L'ultime expérience [PV Matt et Naïssa]

Son pouvoir a peine relâché sur les émotions les plus superficielles, Naïssa sentit immédiatement que le serpentard n'était pas du tout satisfait par sa réponse. Elle s'y était attendue bien sûr. Elle avait remarqué dès la première séance que le vert et argent détestait qu'on conteste ses ordres et celui-ci en était clairement un. Il était quelque peu énervé par cette réaction et devait sûrement être en train de la juger. Elle ne s'en préoccupait pas plus que ça. Elle avait fait le choix de lui tenir tête et elle l'assumerait.

Malgré sa colère, Aaron gardait une expression neutre. Il était figé et, ayant gardé sa capuche, on ne pouvait savoir ce qu'il pensait vraiment. Il releva enfin la tête, suffisamment pour qu'elle puisse enfin voir ses yeux. Il la fixa, droit dans les yeux. Son regard était dur et déterminé. Elle comprit tout de suite qu'il ne cèderait pas et qu'elle avait intérêt à ne pas l'énerver davantage si elle voulait rester en bonne santé. Elle le fixa également, ne détournant pas les yeux, ne cillant pas. Elle ne voulait pas céder pour un rien.

Lorsque le Gryffondor intervint, Naïssa dut retenir un sursaut. Aaron ne détournant pas les yeux, Naïssa fit de même. C'était un duel qui s'était engagé entre le serpentard et elle et la poufsouffle avait comprit que le premier à fuir le regard de l'autre aurait perdu d'avance.

Elle écouta ce que Matt avait à dire. Evidemment, il demandait des explications. C'était tout à fait normal. Il avait dû comprendre qu'il y avait un problème avec l'expérience que le serpentard voulait réaliser.

Elle fut étonnée par le sourire amusé d'Aaron. Qu'allait-il faire ou dire ?

« Je suis certain que Scherzanuma te l'expliquerait volontiers...seulement, vois-tu, elle craint trop pour sa propre personne. Sais-tu, jeune inconsciente, qu'il existe des artefacts permettant de bloquer la maîtrise du pouvoir d'une personne ? »

Naïssa sentit l'angoisse monter. Etait-il en train de bluffer ? Les connaissances du serpentard sur la magie étaient très développées et elle ne savait pas si un tel artefact pouvait exister ou pas. Il avait fait énormément de recherches les jours précédents et pouvait très bien avoir trouvé cela.

Cherchant à savoir la vérité, elle sonda attentivement les émotions du serpentard, sans qu'il sente quoi que ce soit. Il ne paraissait pas inquiet du tout. Au contraire, il était sûr de lui. Cela signifiait-il qu'il disait la vérité ?

Une pierre violette apparut dans la main du serpentard. Elle brillait d'un manière très particulière. La poufsouffle savait que certaines pierres avaient des pouvoirs, bons ou mauvais et il était tout à fait possible que celle-ci ait le pouvoir qu'Aaron lui accordait.

« Il suffirait de jeter un sortilège très simple, et ton pouvoir demeurerait comme aujourd'hui... La magie a de multiples facettes, Scherzanuma, tu as eu tort de ne pas m'écouter... »

Elle le regardait toujours droit dans les yeux, cherchant encore à déterminer ce qui était vrai et ce qui ne l'était pas. Malheureusement pour elle, que cela soit vrai ou pas, ne pouvant le savoir, elle était coincée. Si il ne mentait pas, elle se retrouverait avec un pouvoir incontrôlable. Elle préférait ne pas s'imaginer ce que cela pourrait donner. Elle avait déjà du mal par moment avec son don alors qu'elle pouvait le maitriser alors sans aucun moyen de le contrôler, cela serait insupportable.

Aaron tourna enfin les yeux vers Matt.

« Tu n'as pas de quoi avoir peur. Tu sentiras quelque chose, c'est tout. Je te pensais plus courageux que ça... »

Il utilisait la fierté des gryffondors pour persuader Matt de participer à l'expérience. Il le manipulait totalement. Elle doutait encore d'avantage de la véracité des propos du serpentard. Cependant, sa décision, si décision il y avait eu, était prise. Elle n'avait pas le choix, il fallait qu'elle obéisse.

