Introduction aux enchantements.

Un ciel d’orage grondait au dessus de la grande salle lorsque Freya passa. Elle s’arrêta brièvement à l’entrée, interdite. Dans le parc, une luminosité de juillet, pas une goutte en vue mais des piafs qui chantent. Ce dernier point est particulièrement important, sachant que ces petites bestioles ne se trompent jamais quand elles annoncent la météo. Ces adorables petites boules de plumes en sont tellement fières, si contentes de leur découverte, qu’elles veulent que tout le monde en profite. Et ce le plus tôt possible.
Depuis 5 heures ce matin la jeune femme était levée, donc pour une cause inconnue. Ce n’étaient pas les maléfices qui manquaient, son cerveau lui en envoyait cent par secondes, mais elle répugnait à se lever de son lit. Tout simplement. Ainsi, elle attendit patiemment les sept heures, puis daigna s’extraire de ses draps. S’étirant comme un chat, Freya alla vaquer aux occupations pesantes et quotidiennes : attraper sa baguette et lancer un sort de sa fabrication, spécial « lavage-habillage », deux en un. A vrai dire, elle pouvait en composer bien plus mais vraiment, elle n’avait besoin de rien d’autre.

Passant une main dans ses cheveux soyeux et ébouriffés, la jeune femme arriva dans SA salle. Et commença à grommeler.
Elle avait légèrement oublié d’aller la ranger depuis sa dernière « expérimentation » et le désordre régnait en maître absolu. Freya se dirigea vers la fenêtre et tira les rideaux, laissant un grand rayon de lumière éclairer la pièce. Et révélant par la même l’étendue des dégâts. Les murs beiges comportaient d’incongrues tâches de couleurs…vives, le parquet, plus ou moins visible à certains endroits, était jonché de morceaux de matières fluo assez peu descriptibles. Molles comme du plastique fondu, d’une odeur rappelant celle de la canelle…allons, ça n’avait pas été un cuisant échec. La jeune femme trouva le courage de remettre une chaise en place elle-même, puis, considérant sa part de travail manuel faite, fit un mouvement elliptique de la baguette. Sans avoir prit la peine de formuler le sort, elle prenait des risques. Et pas des moindres : cette fichue magie allait et venait au gré de ses envies, rendant aléatoire et potentiellement dangereuse toute tentative de sort. Mais pour une fois, hosanna, la magie obéit à la perfection. Les éclaboussures multicolores sur les murs disparurent, le plancher se retrouva débarrassé de toute imperfection, les chaises sous les tables, le tableau propre, les rideaux dépoussiérés, le bois, vernis, jusqu’à la poignée de la porte qui fut astiquée. Freya, qui avait regardé tout ça avec l’air suspicieux de l’habituée aux catastrophes, lâcha un soupir de soulagement. Elle alla marquer l’incipit sur l’ardoise noire, récemment brillante de propreté.



Ca jouerait les amuses gueules pour occuper les premiers le temps que les autres arrivent. Sachant que ceux-ci risquaient gros si, par un hasard impossible, ils s’étaient retrouvés pris dans une guerre hiroshimaienne entre puissants clans ennemis et mafieux de Poudlard et n’avaient pas pu arriver à temps dans sa salle. Cette excuse était le minimum accepté par la jeune femme. A part qu’il n’y a pas de mafia dans cette école, du moins pas de rivalités entre deux clans. Donc ces élèves n’auraient pas d’excuse du tout. Voila qui était fait. La jeune femme jeta un coup d’œil à sa montre, bracelet d’argent délicatement enroulé autour de son bras.
Moins dix, le double cours allait pouvoir bientôt commencer.

Six heures moins une du matin. Enroulé profondément dans son immense couette, l’elfe ronflait comme un métro en marche, ce qui donnait à la scène l’aspect général d’une larve blanche et duveteuse dotée du grognement rauque et ininterrompu d’un berger belge. Agité dans son sommeil par la vision d’un éclair au chocolat après lequel il ne cessait de courir, notre petit crétin en herbe ajoutait le mouvement au complexe ernesto-literique (de Ernest et Literie) qu’il avait déjà réussi à créer.

