourd…"

Voulant s’expliquer d’avantage, car ces paroles ne pouvaient satisfaire la jeune fille après ce qu’elle lui avait raconté, il poursuivit, se sentant redevable :

"En fait, je l’ai toujours ressentie, depuis tout petit… Tu sais, ma grand-mère m’a éduqué, mais avant qu’elle n’ait ma garde, il n’en n’était pas ainsi."

Brad avala de nouveau sa salive. Parler de cette période de sa vie lui était particulièrement douloureux, surtout lorsqu’il ne bloquait pas son esprit, mais il avait appris à maîtriser sa colère, en dehors de son don.

"Avant… mon père n’était pas encore à Azkaban, et encore moins évadé."

Cette phrase, aussi courte soit elle, en disait énormément. Cela signifiait que son père s’était occupé de lui lorsqu’il était enfant. Elle voulait également dire que maintenant qu’il s’était évadé d’Azakban, les choses étaient redevenues semblables au passé. Est-ce que la gryffondor saurait faire un rapprochement d’elle-même ? Brad comptait là-dessus. A vrai dire, il était très rare qu’il parle de son père, car il ne voulait pas de questions sur celui-ci et ce sujet lui était douloureux. Or, tous les sorciers s’en posaient beaucoup sur ce mangemort, et Brad était sans doute le seul à pouvoir apporter quelques réponses. Brad se mordit les lèvres quelques instants, il redoutait la réaction de Jeni. Que répondrait-il si elle lui demandait où était son père en ce moment ? S’il était de son côté ? S’il était même encore en vie ? Si Brad avait encore des contacts avec lui ? Et dieu ne sait quelles autres questions encore. Dans tout les cas, Jeni avait pu deviner que cette haine que Brad avait en lui n’était pour nul autre que pour son mangemort de père…