Aaron lui annonça d'ailleurs que c'était sa dernière chance, la menaçant une nouvelle fois. Après un dernier regard vers Aaron, elle se tourna vers Matt.

"Désolée Matt."

Elle pensait ces paroles. Elle n'avait aucune envie de le faire souffrir. En même temps, il aurait dû se méfier davantage.

Se remémorant les consignes d'Aaron, elle ferma les yeux et essaya de visualiser une toile. Après quelques instants, elle réussit. Elle "voyait" désormais des liens d'énergie bleu sombre qui la reliaient aux autres personnes. Elle faillit relâcher sa concentration lorsqu'elle réalisa qu'elle était liée à toutes les personnes du chateau. Elle comprenait pourquoi son pouvoir était difficile à contrôler et pourquoi elle ressentait autant d'émotions. Elle fut étonnée de remarquer d'autres liens dans les tons rouge. Après un instant de réflexion, elle comprit que c'était les liens la reliant aux animaux et autres créatures.

Elle avait déjà essayé de les sonder mais leurs émotions étaient trop différentes et il lui faudrait de l'entraînement pour réussir à les comprendre. Se focalisant sur Aaron et Matt, elle remarqua que les liens qui les reliaient à elle étaient plus lumineux. Elle coupa celui d'Aaron, qui devint alors sombre. La luminosité lui indiquait donc l'importance de l'utilisation de son pouvoir sur cette personne.

Elle ouvrit les yeux doucement. Elle ne put retenir un sourire lorsqu'elle réalisa qu'elle voyait toujours ces liens. Maintenant qu'elle savait comment faire, elle pourrait les visualiser autant qu'elle le voudrait et maitriser davantage son don. Elle se concentra sur Matt et projeta son pouvoir vers lui.

Sachant que la douleur ne tarderait pas à arriver, elle utilisa sa colère pour se soutenir et passa en force. Plus vite ce serait fait, moins ils souffriraient. Elle eut le souffle coupé un instant devant la violence de la douleur. Elle ralentit alors avant de forcer à nouveau. Arrivant aux émotions cachées de Matt, elle sursauta, perdant le contrôle de son pouvoir.

La douleur reflua immédiatement et elle s'écroula sur le dossier de son fauteuil, les yeux fermés. Elle contrôla rapidement son don. Son cerveau tourna à toute allure. Elle avait ressenti chez Matt des pulsions destructrices. Des désirs violents. Ayant l'habitude d'analyser les émotions, elle détermina immédiatement les explications possibles. Soit, derrière une allure sympathique, il était tout aussi violent qu'un mangemort, mais alors le choixpeau l'aurait-il envoyé à Gryffondor ? Soit c'était quelque chose qui faisait partie de lui mais pas de façon volontaire. Seule possibilité : c'était un loup-garou.

Elle respira profondément, les yeux toujours fermés. Il faudrait qu'elle en parle à Matt. Le problème était qu'Aaron devait avoir remarqué son sursaut. Elle rouvrit les yeux, prenant un air détaché.






hj : désolée, j'ai beaucoup écrit, c'est pas fait exprès, vous êtes pas obligés d'écrire autant hein, vous inquiétez pas^^

Aaron sentait que Scherzanuma était anxieuse. Elle se posait forcément des questions. Le Serpentard la laissa donc méditer sur ses paroles tandis qu'il s'adressait à Brown. Celui-ci ne répondit rien, et la Poufsouffle lui dit « "Désolée Matt." ». Tss...pourquoi était-elle désolée ? Pourquoi est-ce que servir ses propres intérêts était un vice dans ce monde ? Tout le monde n'était pas né égal, contrairement à ce qu'on prétendait. Il y avait les sorciers, les moldus. Les courageux, les lâches. Les puissants, les faibles. Il fallait se battre pour trouver sa place, savoir se défendre.