Soudain, un bruit digne d’une charge de la garnison de Fort Alamo arracha littéralement la créature au pays des songes. C’est sur l’air du « Papa Pingouin » - la musique programmée sur le réveil – qu’Ernest, toujours à l’intérieur de sa couette, bondit hors de son lit avec un hurlement de terreur. Puisque le duvet blanc l’empêchait de voir jusqu’où ses jambes l’avaient lancé, notre nain de jardin ne put que sentir (sentir est un euphémisme) et apprécier la fabuleuse solidité et la fraîcheur du mur de pierre contre lequel il vint s’aplatir.

Six-heures trente du matin. La paupière gauche d’Ernest réussit à surmonter son mal de crâne et s’ouvrit à moitié. La droite se lança immédiatement à sa suite dans un contre-la-montre acharné. Malgré tous leurs efforts, aucune des deux ne parvint à dépasser le stade de la demi-ouverture : Ernest était officiellement dans le coltard. Le petit bonhomme s’extirpa avec grand peine de la couverture au cœur de laquelle il avait passé la nuit, et se leva sur ses deux jambes. La chambre d’Ernest était sombre, comme vue au-travers d’un voile opaque et poussiéreux.

Ernest est trop fatigué pour ouvrir les volets. Se dit-il en se dirigeant vers la porte de son domicile.

En vérité, il voyait réellement derrière un voile opaque et poussiéreux, plus vraisemblablement une paire de lentilles de contact (mais quand et pourquoi avaient-elles pu arriver là ?) passablement usagées. D’un pas digne des plus pathétiques zombies des films d’épouvante, Ernest sortit dans le couloir et verrouilla sa porte. Dans de rares occasions – et c’était le cas ce jour-là – Ernest oubliait d’enfiler son uniforme de majordome et commençait sa journée de travail en pyjama, ou à défaut ce qui lui avait servi de pyjama la nuit précédente. Aujourd’hui, jour de grâce, il était vêtu. D’un pagne, certes, mais il était vêtu.

Toujours dans le cirage, l’elfe traversa les cuisines et récupéra à l’emplacement habituel un papier griffonné avec ses tâches pour la matinée. Trente minutes plus tard, il avait réussi à déchiffrer :

Nettoyer la salle du cours d’Enchantements et celle des Potions.

Tiens ? Ces mots lui disaient quelque chose. Mais quoi ? Dans la brume matinale de ses pensées (superposée à la brume PERMANENTE qui y régnait), il rassembla le matériel de nettoyage, un balai-brosse, deux serpillères et un seau rempli de mousse, puis s’engagea dans le couloir. Après une petite minute de marche, il croisa le professeur Chourave, qui le salua avec sa voix si joviale. Ernest, groggy, la salua bien bas et lui expédia par la même occasion son balai dans les gencives. Quelques mètres plus loin, il vit accourir une forme pas plus haute que lui-même, qu’il prit - dans sa confusion matinale et sa vue brouillée - pour une autre elfe de maison, Ursule.

Ernest doit nettoyer la salle d’Enchantements, dit-il, Ursule peut-elle s’occuper de la salle des Potions ?

Joignant le geste à la parole, il lança à son interlocuteur une des deux serpillères dégoulinantes. Le très honorable Professeur Flitwick, qui venait ce matin s’occuper de la chorale des Première Année, eut donc la désagréable surprise de recevoir ce « cadeau » sur son bel habit de chef d’orchestre. Les oreilles bourdonnant encore du silence de la nuit, l’elfe dévastateur continua son chemin tel un automate programmé vers la salle d’Enchantements.

Un dernier obstacle le ralentit dans sa mission lorsqu’il passa devant la salle de métamorphose. Un petit cri strident devant lui signala la présence d’un hôte indésirable en ces lieux. Une petite souris se tenait devant la porte entrebâillée. A la vue d’Ernest, elle s’enfuit dans la pièce adjacente où le Professeur Mc Gonnagal préparait elle aussi son cours de la journée. Sans arrêter sa progression à travers le couloir, Ernest tira de la poche de son pagne (si si, il le peut !) une grenade portant l’inscription :

Fumigène au Soufre : faites sortir la vermine de son trou !

Nonchalamment, il la dégoupilla et la fit rouler à la suite du rongeur dans la salle de classe, dépassant cette dernière vers l’ultime tronçon de couloir qui le séparait de son objectif. Il ne prêta pas même attention (l’entendit-il seulement ?) au cri d’effroi de Mc Gonnagal et à l’explosion de sa grenade fumigène. Le cours de Métamorphose d’aujourd’hui risquait d’être compromis. C’est ainsi qu’après une interminable progression, notre protagoniste parvint enfin sur les lieux de sa quête : la salle d’enchantements. Il poussa la porte.

En levant difficilement les yeux aux murs, Ernest les trouva bien termes et poussiéreux. Les rideaux étaient tirés, la lumière entrait, et pourtant la salle avait l’air de n’avoir reçu aucun visiteur depuis des siècles. En fait, c’était peut-être bien ses lentilles de contact qui n’avaient pas été portées depuis des siècles… Convaincu donc que tout ce petit univers avait besoin d’un bon nettoyage, il plongea son balai-brosse et sa serpillère dans la mousse et touilla généreusement. Il n’avait pas remarqué l’élégante femme, trônant telle une princesse dans son palais de glace, qui lui lançait en cet instant un regard impassible (peut-être un mélange de pitié et de dédain ?).

Le petit elfe, méticuleux dans son travail, décida pour l’harmonie de la pièce qu’il était bon de commencer par les murs. Brandissant vigoureusement son balai-brosse qui éclaboussait copieusement tout autour de lui, il commença à frotter les pierres, aussi haut que ses petits bras pouvaient mener l’instrument. Quelques secondes à peine après le début de son nettoyage, un cri terrible se fit entendre :

AAAAARRRRRRGGGGGGLLLLLL ! Malotru ! Faquin ! Traître de laquais ! Voulez-vous cessMMMMMMPPPPFFFFFF !

Nul mal à croire que le brossage à la serpillère avait déplu à Trusobalt Le Hardi, héros de guerre dont le tableau siégeait à sa demande depuis des lustres sur le mur de la salle, près de son blason. Mais quand Ernest devait nettoyer, il entendait bien TOUT nettoyer, mobilier et tableaux y compris ! Le chevalier dans son cadre, aussi vert de rage que ne l’était la peau d’Ernest, n’en avait pas fini de son côté :

Vulgaire et insignifiante créature, oser s’en prendre à moi ! Comment pouvez-vous tolérer MMMMMPPPPFFFFFF !

Le balai-brosse et sa serpillère venaient de lui retomber sur le coin du nez. Ernest se préparait à se répandre en excuses lorsque le tableau, un bref instant, avait semblé s’adresser à une autre personne dans la pièce. Ernest avait instinctivement tourné les yeux, et ce qu’il avait vu lui en avait fait lâcher son balai. Freya était là, assise, impassible, son regard perçant aussi bien la pierre que le cœur, regardant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Ernest écarquilla les yeux devant la grande beauté de cette personne qu’il n’avait encore jamais vue d’aussi près, et les lentilles de contact qu’il portait se décolèrent suite à ce dernier mouvement de rétine.

En une seconde, la pièce devint plus claire, les tableaux et les tentures retrouvèrent leurs couleurs, et le paysage pour Ernest sembla se rajeunir de 200 ans. Convaincu que l’enseignante était seule responsable de ce miracle de restauration, l’elfe salua la performance et lui adressa ces mots :

Ernest remercie la noble Professeur d’Enchantements pour la prouesse magique qu’elle vient d’opérer. Ernest est impressionné par les immenses pouvoirs de la noble Professeur d’Enchantements, et lui présente ses plus profonds respects matinaux.

Mais, alors que sa vue se faisait plus nette, son esprit lui aussi devenait plus clair (pas trop quand même, on parle d’Ernest là). Il savait où et quand il avait aperçu cette personne. Le jour des inscriptions au cours ! C’était donc de ça qu’il s’agissait ! Ernest croyait avoir signé pour participer à un concours… Tout en conservant sa posture de salut, Ernest se déplaça comme un crabe jusqu’à l’ardoise, à laquelle il jeta un œil. Il y aperçut les mots que Freya avait inscrits. Trois minutes plus tard, il était parvenu à les lire et une autre minute plus tard il en avait compris le sens. Une petite ampoule basse consommation s’alluma alors dans son crâne :

OoOoOoh ! Ernest est inscrit à ce cours, ce cours d’aujourd’hui ! Ernest est très honoré de pouvoir participer à la classe de la très noble Professeur d’Enchantements ! Ernest fera de son mieux pour ne pas la décevoir !