Un pouvoir tel que celui que possédait la Poufsouffle était un don providentiel ; elle devait s'en servir, apprendre à l'utiliser, le maîtriser. Était-ce si compliqué ?

Dans tous les cas, Aaron avait gagné. La jeune fille allait utiliser son pouvoir sur le Gryffondor. Aaron demeura extrêmement attentif. Il fixait intensément Scherzanuma, puis Brown, à tour de rôle. Rien ne devait lui échapper. Et rien ne lui échapperait.

Scherzanuma ferma les yeux, puis, un instant après, les rouvrit et sourit. Elle avait visiblement compris le principe de la visualisation créatrice. La sorcière ne la maîtriser sûrement pas encore, mais cela viendrait, à force de patience et d'entraînement.
C'est alors que quelque chose de surprenant se produit : la Poufsouffle sursauta. Pourquoi ce sursaut ? Avait-elle juste perdu le contrôle de son don une fraction de seconde ? Avait-elle rencontré une résistance quelconque ? La curiosité d'Aaron était piquée à vif, mais il n'intervint pas ; ce n'était pas le moment de la déconcentrer.

La jeune fille ferma les yeux en s'écroulant sur son fauteuil. Mmm...mauvais signe. Elle s'épuisait bien trop vite.

Quant à Brown, il ne s'était apparemment pas attendu à la douleur ; il sembla paniquer, mais, de toute façon, ne pouvait rien faire contre la souffrance tant que Scherzanuma n'aurait pas relâché son pouvoir. Aaron n'éprouvait pas de satisfaction particulière à voir souffrir le sorcier, mais il devait bien avouer que cela lui importait peu. Lui-même avait pu expérimenter cette douleur, et il s'en était sorti. Brown pouvait bien passer ce test. Ce qui était étrange, c'était la façon dont il observait sa main, comme si elle lui semblait étrangère.

C'est alors que l'inattendu survint ; le Gryffondor se leva, courbé, et Aaron vit immédiatement ce qui clochait. Ses yeux avaient la couleur des flammes, mordorés. Rien de tout cela n'était normal. Le Serpentard n'eut pas le temps d'agir ; Brown lança un Doloris sur Scherzanuma ; il fut propulsé en arrière. Et la jeune fille n'avait pas pu se défendre, car, à la séance d'entraînement précédente, Aaron lui avait subtilisé sa baguette magique, afin de l'empêcher de s'en servir contre lui. Il n'avait pas non plus souhaité prendre de risques pour cette séance.

Le Serpentard bondit sur ses pieds, sortit sa baguette, et la pointa sans hésiter sur Brown, tout en s'approchant de lui. Un instant, il le Gryffondor devenu un ennemi. Était-ce à cause de la douleur ? Aaron n'en savait rien, mais il ne voulait pas prendre de risque. Dans sa chute, le jeune homme avait gardé sa baguette magique ; d'un coup de pied, Aaron la fit valser. Il demeura silencieux et immobile un très bref instant, puis empoigna le col de Brown et le remit debout brusquement ; une fois cela fait, il ne le lâcha pas pour autant, et pointa sa propre baguette de sa main gauche sur la tempe du Gryffondor.

Aaron observa que ses prunelles avaient repris leur teinte bleue habituelle. Que s'était-il passé ?
Un flash survint dans l'esprit du Serpentard. Il avait déjà vu une image d'un être avec des yeux oranges. Une description de violence, assez différente, mais toutefois pouvant être rapprochée avec ce qui venait de se passer. Loup-garou. Était-ce possible ? Aaron en doutait. Il n'avait jamais rien remarqué chez le Gryffondor. Peut-être justement parce qu'il n'était pas des plus exubérants. Si ses doutes se confirmaient, c'était que Brown cachait vraiment bien son jeu...

Aaron fixait le Gryffondor ; ce n'était pas le moment de détourner les yeux. Scherzanuma devait s'être relevée entre temps. Le Doloris avait visiblement été divisé en deux, une partie se dirigeant vers l'envoyeur lui-même. Intéressant... Mais ce n'était pas le moment d'y réfléchir.