Conservant toujours la démarche du crabe, il regagna ses affaires de nettoyage près de la porte. Toujours bâillonné par la serpillère, le Monsieur du tableau ne cessait de proférer ce qui était sans nul doute des insultes à l’égard de l’elfe, mais le son était trop faible pour être vraiment audible, encore moins pour être compréhensible. Oubliant totalement l’infortuné du tableau, Ernest s’assit sagement à la table la plus proche et ouvrit grand les yeux en fixant Freya avec une admiration silencieuse et un air de cocker. Un silence un peu ridicule s’installa dans la pièce…

Un matin comme tous les autres dans le dortoir des filles de Serdaigle, recroquevillée comme une petite fille, dormait paisiblement Laya. Paisiblement jusqu'à ce que ses copines de chambre commencèrent à pouffer -comme à leur habitude- juste à coté de son lit à baldaquin... Le sujet avait l'air extrêmement intéressant et d'actualité...
C'est la tête dangereusement penchante sur le coté que se leva Laya, de fines mèches lui tombant sur le visage, elle ouvrit la bouche et essaya d'émettre un son : "Qu'es-ce vous faites ?".
Il s'avéra que les "hystériques" en questions jubilaient de joie : Asheley avait enfin put approcher Nathan...

**Tant de bruit pour si peu.**

C'est à contre coeur que Laya se leva de son lit pour aller prendre un douche bien chaude.
La semaine passée avait été disons... assez perturbée... Mais elle avait finie par s'en sortir vivante, ce qui n'était déjà pas mal en fait... Voir même un exploit...

Dans la salle de bain des Serdaigles, il n'y avait personne. Il devait donc être assez tard déjà. On va dire que Laya n'est pas du genre matinal...
Elle sortie de la douche, s'habilla et voulut se sécher les cheveux d'un coup de baguette magique. Laquelle était toujours posée sur sa table de chevet.

**Va falloir que j'y retourne...** pensa-t-elle d'un ton las.

Laya examina l'escalier en colimaçon...

**Va falloir que je remonte...**

Un élève de première année passa à proximité d'elle -dieu béni soit-il-. Fatiguée, elle effectua un geste pour lui prendre sa baguette des mains, elle chuchota la formule -le matin elle à dû mal à parler- :

"Accio baguette"

Et elle lui rendit sa baguette en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire. Elle le remercia bien qu'il n'eut pas le choix enfin de compte, attrapa sa baguette à elle et se sécha les cheveux avec en deux secondes, le temps de prononcer la formule.

Elle passa alors par la grande salle et pris son petit déjeuner. La grande salle lui semblait vide... Les cours n'aller pas tarder à commencer...
Elle avait cours avec Freya Seydr, professeur d'enchantements, il ne fallait pas être en retard.
Elle se leva rapidement de table et s'avança vers la salle où aurait lieu le cours.

De bonne humeur et enfin bien réveillée -si si je vous assures-, Laya voulut frapper à la porte, mais il se trouva qu'elle était entre ouverte...
Elle aperçut... Ernest... mais oui... Que faisait-il ici ?

La salle quant à elle avait l'air de briller, d'étinceler même... Ernest aurait-il effectué son travail correctement ?
Les miracles existent... mais tout de même...
Le fait qu'il soit toujours dans la salle prouvait-il qu'il avait passer beaucoup de temps pour la nettoyer ? C'est à ce moment là que Laya entendit les vociférations d'un des portait accroché au mur. Là c'était déjà plus normal.

Laya ouvrit un peu plus la porte, elle ne voulait pas déranger Madame Seydr qui avait l'air d'être en pleine conversation avec Ernest...

"Hem... Bonjour professeur, je m'excuse de vous déranger, je suis inscrite à votre cours... Je m'appelle Nobara, Laya Nobara".

Elle ne put adresser un sourire à l'elfe qu'elle connaissait pourtant assez bien... Remarquez tout de même que avec une telle réputation -méritée- Ernest devait être connut de tous ici.
Elle attendit patiemment que Freya lui disent d'avancer et de s'asseoir.