Le Serpentard articula :

« Qui es-tu ? »

Brown avait intérêt à lui répondre immédiatement. S'il tenait un tant soit peu à sa vie. De toute façon, la Poufsouffle semblait avoir remarqué ce qu'il se passait chez lui ; Aaron pourrait toujours lui faire cracher le morceau, avec un chantage de plus. Il avait plus d'un tour dans son sac... Dommage pour eux.

En attendant, Aaron demeura figé dans cette position, tenant fermement le col du Gryffondor d'une main, sa baguette de l'autre, le regard froid et le visage impassible. Il tenait de son père. Même si cette idée le répugnait. Ceux qui lui en avaient fait la remarque l'avaient payé cher. Même froideur, même violence, à croire que c'était héréditaire. Mais Aaron avait décidé de ne jamais se laisser manipuler. Il contrôlait tout. C'était lui qui manipulait.

"Doucement Aaron." De quoi est-ce qu'elle se mêlait, celle-là ? Rien que pour cela, le Serpentard avait envie de...brutaliser un peu Brown. Mais il se retint. Son état de loup-garou pouvait revenir d'une minute à l'autre, et, alors, il serait presque impuissant. Aaron devait rester sur ses gardes. Et, surtout, il mourait d'envie de poursuivre les expériences... ce curieux phénomène était pour l'instant assez inexplicable. Quel était le lien entre l'empathie et la lycanthropie ? Fascinant...

Devant lui, Brown semblait être un pantin désarticulé. Sa tête basculait en arrière, et il commençait à se faire lourd. Il dit enfin : " Je suis celui qui va te botter le cul si tu me pose pas tout de suite. " Aaron aurait pu le tuer immédiatement. Lui n'avait pas de temps à perdre. Mais en cet instant précis, le Serpentard désirait garder son calme. D'ailleurs, d'une certaine façon, le Gryffondor le faisait rire.

Un sourire narquois mais dangereux aux lèvres, Aaron répliqua :

"Je serais curieux de voir ça. Sans baguette, et dans l'état de loque où tu es..."

Le sorcier prit bien soin de laisser une marque dans la tempe de son adversaire, avec le bout de sa baguette. Puis, dédaigneusement, Aaron lâcha le jeune homme, sans vérifier s'il tenait debout ou pas, et recula de quelques pas. Il rejoignit ainsi Naïssa, et se plaça à côté d'elle sans toutefois tourner le dos au loup-garou ; il ne se ferait pas avoir aussi facilement.

Soudain, le Serpentard enserra le cou de la jeune fille de son bras, sans l'étrangler mais en serrant suffisamment pour qu'elle ne s'échappe pas, et pointa sa baguette sur elle. Puis il articula d'un ton froid :

"Ça suffit. Tu ne gagneras pas à ce jeu-là, Brown. "

C'était agaçant, il devait toujours utiliser la violence pour obtenir ce qu'il souhaitait. Aaron, sans relâcher sa victime, murmura à l'oreille de Scherzanuma :

"Dis-moi qui il est, ou plutôt, ce qu'il est... Sinon, j'utiliserai la pierre, de façon irrémédiablement....définitive. Ce n'est pas ce que tu veux, crois-moi...."

S'il ne faisait pas plier l'un, ce serait l'autre qui cracherait le morceau, c'était aussi simple que cela. Il devait savoir si Brown était bien un loup-garou - même s'il n'en doutait pour ainsi dire plus.

Qu'il soit un lycanthrope n'effrayait pas Aaron plus que ça ; au contraire, cela l'intriguait, le fascinait. Il ne comptait pas aller le crier sur tous les toits, même s'il n'hésiterait pas à utiliser cela comme chantage avec le Gryffondor si nécessaire. Le Serpentard attendit la réponse d'un des deux élèves. Lequel craquerait en premier ?
Décidément, la nature humaine était....divertissante. Et irrémédiablement inutile.